Les importations marocaines poursuivent leur envolée. Après une hausse de 6,4% enregistrée en 2024, elles ont bondi de 9,1% durant les quatre premiers mois de 2025. Cette dynamique contribue à creuser davantage le déficit commercial, qui atteint désormais 108,94 milliards de dirhams, en hausse de 22,8%.
Cette reprise, qui intervient après une baisse de 2,9% en 2023, confirme une tendance préoccupante: les importations restent dominées par des produits pourtant substituables par la production locale.
Parmi les principales catégories concernées, figurent les produits finis de consommation, qui ont représenté plus de 22% du total des importations en 2024, ainsi que les demi-produits (ces biens semi-transformés, utilisés comme intrants industriels) dont la part s’élève à 21,53%.
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S’ajoutent à cela les produits alimentaires, dont la part dépasse les 12% des importations totales. Même les produits finis d’équipement, qui représentent également plus de 22% des achats à l’étranger, sont en grande partie susceptibles d’être fabriqués localement, renforçant ainsi l’enjeu de substitution par la production nationale.

Ces constats révèlent que la politique de substitution des importations par le «Made in Morocco» peine, pour l’heure, à produire un impact tangible sur la structure des achats extérieurs du Royaume. Pourtant, cette stratégie vise précisément à réduire la dépendance du pays aux produits importés, en stimulant la production locale et en renforçant la compétitivité de l’industrie nationale.

Ce qui devrait, selon les objectifs affichés par ses initiateurs, se traduire par la réduction du déficit commercial, la stimulation de l’industrie nationale, notamment les secteurs manufacturiers et de transformation, la création d’emplois à forte valeur ajoutée et le renforcement de la souveraineté industrielle dans des secteurs stratégiques: agroalimentaire, textile, chimie, industrie pharmaceutique, composants électroniques, pièces automobiles et aéronautiques…
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Cette réalité est d’autant plus avérée que, paradoxalement, le déficit commercial se creuse davantage au moment même où l’on enregistre une baisse de la facture énergétique, qui est souvent désignée comme étant l’un des principaux facteurs expliquant l’aggravation du déséquilibre de la balance commerciale.
En effet, la part des approvisionnements en produits énergétiques dans les importations globales a reculé, passant de 17,04% en 2023 à 14,97% en 2024, puis à 14,18% à fin avril 2025. Ainsi, même s’il reste premier produit importé par le Maroc, le gas-oils et fuel-oils voit sa part diminuer, passant de 8,12% en 2023 à 7,48% en 2024, puis à 6,70% au terme des quatre premiers mois de cette année.
Les dix premiers produits importés par le Maroc en 2024. (Source: Office des changes).
Produit | Importations en millions de dirhams | Part dans les importations globales |
---|---|---|
Gas-oils et fuel-oils | 57.015 | 7,48% |
Parties et pièces pour voitures de tourisme | 33.608 | 4,41% |
Voitures de tourisme | 24.058 | 3,15% |
Gaz de pétrole et autres hydrocarbures | 21.253 | 2,79% |
Blé | 17.832 | 2,34% |
Appareils pour coupure ou connexion des circuits électriques et résistances | 16.567 | 2,17% |
Produits chimiques | 16.273 | 2,13% |
Houilles, cokes et combustibles solides similaires | 12.674 | 1,66% |
Voitures utilitaires | 11.041 | 1,45% |
Médicaments et autres produits pharmaceutiques | 10.842 | 1,42% |
Il est suivi des parties et pièces pour voitures de tourisme (2ème); voitures de tourisme (3ème); gaz de pétrole et autres hydrocarbures (4ème); blé (5ème); appareils pour coupure ou connexion des circuits électriques et résistances (6ème); produits chimiques (7ème); houilles, cokes et combustibles solides similaires (8ème); voitures utilitaires (9ème); médicaments et autres produits pharmaceutiques (10ème). Ces dix produits représentent plus de 29% des importations globales du pays.
Autant dire que la politique de substitution des importations par le «Made in Morocco» doit être renforcée davantage en relevant plusieurs défis. Il s’agit notamment, selon les économistes, de limiter la hausse des coûts de production et assurer la compétitivité du tissu industriel national face aux produits étrangers, améliorer l’accès des petites et moyennes entreprises (PME) au financement et au foncier industriel et renforcer les capacités de formation et d’innovation technologique.