La farce électorale algérienne

Bernard Lugan.

ChroniqueDans les années qui viennent, l’Algérie, qui se trouvera au pied du mur, va devoir procéder à des choix économiquement vitaux, mais politiquement explosifs. Et comme l’heure de vérité ne pourra pas être éternellement repoussée, la dernière farce électorale pourrait bien ressembler à un des derniers clous plantés dans le cercueil du «Système».

Le 17/09/2024 à 11h00

En Algérie, la réélection un tantinet surréaliste du président Abdelmadjid Tebboune, avec un score babylonien de 94,65% des voix, laisse songeur. En effet, selon les chiffres officiels, il y eut 48% de votants sur un total de 24 millions d’inscrits, ce qui donne donc plus ou moins 11 millions de suffrages exprimés. Or, comme le président sortant a obtenu quasiment 95% des suffrages, il a été étonnamment annoncé qu’environ 5 millions d’Algériens ont voté pour sa réélection. De plus, comme ses deux concurrents totalisent à eux deux environ 5% des votes, cela signifie donc que plus de 5 millions de suffrages se sont volatilisés, ou que 5 millions d’électeurs auraient voté blanc…

En réalité, les dociles agents du pouvoir, qui ont en charge la gestion des élections, se sont pris les pieds dans le tapis de leurs manipulations. En effet, n’osant pas donner le vrai chiffre de la participation, qui tourne autour des 20%, paniqués face au colossal camouflet que le pays réel algérien venait d’administrer à la gérontocratie dirigeante, ils ont oublié la mathématique…

Nous sommes donc en pleine farce, d’autant plus que dans certaines wilayas, le pourcentage officiel des votants n’atteint pas les 5%, et qu’en Kabylie, la participation fut quasiment nulle… Le Hirak a certes été écrasé et même maté par le «Système», mais ces élections démontrent que la population n’est pas dupe et que le feu couve, prêt à se rallumer à la moindre faiblesse d’un pouvoir désormais condamné à la fuite en avant.

Après la déposition-démission d’Abdelaziz Bouteflika, le massif Hirak se transforma en lutte totale et frontale contre le «Système». Ayant réussi à faire élire à la présidence Abdelmadjid Tebboune, l’un des siens, ce même «Système» bénéficia ensuite d’une «divine surprise» quand la pandémie du Covid-19 mit un terme aux manifestations populaires.

Aujourd’hui, le «Système» est nu, avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête qui est la crise économique, perspective toujours rendue possible par la dépendance totale aux hydrocarbures (pétrole et gaz) et à la variabilité de leurs cours. Ces derniers fournissent en effet, bon an mal an, entre 95 et 98% des exportations, et environ 75% des recettes budgétaires d’une Algérie qui, n’ayant pas retenu la leçon des crises des années 1986, 1990 et 1994, n’a pas significativement diversifié son économie.

Bloquée sur la monoproduction des hydrocarbures, dont les volumes exportables devraient baisser en raison de l’augmentation de la consommation intérieure et de l’épuisement progressif des gisements, et cela en dépit des annonces de nouvelles découvertes, l’Algérie va devoir satisfaire les besoins élémentaires d’une population en forte augmentation. Au mois de janvier 2024, le pays comptait ainsi 46,7 millions d’habitants (contre 12 millions en 1962), avec un taux d’accroissement annuel de 2,15%, et un excédent de près de 900.000 habitants chaque année.

L’insoluble problème qui se pose au «Système» est que, ne produisant pas de quoi habiller, soigner, équiper et nourrir ses enfants, l’Algérie doit donc tout acheter à l’étranger. En 2024, le quart des recettes tirées des hydrocarbures servit ainsi à l’importation de produits alimentaires de base… dont l’Algérie était exportatrice avant 1962.

Dans les années qui viennent, l’Algérie, qui se trouvera au pied du mur, va donc devoir procéder à des choix économiquement vitaux, mais politiquement explosifs. Et comme l’heure de vérité ne pourra pas être éternellement repoussée, la dernière farce électorale pourrait bien ressembler à un des derniers clous plantés dans le cercueil du «Système».

