Bernard Lugan

La chronique de Bernard Lugan

Bernard Lugan est un historien français, né à Meknès au Maroc. Auteur de plusieurs ouvrages| dédiés principalement au continent africain| il est considéré comme l’un des africanistes les plus réputés et a enseigné à cet égard l’histoire de l’Afrique dans plusieurs universités et écoles. Il a reçu en 1988 le prix Louis-Marin de l’Académie française pour son livre Huguenots et Français| ils ont fait l'Afrique du Sud.

Tebboune ose tout… et c’est même à cela que l’on reconnaît les présidents faillis
Or, le président algérien devrait tout au contraire clamer sa reconnaissance éternelle à la France coloniale sans laquelle, aujourd’hui, son pays serait peut-être encore une wilaya turque. En effet, quand, en 1830, la France chassa les Ottomans, la «nation algérienne» était un «non-concept». Cent trente ans plus tard, au moment de l’indépendance de juillet 1962, tout ce qui existait en Algérie avait été construit par la France et à partir du néant.
Soudan: une guerre à la fois ethno-raciale et régionale
Les terribles images des massacres du Soudan doivent être replacées dans leur complexe et sanglant contexte historique. Au Soudan, nous sommes en effet en présence de deux conflits, l’un est récent, l’autre séculaire.
Après la libération de Boualem Sansal, la question des frontières de l’Algérie est désormais posée
Maintenant que Boualem Sansal a recouvré la liberté, les temps vont venir du bilan politique et historique de sa prise en otage. La question territoriale qui, jusque-là, était un tabou en Algérie, est donc désormais posée et même clairement posée.
Nigeria: guerre ethnique ou conflit religieux?
Voilà pourquoi les affrontements frontaux entre ethnies nomades musulmanes et sédentaires chrétiennes se font précisément en lisière, au contact, des deux zones d’interpénétration économiques et ethno-confessionnelle.
Avec la Marche verte, le Maroc a renoué avec ses racines historiques
Avant la période coloniale, le Maroc était donc le cœur économique et commercial de tout le Sahara occidental. Il était également le point d’écoulement des marchandises en provenance du Bilad-al-Sudan qui étaient échangées contre ses productions artisanales et agricoles.
L’Algérie, l’intangibilité des frontières et les guerres d’Afrique
Se considérant à l’évidence comme victime du statu quo frontalier colonial et post-colonial, le Maroc rejeta naturellement le principe d’intangibilité des frontières qui le condamnait à accepter de voir certaines de ses provinces historiques millénaires être rattachées à une Algérie née en 1962. Mais, plus encore, Rabat prophétisa que le principe allait être la cause de bien des injustices et de nombreux conflits.
Russie-Algérie, les raisons de la rupture
La lente rupture entre Alger et Moscou à laquelle nous assistons aujourd’hui a débuté en 2021 à la suite de deux grandes erreurs ou imprudences diplomatiques algériennes.
Lyautey, le Maroc et l’Algérie
Durant ses treize années de présence au Maroc, Lyautey eut une constante en politique qui fut de préserver l’âme du Maroc, ce qui passait par le respect de la personne de son souverain et par celui de l’identité de son peuple. Que serait devenu le Maroc si, à la place de celui qui se définissait comme «le premier serviteur du Sultan», la France avait nommé comme premier Résident un fonctionnaire civil formé en Algérie?
Comment l’armée des frontières a ravi le pouvoir aux vrais moudjahidines
Commandée depuis 1960 par le colonel Houari Boumediene, «l’Armée des frontières» était intacte, car installée en Tunisie et au Maroc, elle n’avait pas combattu les forces françaises. Les combattants de l’intérieur avaient été évincés par ceux de l’extérieur et les politiques par les militaires. Le congrès «fondateur» de la Soummam était bien oublié.
Algérie: quand l’odjak des janissaires s’auto-détruit
La réalité est que le régime d’El Mouradia est en passe d’être emporté par l’impitoyable guerre que se livrent les clans militaires. Un épisode qui fait écho aux sanglantes luttes de factions auxquelles, avant 1830, se livraient les composantes de l’odjak des janissaires. Or, les mœurs héritées de ce passé colonial turc, que l’histoire officielle de l’Algérie fait semblant d’ignorer, paraissent pourtant former la matrice de l’État militaire algérien d’aujourd’hui.