Entre terre et mer: à la découverte de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma

Le phare de Cap Spartel à Tanger.

Le phare de Cap Spartel à Tanger.

Entre rivages secrets et montagnes escarpées, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma offre une diversité de paysages et d’expériences à portée de route. Ce voyage, entre terre et mer, propose une redécouverte de quatre destinations emblématiques du nord marocain à travers une sélection de sites culturels, naturels et balnéaires.

Le 05/06/2025 à 08h06

Aux confins du nord du Maroc, là où la Méditerranée borde les reliefs du Rif et où l’Atlantique caresse les falaises, s’étend la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. Avec ses médinas chargées d’histoire, ses villages perchés, ses plages discrètes et ses parcs naturels, elle propose une diversité d’expériences qui méritent le détour. Cap sur quatre villes emblématiques: Tanger, Tétouan, Al Hoceïma et Chefchaouen, pour explorer une région marocaine où la terre et la mer se répondent avec équilibre.

Point de départ de ce parcours, Tanger est une ville au croisement des mondes, posée à l’extrémité nord du Maroc, face au détroit de Gibraltar. Longtemps considérée comme une porte d’entrée vers l’Afrique, elle a vu passer Phéniciens, Romains, Arabes, Portugais et Espagnols avant de devenir, au XXème siècle, une zone internationale sous administration multinationale. Ce statut particulier a laissé son empreinte dans son architecture, sa culture et son atmosphère cosmopolite.

Tanger la Blanche

Aujourd’hui, elle se déploie entre les pentes boisées de ses collines et les rivages tantôt escarpés, tantôt sablonneux qui bordent le détroit. La ville se distingue par sa luminosité particulière, souvent évoquée par les artistes et écrivains qui y ont séjourné. La clarté du ciel, les reflets sur la mer et les jeux d’ombre dans la médina donnent à la ville une atmosphère visuelle singulière, propice à la contemplation… et aux promenades paisibles.

Au nord-ouest de la ville, le Cap Spartel marque symboliquement la rencontre entre l’Atlantique et la Méditerranée. Ce cap, bordé par des falaises abruptes et dominé par un phare construit au XIXème siècle, offre une vue imprenable sur l’horizon. Du sommet, on peut observer les eaux bleu-vert de la Méditerranée à l’est et les vagues puissantes de l’Atlantique à l’ouest. Les collines environnantes, couvertes de forêts denses, y sont elles aussi visibles. Ce site est idéal pour une première immersion dans un cadre naturel encore préservé, avec la possibilité de déjeuner dans les environs: poisson frais garanti!

Juste en contrebas, les Grottes d’Hercule offrent un cadre spectaculaire. Ces cavités, creusées par les vagues dans les falaises calcaires, fascinent par leur beauté brute et leur lien avec la légende d’Hercule, qui, selon la mythologie, aurait créé le détroit de Gibraltar. L’une des ouvertures des grottes est particulièrement remarquable: elle prend la forme de l’Afrique vue du ciel, une caractéristique géologique qui attire les visiteurs du monde entier. À l’intérieur, les sons de la mer résonnent dans les galeries sombres, créant une atmosphère mystérieuse et magique.

En quittant le littoral pour les forêts, le parc Perdicaris, aussi appelé Rmilat, propose un sentier ombragé au cœur d’une forêt d’eucalyptus et de pins. Ce parc, situé à quelques kilomètres de la ville, est un véritable havre de paix où l’on peut s’évader de l’agitation urbaine. Le sentier serpente à travers une véritable mosaïque floristique où se mêlent plus de 200 espèces végétales méditerranéennes et exotiques, introduites au début du XXème siècle. Ce lieu offre une halte précieuse, loin de l’agitation, dans un écrin de sérénité où la nature se dévoile dans toute sa splendeur. Là, le chant discret des oiseaux migrateurs se mêle au murmure du vent dans les ramures des arbres centenaires, témoins silencieux du temps qui passe.

Le retour vers le centre historique se fait naturellement par Bab al Fahs, l’une des portes emblématiques de l’ancienne médina, qui relie le Grand Socco –vaste place vivante bordée de cafés et de marchés– au Petit Socco, plus intime et chargé d’histoire. En franchissant cette entrée, on pénètre dans un labyrinthe de charmantes ruelles étroites, bordées de maisons blanches aux portes souvent colorées. Ce quartier ancien, cœur battant de Tanger, mêle échoppes, ateliers et lieux de mémoire. En gravissant la médina vers les hauteurs, on atteint la Kasbah, un quartier fortifié autrefois réservé aux autorités. Plus calme, elle abrite aujourd’hui un musée installé dans l’ancien palais du gouverneur, où l’on peut découvrir des objets archéologiques et artistiques retraçant l’histoire de la ville. Les places alentour, bordées de cafés et restaurants, offrent des points de vue sur la baie et la ville.

