L’Algérie réagit à la résolution 2797 par le mensonge et le déni

Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’est exprimé, dimanche 2 novembre, sur la nouvelle résolution onusienne sur le Sahara, qui consacre, pour la première fois, le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme base de la solution politique à ce différend. Pour cacher le désarroi du régime algérien et atténuer le monumental désastre que vient de subir la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf a choisi carrément le langage du mensonge et du déni comme échappatoires. Pitoyable.

Le 03/11/2025 à 17h53

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision publique AL24 News, le dernier-né des médias propagandistes directement rattaché à la présidence algérienne, Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, a eu de la peine à cacher son désarroi total. En effet, sur le plan de la forme, le chef de la diplomatie algérienne s’est montré désemparé, la mine déconfite, le verbe incertain, comme s’il était conscient que ce qu’il allait dire ne va convaincre personne en Algérie, tellement le revers diplomatique infligé par le Maroc et la communauté internationale à son pays est d’une ampleur historique.

Appelé d’entrée à expliquer le grand «changement» (dixit l’un des journalistes qui l’interviewaient) que la question du Sahara a revêtu cette année au Conseil de sécurité de l’ONU, Ahmed Attaf a choisi d’abord de minimiser le rôle de l’exécutif onusien. Selon lui, ce dernier tient deux réunions annuelles, consacrées, non pas au fond du dossier du Sahara, mais juste pour évaluer, en avril, ce qu’il appelle «les travaux de la Minurso», puis, lors de la réunion d’octobre, pour proroger automatiquement le mandat de cette mission d’une année. C’est bien évidemment ce statu quo, ou «tradition» du Conseil de sécurité, comme la qualifie Attaf, que l’Algérie veut maintenir à l’infini, et qui se trouve cette fois-ci brisé par l’adoption du plan marocain d’autonomie comme base des négociations visant à mettre fin à ce conflit factice.

C’est cette nouvelle orientation décisive en faveur de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur son Sahara qu’Attaf s’est évertué, maladroitement, à cacher à travers le mensonge et le déni total.

D’une part, il a volontairement ignoré le rôle primordial des membres du Conseil de sécurité, surtout les puissances mondiales qui reconnaissent ouvertement la marocanité du Sahara, comme les États-Unis d’Amérique, la France et la Grande-Bretagne, dans la confection de la résolution 2797. Pas un mot sur les États-Unis, qui sont le principal rédacteur de ce texte, ni sur la majorité des pays (11 sur 15) qui ont voté en faveur de cette résolution, à laquelle aucun pays ne s’est opposé.

Attaf a préféré accuser directement le Maroc d’avoir saisi l’occasion du renouvellement du mandat de la Minurso «pour opérer un passage en force» en vue de «faire passer trois idées qui lui tiennent particulièrement à cœur. La première est le démantèlement de la Minurso ou la transformation radicale de sa mission, la deuxième est d’imposer le plan d’autonomie comme solution unique et exclusive au problème du Sahara occidental et la troisième est de tuer définitivement l’idée d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. C’est cela qui a été à l’origine de cet engouement particulier que nous avons perçu cette année autour du Sahara occidental».

Or ce n’est pas le Maroc qui exige le démantèlement de la Minurso, mais les puissances qui la financent et qui estiment qu’elle n’a plus de raison d’être aujourd’hui. D’ailleurs, le fait que le draft zéro de la résolution 2797 ait prévu de limiter son mandat à trois mois seulement, est déjà un signe annonciateur de sa future disparition. L’ONU a reconnu, depuis plusieurs années, que le référendum pour lequel cette mission a été créée est irréalisable et a été définitivement écarté. «Ne faites pas ce que je dis» semble affirmer l’Algérie, la première à demander le changement du rôle de la Minurso en plaidant, depuis des années, pour sa transformation en observateur des droits de l’Homme au Maroc!

Concernant l’adoption du plan marocain d’autonomie par le Conseil de sécurité, Attaf oublie que l’important c’est qu’il ait été érigé, et c’est une première de taille, en base de toute solution pour le règlement définitif du différend créé autour du Sahara. Aucune autre solution n’a été mentionnée à ses côtés, d’autant plus que le plan marocain renferme en son sein le principe d’autodétermination auquel la résolution 2797 fait référence dans ce seul cadre.

Mais le plus grand mensonge qu’Ahmed a lâché lors de sa sortie télévisée, c’est lorsqu’il a affirmé que la résolution 2797 a prévu «un référendum d’autodétermination» au Sahara, avant de se démentir lui-même en reconnaissant que le texte ne «contient pas le mot référendum», mais a «vaguement» fait référence à cette idée, aux côtés du plan marocain d’autonomie.