Par Bernard Lugan
Le 17/09/2024 à 11h00

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De Gaulle à créé ce cancer de l'Afrique car c'était dans l'intérêt de la France à savoir ; essais nucléaires et chimiques dans l'ancien Sahara Oriental Marocain + exploitation du pétrole découvert par la France dans le Sahara des Touaregs ( voir accords secrets d’Évian) ....De plus, il savait qu'en aidant le Clan d'Oujda ( Armée des frontières ) à prendre le pouvoir dans l'actuelle Algérie contre le GPRA, il allait créer une hostilité entre l'Algérie et le Maroc et donc saboter toute future Union du Maghreb ...Cette idée d'union était planifiée bien avant les indépendances des 3 pays du petit Maghreb ....Or cette Union du Maghreb allait contre les intérêts de la France dans la région...Tous ses successeurs jusqu'à Macron ont poursuivi cette compromission intéressée France-FLN

Ignorer cet asile psychiatrique alge-rienne le bla bla et le vide total c'est leurs raisons d'êtres

A croire que le peuple algérien est en hypnose depuis plusieurs années et il s'y habitue. Dépêchez vous, réveillez vous... En plus , il devient pas assez bon en mathématiques...

Majid::::::// ce peuple n'est pas en hypnose, il se tâte face a ce que son régime lui a fait gober depuis les années 1965. la fierté est si tenace qu'aucun algérien n'avouera qu'il a été berné, alors il tente de se persuader que son pays vaut ???? Alors il fait le mouton de Panurge, il admet que ce régime a tout faux mais refuse que ça se sache surtout par ce "minable " de marocain li si méprisé depuis 1963, qui réussit bien faut d'hydrocarbure, les empires grecques, romains se sont cru puissants qu'en est-il advenu, alors que cette algérie faussement dessinée par le colonisateur et valorisée a bout de slogans FLN-nistes depuis1962 avec cette devise qui ne nous crois est contre nous

Concernant la manipulation des résultats de la farce électorale algérienne, il y a un pourcentage troublant. C'est celui du taux de participation qui est de 46,10% (24351551 / 11226065). Ce n'était pas 46,102% ou 46,098% par exemples puis arrondi à 46,10%. C'était 46,1000000%. La précision de ce résultat va jusqu'à la 7° décimale. Il est clair et manipulation stupide de non professionnels à l'appui, que le taux de participation est ce qui leur pose le plus de tracas.

Malheureusement la France De Gaule a crée une entité monstrueuse. Feu Hassan 2 avait dit à De Gaule " Vous avez crée le cancer de l’Afrique" et il avait raison. L'implosion de cette entité qu'est l'Algérie approche à grande vitesse.

Le journal français l'Opinion, citant des sources officielles françaises, a écrit que le taux de participation a été au grand max de 10 %, ce qui signifie que 90 % des algériens ont boycotté cette pseudo-élection car ils savaient qu'ils étaient les dindons de la farce...Voilà où mènent 62 ans de prédation, d'assassinats de masse, de mensonges , d'intox et de propagandes made in KGB

Mr Lugan, économisez votre énergie et votre temps précieux, le monde entier était témoin, particulièrement les grandes chancelleries de ces mascarades électorales à l'anegérine. Les dès étaient pipés par la junte belliqueuse machiavélique sanguinaire Ânegerienne 5 ans à l'avance, soit depuis 2019. voire depuis 1962 où c'est tjrs l'armée qui choisit les pseudo président, dérive le pays et non dirige le pays. Et ça ! tout le monde le sait...

C'est triste, l'Algérie va finir par exploser du fait de la gestion catastrophique de ses dirigeants corrompus. On espère que l'Algérie nouvelle qui viendra après renouera définitivement avec le Maroc

Je ne trouve pas que ça soit triste 🐒

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