Bercé par les eaux du Bouregreg à Rabat pendant sa courte escale, le Belem, dernier trois-mâts historique français encore en navigation, a offert le 4 mai 2025 un décor majestueux à une soirée diplomatique célébrant les liens entre la France et le Maroc. «Le Belem, en plus d’être un bel ancien voilier français, c’est un double symbole, d’abord celui d’une célébration: nous célébrons ce soir l’amitié franco-marocaine», entame Arnaud Pescheux, ministre conseiller à l’ambassade de France à Rabat.
«Le deuxième symbole, c’est celui de la protection des océans en marge de la 3ème conférence des Nations unies sur les Océans à Nice en juin prochain», ajoute le diplomate. «Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec nos amis marocains sur un bateau de cette importance historique, pour affirmer ensemble notre volonté de protéger les océans. Le Maroc est un pays pour lequel les océans sont essentiels, et aujourd’hui, il est aux côtés de la France pour en assurer la préservation», affirme-t-il.
Long de 58 mètres et chargé de 129 ans d’histoire, le Belem n’est pas un simple bateau de parade. «C’est un trois-mâts français qui a été construit en 1896 pour aller chercher des fèves de cacao au Brésil», raconte Christelle de Larauze, déléguée générale de la Fondation Belem. «Il a été successivement navire de commerce, yacht de luxe pour les familles Westminster et Guinness, puis navire-école pour les orphelins sous pavillon italien», détaille-t-elle.
Sauvé du destin des vieux gréements après la Seconde Guerre mondiale, il est aujourd’hui classé patrimoine maritime français. «Il a été identifié un peu par hasard comme le dernier survivant des grands voiliers français», ajoute Christelle de Larauze. «C’est d’ailleurs à bord de ce même navire qu’on a transporté la flamme olympique de 2024 d’Athènes à Marseille», partage-t-elle fièrement.
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Depuis sa reconversion, le Belem offre à tout un chacun une immersion dans la vie de marin du 19ème siècle. «Le projet de la Fondation, c’est de faire naviguer des personnes lambda à bord de ce navire-école civil, pour revivre la vie d’un matelot d’un autre temps», explique Christelle de Larauze. «Pour être sélectionné, il suffit seulement de s’y prendre bien à l’avance et de s‘inscrire sur le site fondationbelem.com», précise-t-elle avant d’annoncer qu’«après Rabat, le Belem ouvrira ses ponts au public les 10 et 11 mai à Tanger et ce sera au tour des élèves des écoles de découvrir le navire les 12, 13 et 14 mai».
Le commandant du Belem, Aymeric Gibet, lui, insiste sur le caractère participatif de chaque traversée. «Le Belem navigue sept mois de l’année. Cette année, nous avons commencé à La Rochelle, puis Arcachon, Lisbonne, et aujourd’hui Rabat», rappelle-t-il. Chaque embarquement compte 48 personnes, dont le seul point commun est d’avoir cliqué sur le site Fondation Belem. «Mais une fois à bord, il faut travailler!», prévient le commandant, amusé. «Les stagiaires, accompagnés de l’équipage professionnel, doivent se lever la nuit, tirer sur les bouts, barrer le bateau… C’est une véritable immersion: à deux heures du matin, vous pouvez vous retrouver à la barre, sous 1.200 m² de voilure et 129 ans d’histoire sous vos pieds», conclut-il.
En faisant escale à Rabat, puis à Tanger, le Belem s’inscrit dans une volonté de transmission, mais aussi de diplomatie culturelle. Il incarne à la fois un patrimoine vivant et un outil d’échange. En mêlant passé, présent et avenir, ce navire mythique continue de tisser des liens tout en portant haut les valeurs de respect de l’environnement maritime.