Plus grave encore, le MAE algérien a affirmé que le Maroc n’a pas obtenu ce qu’il voulait, parce que le mot «souveraineté» n’apparait pas dans la résolution du Conseil de sécurité. Or, la résolution 2797 mentionne noir sur blanc «qu’une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait constituer la solution la plus réalisable». Oui «sous souveraineté marocaine». L’expression fait certes mal. Mais de là à ce que le chef de la diplomatie algérienne, ministre d’État, nie son existence dans un texte qui fait à peine deux pages, cela donne l’étendue de la déroute d’un régime qui n’a plus comme leviers que le mensonge et le déni pour rendre des comptes aux Algériens.

Plus loin dans l’entretien, Attaf se contredit. Il a affirmé que son pays a demandé la suppression de la disposition mentionnant la souveraineté marocaine dans le préambule de la résolution, et qu’en contrepartie l’Algérie voterait en faveur de ce texte. «Elle n’a pas été enlevée. C’est pour cela que l’Algérie n’a pas participé au vote», a encore menti Attaf. Sinon comment expliquer le refus l’année dernière de l’Algérie de participer au vote de la résolution sur le Sahara, alors que le texte de 2024 ne mentionnait effectivement pas l’expression «souveraineté marocaine»! Il faut toujours garder à l’esprit que l’Algérie a refusé de prendre part aux deux votes sur le Sahara occidental durant les deux années où elle a siégé en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU en 2024 et 2025. Le 31 décembre de cette année, l’Algérie va céder sa place à un autre pays au Conseil de sécurité. Elle n’assistera pas à la réunion «stratégique» d’avril 2026 où l’envoyé personnel du SG de l’ONU, Staffan de Mistura, va informer les membres du Conseil de l’état d’avancement des pourparlers entre le Maroc, l’Algérie, le Polisario et la Mauritanie sur la base de l’autonomie comme solution au différend du Sahara.

Plus loin dans l’entretien de Attaf: il n’a cessé de marteler durant l’entretien que la résolution somme «les deux parties le Maroc et le Front Polisario» à engager des négociations. Or la résolution 2797 ne parle jamais de deux parties, mais DES parties. Mieux: cette résolution nomme une seule fois le Polisario au même titre que l’Algérie. Et si la résolution parle DES parties, c’est que l’Algérie en est une et qu’il est attendu d’elle qu’elle s’assoit autour de la table des négociations avec le Maroc, le Polisario et la Mauritanie pour aboutir à une solution dans le cadre de l’autonomie sous souveraineté marocaine.

Les raisons du déni

Les mensonges et le déni d’Ahmed Attaf trouvent leur justification dans un demi-siècle de dépenses à fonds perdu par les différents régimes militaires qui se sont succédé au pouvoir en Algérie. Les Algériens sont aujourd’hui en droit d’exiger des explications sur ce fiasco, dont ils ont été la principale victime.

Durant les 50 dernières années, plus de 600 milliards de dollars, qui auraient dû servir à développer l’Algérie grâce aux importantes recettes tirées de ses hydrocarbures, ont été dilapidés dans le soutien militaire et diplomatique du séparatisme anti-marocain.

Bien évidemment, les chiffres exacts des sommes colossales que l’armée et la diplomatie algériennes ont gaspillées sur le Polisario ne sont jamais divulgués, car ils dépassent l’entendement.

«Nous avons gaspillé des fortunes, des milliards de dollars, en faveur du Polisario», s’est contenté de reconnaitre le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, le 18 juillet dernier, lors de son avant-dernier bavardage périodique avec des médias algériens.

Il répondait ainsi à un journaliste qui lui faisait la remarque que «l’Algérie a tout perdu», sous-entendant les colossales sommes d’argent investies à perte dans le dossier du Sahara, tout en pointant du doigt le manque de pragmatisme de la diplomatie algérienne.

En 2019, Amar Saâdani, ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), et ancien président de l’Assemblée nationale populaire (chambre basse du parlement algérien), avait estimé, qu’au bas mot, les régimes algériens successifs ont claqué, depuis 1975, plus de 500 milliards de dollars dans leur seul soutien au Polisario.

En 2014, Saâdani a encore récidivé en affirmant que «l’argent versé au Polisario, avec lequel ses membres se baladent depuis cinquante ans dans les hôtels de luxe, doit revenir à Souk Ahrass, El Bayadh, Tamanrasset et d’autres villes encore».

Un énorme gâchis quand on imagine que toute cette manne aurait aussi pu alimenter le Fonds de régulation des recettes (FRR), qui est allé parfois jusqu’à l’assèchement total, comme en 2017, ou un Fonds souverain algérien dont la mise en place a été jusqu’ici un fiasco. À cause non seulement de la corruption proverbiale de l’oligarchie algérienne, militaire surtout, mais aussi de la facture salée que coûte à l’Algérie son soutien aveugle au séparatisme anti-marocain.