Pour clore cette boucle tangéroise, la petite plage Dalia, à une trentaine de kilomètres à l’est, vaut le détour. Cette plage, moins fréquentée que celles de la ville, est un véritable refuge. Le beige clair de son sable fin tranche avec la végétation qui l’entoure et surtout avec le bleu limpide de ses eaux, parmi les plus claires de la région. À l’abri des grandes vagues, la baignade y est particulièrement agréable, même pour les plus prudents. Un coin à savourer lentement, le temps d’un pique-nique ou d’une série de photos.

Tétouan, la fille de Grenade

Plus à l’est, nichée au pied du Rif, Tétouan déploie un charme singulier, entre reliefs montagneux et influences hispano-mauresques. Marquée par l’arrivée d’exilés andalous à la fin du XVe siècle, la ville en conserve un fort héritage. La blancheur éclatante de ses façades, la finesse de ses balcons en fer forgé et la richesse de son artisanat en font une escale au rythme balnéaire: les journées sont rythmées par le soleil, les marées, les baignades, les promenades et les repas en terrasse.

Cœur historique de Tétouan, la vieille ville est l’une des plus intactes du Maroc. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle conserve son tissu urbain d’origine, structuré en quartiers d’artisans. En s’y promenant, on découvre des secteurs vivants où les façades blanches et vertes des maisons rappellent les rues de Grenade. On y croise menuisiers, tisserands, céramistes ou tanneurs perpétuant des savoir-faire transmis depuis des siècles.

Dar el Oddi, elle, est une halte culturelle à l’aura intimiste. Installée dans une maison traditionnelle restaurée, cette petite institution propose une plongée dans l’histoire visuelle de Tétouan à travers une riche collection de cartes anciennes, de photographies, de manuscrits et d’objets. Une visite qui éclaire le passé de la ville avant de repartir à la découverte de ses alentours.

À une dizaine de kilomètres, la plage de Martil offre un tout autre visage. Station balnéaire prisée durant l’été, elle s’étire le long d’une baie tranquille, bordée de palmiers et de cafés. Le front de mer, piéton et animé en soirée, attire familles et vacanciers pour la baignade, la promenade ou un simple encas face à l’horizon. Facile d’accès, elle offre une parenthèse maritime idéale après une immersion dans les quartiers animés de Tétouan, avec la possibilité de s’adonner à divers sports nautiques comme le jet-ski, le ski nautique, le wakeboard ou le paddleboard.

L’ancienne cité romaine

En s’éloignant un peu, les vestiges de Tamuda dévoilent une autre époque. Fondée par les Phéniciens, puis réorganisée en cité romaine, cette ancienne agglomération se trouve en bordure du fleuve Martil. Si les ruines sont modestes, elles rappellent l’importance stratégique de la région dans l’Antiquité. On y observe les fondations de thermes, de maisons et d’un camp militaire, dans un décor naturel calme et encore peu fréquenté.

Enfin, le littoral revient au premier plan avec Tamuda Bay, nom donné à une portion du rivage en développement touristique. Ici, de nouveaux complexes hôteliers s’intègrent dans un paysage préservé, entre plages de sable clair et collines boisées. Ce pôle balnéaire se prête particulièrement à la planche à voile ou au kayak de mer, pour ceux qui souhaitent prolonger l’expérience maritime entamée à Martil.

Al Hoceïma, la perle méditerranéenne

Plus isolée que ses voisines, Al Hoceïma se distingue par une géographie spectaculaire. Coincée entre les reliefs du Rif et la Méditerranée, la ville s’étire le long de falaises escarpées, de plages en contrebas et de criques confidentielles. L’ambiance y est plus tranquille, plus préservée.

Le voyage commence au cœur du Parc national d’Al Hoceïma, l’un des rares parcs marocains à combiner une zone marine protégée et un espace terrestre. Couvrant plus de 48.000 hectares, il abrite des paysages de falaises calcaires, des baies cachées, ainsi que des sentiers de randonnée traversant maquis, forêts clairsemées et zones rocheuses. La faune y est riche: on peut même y observer des dauphins au large. On y accède par la route, mais aussi par bateau pour découvrir la côte autrement.

