En 1956, le Maroc recouvra son indépendance, mais pas sa totale souveraineté territoriale. Le 2 mars et le 7 avril 1956, cette dernière ne fut en effet rétablie que sur les deux anciennes zones des protectorats français et espagnol.
Puis, en 1962, il lui fut demandé d’entériner la perte de ses provinces de l’Est (Gourara, Tidikelt, Saoura, Béchar, Tindouf, Tabelbala, etc.) et d’accepter de les voir rattachées à l’Algérie, État créé par le colonisateur. Une Algérie qui, s’affirmant l’héritière de la France coloniale, refusa toute négociation territoriale avec le Maroc, reniant ainsi la signature apposée au bas du Protocole d’accord signé le 6 juillet 1961 entre Sa Majesté Hassan II, Roi du Maroc, et Ferhat Abbas au nom du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA).
Ensuite, en 1975, au moment de la décolonisation du Sahara espagnol (dit occidental), il fut demandé au Maroc d’accepter que ses provinces de Sakia El Hamra et Oued Eddahab, jusque-là occupées par l’Espagne, deviennent un «État sahraoui», pseudopode d’une Algérie voulant s’ouvrir sur l’océan Atlantique. Une Algérie s’affirmant ainsi comme l’héritière directe de la fraction la plus ultra du colonialisme français, celle qui avait nourri le projet d’enlever son Sud au Maroc, afin d’offrir une fenêtre atlantique à l’Algérie française.
Or, selon le droit international, le Maroc étant un «État démembré par la colonisation», il devait donc, après les indépendances, être reconstitué dans ses frontières précoloniales.
La Résolution n° 1514 de l’ONU, en date du 14 octobre 1960, est très claire à ce sujet: «Les territoires coloniaux arrachés à un pays souverain ne peuvent avoir une forme de décolonisation autre que leur réintégration au pays d’origine duquel ils ont été dissociés». Article 6: «Si un État a été démembré par le colonialisme, il a le droit de recouvrer son intégrité territoriale après sa décolonisation».
En conséquence de quoi, en 1956, lors de son indépendance, en 1962, au moment de celle de l’Algérie, et enfin en 1975, avec la décolonisation du Sahara espagnol, la souveraineté du Maroc devait être rétablie sur les provinces dont il avait été amputé, tant par la France que par l’Espagne. Or, en raison de l’attitude de l’Algérie, cela ne fut pas.
«Non contente d’hériter des frontières coloniales tracées par la France aux dépens du Maroc, l’Algérie formula des exigences insolites au sujet du Sahara dit occidental, territoire immémorialement marocain.»
S’appuyant sur l’Histoire et sur le droit international, le Maroc a constamment soutenu que les lignes de démarcation établies unilatéralement par les colonisateurs français et espagnol n’étaient pas opposables à ses droits historiques.
L’Algérie s’est quant à elle, et tout au contraire, arc-boutée sur l’état de fait colonial, c’est-à-dire sur le maintien des frontières nées de la colonisation, que ces limites aient été de véritables frontières ou de simples lignes de démarcation administratives à l’intérieur des ensembles coloniaux. Et cela, en vertu du principe édicté par l’ONU selon lequel «les frontières des États nouveaux sont établies d’après les frontières des anciennes provinces coloniales auxquelles ces États succèdent».
Or, ce principe ne s’appliquait naturellement pas au Maroc, État historiquement souverain, mais seulement, et selon la Résolution n° 1514 de l’ONU, en date du 14 octobre 1960, aux seuls «États nouveaux» créés par la colonisation, c’est-à-dire à la plupart des pays africains, dont l’Algérie.
Plus encore, non contente d’hériter des frontières coloniales tracées à son profit par la France aux dépens du Maroc, l’Algérie formula des exigences insolites au sujet du Sahara dit occidental, territoire immémorialement marocain, sur lequel elle n’avait par définition aucun droit, affirmant qu’il s’agissait d’une question de décolonisation. Or, comme l’a déclaré en 2023 Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, la décolonisation de ce territoire marocain sous colonisation espagnole a déjà eu lieu en 1975…
En réalité, la question du Sahara dit occidental est un conflit artificiel qui a permis à l’Algérie d’écarter le processus de décolonisation qu’elle aurait dû mener chez elle, en 1962. Au moment de son indépendance, l’Algérie devait en effet restituer au Maroc les régions qui lui avaient été rattachées par la France. Du moins, devait-elle alors soumettre à référendum les populations vivant dans ces territoires marocains directement passés de la colonisation française à la colonisation algérienne, à savoir, et redisons-le, celles de Béchar, de Tindouf, de Tabelbala, de la Saoura, du Touat, du Gourara et du Tidikelt.