Alors que des centaines de milliards sont dépensées au profit du Polisario, les Algériens trinquent et manquent de tout sous l’effet du chômage endémique des jeunes (70% de la population ont moins de 30 ans), de pénuries récurrentes de produits de première nécessité... Une crise qui fait de l’Algérie l’un des rares pays pétroliers au monde dont les citoyens émigrent quotidiennement par centaines, au péril de leurs vies, vers l’Europe, à la recherche de liberté et de moyens de subsistance.

Tout cela est le fruit d’une gouvernance épidermique, irrationnelle qui a fini aujourd’hui par générer les dividendes de son impéritie, induite par la seule politique du chéquier sur laquelle elle s’est toujours basée pour défendre, non pas les intérêts des Algériens, mais contrer de façon pathologique les Marocains.

C’est une diplomatie qui a été également plombée par son double jeu malsain, consistant, d’une part, à refuser d’accepter son statut de principale partie prenante dans le dossier du Sahara, en se cachant parfois sous le faux habit d’observateur impartial dans ce dossier et, d’autre part, en se présentant ouvertement dans les fora internationaux comme le principal concerné et la partie à fortement craindre en cas de position favorable à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Ce qui a fini par rendre invisible le Polisario et mettre sous les feux des projecteurs l’Algérie. La crise ouverte à la fois avec Madrid et Paris est une illustration sans équivoque de la proclamation par l’Algérie qu’elle est la partie en conflit dans le dossier du Sahara.

Le grand tournant

Deux faits majeurs, qui se sont succédé à la fin de l’année 2020, ont mis fin à ce jeu trouble.

L’éclatante opération militaire, menée par l’armée marocaine, le 13 novembre 2020, a été décisive. Elle a non seulement sécurisé durablement le stratégique passage frontalier d’El Guerguerat, à la frontière maroco-mauritanienne, mais a aussi dévoilé le caractère subversif, voire terroriste du Polisario, manipulé par l’Algérie.

Moins d’un mois plus tard, les États-Unis d’Amérique reconnaissent la marocanité du Sahara, signée officiellement par Donald Trump le 10 décembre 2020.

Cette décision, qui est tombée comme une foudre sur la tête de la diplomatie algérienne, a été également adoptée par les plus puissants États d’Europe, comme l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, la Pologne…

Face à ce raz-de-marée de soutiens de poids à la marocanité du Sahara, l’Algérie a tenté de faire croire que ce n’est pas le dossier du Sahara qui serait la cause de ses désaccords avec le Maroc. Elle est ainsi allée puiser dans l’Histoire antique pour endosser au Maroc une prétendue complicité dans l’assassinat de Jugurtha, l’accuser d’avoir déclenché la guerre des sables de 1963, avant d’imposer des visas aux Algériens suite à l’attentat terroriste d’Asni-Marrakech en 1994. Excusez du peu. Pour donner du crédit à ces accusations, elles seront fallacieusement utilisées pour justifier la rupture unilatérale des relations diplomatiques avec le Maroc, la fermeture du Gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, l’interdiction aux avions marocains de survoler l’espace aérien de l’Algérie, l’instauration de visas pour les Marocains entrant en Algérie…

Toutes ces mesures anti-marocaines étaient en réalité prises pour cacher les cumuls d’échecs enregistrés par la diplomatie algérienne sur le dossier du Sahara.

D’ailleurs, c’est bien à cause du Sahara que l’Algérie va quasiment rompre ses relations diplomatiques avec l’Espagne en 2022, puis entrer dans une crise ouverte avec la France en 2024.

À travers ces gestes diplomatiques colériques, l’Algérie s’est enfermée dans un isolement international et régional sans précédent, au point même que son allié stratégique, la Russie, après lui avoir refusé l’adhésion au groupe des BRICS, vient de lui rappeler ses velléités très conflictuelles à l’égard de ses voisins, et le caractère artificiel de ses frontières «tracées à la règle» par la colonisation. C’est cet allié stratégique de l’Algérie qui lui a également rappelé, il y a tout juste deux semaines, que le plan marocain d’autonomie au Sahara est d’autant plus crédible et sérieux aux yeux de la communauté internationale qu’il répond au critère de l’autodétermination à laquelle s’accroche l’Algérie.

Aujourd’hui, le régime algérien se trouve nu face aux Algériens. Ne sachant comment justifier ce désastre diplomatique que viennent de lui infliger le Maroc et la communauté internationale, et expliquer à quoi ont servi les centaines de milliards de dollars dont a été illégalement privé le peuple algérien, il a choisi le mensonge et le déni. On comprend dès lors qu’Ahmed Attaf, ministre d’État, chef de la diplomatie algérienne, n’ait d’autre recours que de mentir comme un arracheur de dents.

Par Mohammed Ould Boah
Le 03/11/2025 à 17h53