En cœur de ville, la plage Quemado est sans doute la plus emblématique. Située juste au pied de l’hôtel Mohammed V et encadrée par les hauteurs de la ville, elle combine accessibilité et décor naturel spectaculaire. Son sable clair et ses eaux calmes en font un lieu prisé pour une première baignade, mais aussi pour se détendre après une promenade dans le souk voisin.

Juste en face, le port d’Al Hoceïma reste un lieu animé, entre criées matinales, chantiers navals et petits cafés fréquentés par les locaux. C’est aussi un excellent point de départ pour des excursions en mer vers les plages reculées du littoral, difficilement accessibles par la route.

Ode aux rives

Parmi ces criques, la plage Cala Bonita mérite une mention spéciale. Accessible après une marche ou en bateau, elle est nichée dans une anse entourée de formations rocheuses naturelles. Ce petit coin de paradis, où les montagnes plongent dans l’eau cristalline, possède des fonds marins préservés, qui en font également un spot apprécié pour la plongée sous-marine.

Enfin, au nord-est de la ville, la plage Sfiha offre une vue directe sur l’île de Bades, une curiosité géopolitique. Ce rocher aride, minuscule et inhabité, est un territoire encore administré par l’Espagne. Posé à quelques dizaines de mètres du rivage, il ajoute une touche insolite et historique au panorama maritime d’Al Hoceïma.

Chefchaouen, l’azur des montagnes

Cap à l’intérieur des terres pour rejoindre Chefchaouen, une petite perle nichée dans les plis du Rif. Cette ville emblématique, connue pour ses murs peints en bleu outremer, invite à une véritable immersion. Ses maisons bleuies à la chaux, aux portes et fenêtres couleur azur, créent une atmosphère sereine, propice à la flânerie et à la découverte de ses secrets. Chaque coin de rue semble inviter à la photographie.

Autour de Chefchaouen s’étend le parc national de Talassemtane, un vaste territoire forestier qui s’étire sur plus de 59.000 hectares. Ce parc est dominé par des cèdres majestueux, des sapins d’Atlas et des rivières sinueuses qui serpentent entre les vallées. Les sentiers de randonnée y sont nombreux, permettant aux marcheurs, aux familles et à ceux qui cherchent une véritable communion avec la nature de découvrir des paysages à couper le souffle, tout en respirant l’air pur des montagnes.

Dans la ville elle-même, la place Outa el Hammam, bordée de terrasses accueillantes, constitue le cœur vibrant de Chefchaouen. C’est ici que les habitants se retrouvent, que les artisans exposent leurs produits faits main et où les visiteurs peuvent s’imprégner de l’atmosphère chaleureuse de la ville. Non loin de cette place, la Kasbah, une ancienne forteresse construite au 18ème siècle, abrite un musée et de jolis jardins: elle offre un regard sur le passé historique de la ville.

À quelques minutes de marche de là, la Mosquée espagnole domine Chefchaouen depuis une colline. Cette mosquée, construite par les Espagnols dans les années 1920, n’est pas seulement un lieu de culte mais aussi un point de vue incontournable. Un sentier court permet d’y accéder, et une fois au sommet, la vue sur les toits bleus de la ville, les montagnes majestueuses qui l’entourent et la vallée au loin est un spectacle impressionnant.

Les cascades d’Akchour

Pour les amateurs de nature et de randonnée, les cascades d’Akchour, situées également dans le parc national de Talassemtane, sont une excursion parfaite. Ces cascades, accessibles par un sentier de randonnée à travers des paysages pittoresques, offrent un moment de fraîcheur bienvenue. L’eau cristalline tombe en cascades sur les rochers, et les ponts suspendus qui enjambent les rivières créent une ambiance presque irréelle. C’est un lieu idéal pour les amateurs de nature en quête de sérénité.

De la blancheur des villes au bleu des mers, des sommets boisés aux criques reculées, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma compose un tableau changeant, jamais figé. Elle offre au touriste marocain une pluralité d’ambiances accessibles sans quitter le pays. Entre terre et mer, c’est une invitation à se reconnecter à la richesse de son propre territoire.

Par Camilia Serraj
Le 05/06/2025 à 08h06