Comment avez-vous accueilli la nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara? Avez-vous éprouvé le même sentiment que celui que vous aviez ressenti en 1975 lorsque la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu son avis consultatif reconnaissant les liens juridiques entre le Maroc et son Sahara?
Pour être sincère avec vous, avec l’évolution qu’a connue le dossier de notre Sahara, on ne peut pas ne pas être fier d’appartenir à ce grand pays qu’est le Maroc.
Ayant vécu la genèse de cette affaire et, aujourd’hui, son aboutissement, je peux affirmer qu’elle a été menée de main de maître, tant par feu Sa Majesté le roi Hassan II que par Sa Majesté le roi Mohammed VI, et, bien sûr, par une diplomatie militante et une société civile qui n’ont cessé de témoigner leur amour pour la patrie.
Maintenant, pour répondre à votre question, l’avis de la CIJ qui a reconnu les liens d’allégeance entre les tribus du Sahara et les rois du Maroc a été le passage obligé pour montrer les titres juridiques et historiques du Maroc sur son Sahara. C’était un début, et aujourd’hui avec la résolution du Conseil de sécurité, c’est la souveraineté du Maroc qui est reconnue par la communauté internationale de façon définitive. En d’autres termes, par cette résolution, le Maroc a obtenu son titre de propriété de façon irréversible. C’est d’ailleurs ce que Sa Majesté a déclaré dans son discours d’hier: pour le Maroc de Tanger à Lagouira, il y a un avant et un après le 31 octobre. Désormais, personne ne pourra venir contester ses droits sur son Sahara.
S’agissant du contenu de la résolution, en quoi celle-ci se distingue-t-elle des précédentes ou marque-t-elle un véritable tournant dans le traitement de la question du Sahara?
Il me semble que la nouvelle résolution constitue l’aboutissement de toutes les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité depuis 2007. Toutes ces résolutions se félicitaient de la proposition faite par le Maroc, sans que le mot autonomie ne soit prononcé. Aujourd’hui, c’est chose faite: il n’y a plus aucune solution en dehors de cette autonomie. Toutes les négociations qui seront menées doivent être faites dans le cadre du plan d’autonomie marocain dont les détails et la mise à jour seront présentés par le Maroc, comme l’a souligné Sa Majesté.
Pensez-vous que cette nouvelle dynamique puisse amener l’Algérie à revoir sa position et répondre à la main tendue par le Souverain?
S’agissant de l’attitude d’Alger, rien ne serait, à vrai dire, de nature à surprendre, même si les autorités se trouvent aujourd’hui face à un dilemme devenu difficile à éluder. Premier scénario: reconsidérer leur position et reconnaître l’impasse stratégique à laquelle elles ont conduit le dossier, au prix d’assumer la responsabilité politique et diplomatique des tensions infligées à leur propre pays et, plus largement, au Maghreb, du fait d’une hostilité persistante envers le Maroc.
Second scénario: prolonger l’intransigeance. Or la configuration n’est plus la même. D’une part, la nouvelle résolution onusienne rebat les cartes et resserre le cadre de référence; d’autre part, le poids déterminant des États-Unis dans l’architecture du règlement confère à la séquence une dynamique que les postures de blocage auront de plus en plus de mal à contrer, tant sur le plan régional qu’auprès des partenaires internationaux.
D’ailleurs, dans son explication du vote de sa délégation, le représentant de l’Algérie, tout en étant conciliant avec les États-Unis d’Amérique, a déclaré que son pays était prêt à participer à tout effort visant la mise en place d’une solution consensuelle concernant le Sahara, sans citer le cadre dans lequel cette solution doit être mise en place, c’est-à-dire l’autonomie sous souveraineté marocaine.
Maintenant, comme à leur habitude, les autorités algériennes tiennent un double discours, calibré différemment selon l’audience: un narratif pour l’interne, un autre pour l’international.
Aujourd’hui, avec la main tendue de Sa Majesté en vue de dépasser les problèmes actuels et d’envisager des relations de bon voisinage, avec la perspective de reconstruire l’unité maghrébine, les autorités algériennes n’ont plus de grandes marges de manœuvre et doivent faire des choix dans les meilleurs délais
Quel sort pour la MINURSO? Sera-t-elle démantelée concomitamment avec le déploiement du plan marocain de l’autonomie?
En ce qui concerne la MINURSO, il me semble que les parrains de la résolution du Conseil de sécurité, notamment les États-Unis d’Amérique et la France, sont conscients qu’elle doit être démantelée car les négociations pour la mise en œuvre de l’autonomie seront menées par le représentant personnel du secrétaire général. Si elle doit être maintenue, c’est pour d’autres missions qui résulteraient de ces négociations telles que l’aide au retour des réfugiés ou encore le démantèlement du Polisario. D’ailleurs, la résolution du Conseil de sécurité parle de la MINURSO en tant qu’abréviation pour éviter toute référence à un quelconque référendum.
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Quelles pourraient être les principales implications juridiques de la nouvelle résolution? Le dossier continuera-t-il de relever de la quatrième Commission de l’ONU, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation?
Sur le plan juridique, avec la résolution du Conseil de sécurité, l’affaire du Sahara aura connu sa solution, celle de l’autonomie sous souveraineté marocaine, et en principe elle ne doit plus relever de la quatrième commission des Nations unies. Maintenant, c’est au Conseil de sécurité, dont ne fera plus partie l’Algérie à partir du 1er janvier 2026, de décider: soit de retirer l’affaire du Sahara de la quatrième commission ou de la maintenir jusqu’à l’aboutissement et la mise en œuvre du plan d’autonomie proposé par le Maroc. Sachant que les nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité, qui feront leur entrée en janvier prochain, notamment la République démocratique du Congo, le Libéria et le Bahreïn, ont tous reconnu la marocanité du Sahara et disposent déjà de représentations consulaires à Laâyoune et Dakhla.








