À bien scruter l’évolution des relations entre L’Europe et les pays du Maghreb, l’effet de balancier est largement favorable au Maroc. Plus les relations entre Bruxelles et Rabat s’améliorent, plus celles avec Alger entament une pente de dégradation. Au cœur de ce bras de fer diplomatique et médiatique: l’affaire du Sahara. Le Maroc conditionne la bonne santé de ses relations avec les pays de l’Union européenne à un soutien sans équivoque à sa souveraineté sur le Sahara, tandis que le régime algérien transforme cette question en un objet de défi, voire de rupture. Il s’est créé par la force de ses choix une incompréhensible ligne rouge.
Cela a été fortement constaté lors de la crise entre Alger et Madrid. Cela est aujourd’hui au cœur de la brouille franco-algérienne. Qu’importe que, sur le plan de la diplomatie onusienne, le régime algérien continue de prétendre ne pas être partie prenante de la crise saharienne afin de ne pas participer aux tables rondes préconisées par l’ONU, il tente par tous les moyens d’empêcher que les pays de L’UE s’alignent sur la position du Maroc.
Sans grand succès, puisque plus d’une vingtaine de pays de cette union soutiennent la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Ceux qui ne se sont pas exprimés ou qui maintiennent un flou sur leurs positions ne sont jamais allés jusqu’à exprimer une sympathie ouverte à l’égard de l’aventure séparatiste du Polisario. Une des manières de les sortir de cette zone grise est de provoquer une position commune des vingt-sept pays de l’Union sur cette crise saharienne dont l’issue finale impactera fortement l’espace européen.
Devant cette situation, et au-delà des droits légitimes et incontestables du Maroc sur son Sahara, les pays européens ont à choisir entre deux modèles de pays au Maghreb, et le choix est déjà fait. Il s’agissait de choisir entre le modèle marocain et le modèle algérien, entre deux pays aux visions totalement différentes, voire opposées, qui expliquent cet état de «ni guerre ni paix» caractérisant leurs relations depuis de décennies.
«Les pays de l’Union européenne ne peuvent plus rester dans l’indécision et l’hésitation. Il s’agit pour eux d’installer le partenariat d’exception avec le Maroc sur de solides bases institutionnelles, de le sanctuariser avec d’indestructibles balises.»
Le Maroc incarne une puissance économique dynamique, porteuse et créatrice de projets économiques gigantesques qui tendent à façonner positivement son environnement géostratégique. Le Maroc lutte avec une efficacité prouvée et reconnue internationalement aussi bien contre l’immigration clandestine, le grand banditisme transfrontalier que le terrorisme. Il est un interlocuteur sérieux et crédible qui a obtenu la précieuse confiance des touristes et des investisseurs comme l’irréfutable logique des chiffres semble le montrer.
De l’autre côté, un modèle algérien économiquement fermé, politiquement verrouillé, avec une culture de prédation économique et de pyromanie diplomatique. Le pouvoir, dépourvu de légitimité, est en confrontation permanente avec sa population, privée de tous ses droits élémentaires. Liberticide par essence, agressif par atavisme, le régime algérien offre un visage hideux à la communauté internationale. Son alliance douteuse avec le régime iranien et son jeu trouble avec les organisations terroristes au Sahel font qu’il soit impossible de lui accorder la moindre once de confiance. Ce régime utilise le chantage comme procédé diplomatique: chantage au gaz, à la crise migratoire, à la carte terroriste…
Récemment, le Parlement européen avait voté une résolution demandant la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, fait prisonnier par le régime algérien dans le seul but de monnayer sa libération contre une quelconque concession française. L’écrasante majorité des votes pour sa libération était en total décalage avec les arguments de ceux, très minoritaires, qui ont voté contre, tous issus de l’extrême gauche. Cette même extrême gauche qui a tenu après à organiser une audience du Front Polisario au sein du Parlement européen, heureusement et massivement boycottée par la plupart des groupes dudit parlement.
Aujourd’hui, les pays de l’Union européenne ne peuvent plus rester dans l’indécision et l’hésitation. Il s’agit pour eux d’installer le partenariat d’exception avec le Maroc sur de solides bases institutionnelles, de le sanctuariser avec d’indestructibles balises. Celles-ci auraient pour objectifs de fermer la porte à toutes les tentatives d’intrusion et de pollution du régime algérien utilisant contre des sommes sonnantes et trébuchantes l’activisme d’une certaine extrême gauche. Comme ce que fait une minorité de l’extrême gauche auprès du Parlement européen, ou ce qu’a tenté de faire en France la Confédération paysanne, proche du régime d’Alger, heureusement remise à sa place et empêchée dans sa stratégie de pollution des relations franco-marocaines par le Conseil d’État.
Pour les pays de l’Union européenne, il s’agit de réécrire les modalités de leurs relations avec le régime algérien de manière à lui limer les ongles et lui enlever toute possibilité de défier son voisinage maghrébin et méditerranéen à travers sa propension à alimenter les tensions et les défis sécuritaires. Cette approche passe, entre autres, par la fabrication d’une position commune sur l’affaire du Sahara qui adresserait un message extrêmement dissuasif au régime d’Alger, selon lequel il serait vain de continuer à se nourrir de chimères pour une cause perdue malgré les milliards investis.