Nadia Fettah: «La priorité doit être l’inflation, le flottement du dirham peut attendre»

Nadia Fettah, ministre de l’Economie et des Finances.

Le 16/10/2025 à 16h53

VidéoDans un entretien accordé à Sky News Arabia, Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des Finances, a réaffirmé que le gouvernement n’a pas l’intention de recourir au tirage des ressources disponibles au titre de la Ligne de crédit modulable (LCM) auprès du FMI. Elle a également profité de cette occasion pour clarifier la position de l’exécutif sur la réforme du régime de change et revenir sur le retour récent du Maroc au statut «Investment grade» auprès de l’agence de notation Standard & Poor’s.

Le 2 avril 2025, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un nouvel accord biennal pour le Maroc au titre de la ligne de crédit modulable (LCM), d’un montant équivalent à 3,45 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS), soit environ 4,5 milliards de dollars. Ce nouvel accord a remplacé celui de 5 milliards de dollars conclu en avril 2023.

«Nous avons choisi cette ligne pour servir d’assurance en cas de chocs exogènes. Il n’a jamais été prévu de l’utiliser pour financer un projet ou combler un déficit. Même lors de la crise de 2022-2023, marquée par une inflation élevée et un déficit important, nous ne l’avons pas utilisée», a expliqué la ministre dans cet entretien accordé à Sky News Arabia, en marge de sa participation aux Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale.

Elle a rappelé que le gouvernement demeure tenu de mobiliser les ressources nécessaires et de respecter la programmation budgétaire. Mais face à un contexte économique mondial volatil, cette ligne de crédit offre au Maroc «l’assurance et la sérénité nécessaires pour maintenir le rythme des réformes». Le dialogue avec le FMI a également permis d’insister sur la volonté du Royaume de poursuivre ses réformes tout en restant vigilant face aux évolutions géopolitiques et économiques mondiales.

Par ailleurs, la ministre s’est réjouie de la notation «Investment grade» récemment attribuée au Maroc par l’agence S&P, après 18 mois de maintien au grade «Positive outlook». «Les investisseurs qui connaissent la situation économique du pays anticipaient déjà cette amélioration de notation. Nous ne nous attendons pas à ce qu’il y ait une grande différence en termes de coût de la dette par rapport à leur niveau actuel», a-t-elle précisé.

«Le plus important pour nous, c’est que les investisseurs qui ne pouvaient pas investir dans un pays qui n’avait pas l’Investment grade vont désormais placer le Maroc dans leurs radars et venir investir au Royaume, aussi bien dans le secteur financier que dans l’économie de manière générale. C’est un succès pour le pays en termes de mobilisation de financements, mais plus encore pour attirer de nouveaux investisseurs», a ajouté la ministre.

Évoquant la politique monétaire adoptée par Bank Al-Maghrib, Nadia Fettah n’a pas hésité à saluer le travail du wali Abdellatif Jouahri: «La politique monétaire a montré son efficacité ces dernières années. L’inflation, ayant atteint un record de 13% en février 2023, est redescendue à moins de 1% en 2024. Nous voulons rester en deçà de 2% cette année ainsi que les années à venir. Il y a un dialogue permanent entre le ministère des Finances et Bank Al-Maghrib. Nous devons soutenir le financement et l’économie, mais nous restons convaincus que la maîtrise de l’inflation permettra de préserver durablement la dynamique économique.»

Selon elle, la politique monétaire a été une réussite, permettant au Maroc de maintenir ses équilibres macroéconomiques, d’obtenir l’«Investment grade» et de créer toutes les conditions nécessaires pour soutenir la croissance actuelle.

Interrogée sur l’évolution du processus de flexibilité du dirham, la ministre a affirmé que la priorité reste la maîtrise de l’inflation. «Nous avons déjà entamé une première phase réussie, mais il est nécessaire de préparer le secteur financier et les opérateurs économiques, notamment les PME, avant de passer aux prochaines étapes. Nous travaillons en ce sens aux côtés de Bank Al-Maghrib, mais nous devons absolument préserver l’inflation pour protéger le tissu économique», conclut-elle.

Par Wadie El Mouden
Le 16/10/2025 à 16h53