Des représentants du clan tribal des Rguibat Souaâd ont organisé, ce dimanche 25 juin, entre 10h du matin et 13h10 de l’après-midi, une manifestation motorisée qui a pris la direction du bureau du Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies à Rabouni. Ces quelque soixante personnes, dont un tiers de femmes, ont afflué des différents camps de Lahmada à bord de 24 véhicules, en vue d’organiser un sit-in de protestation.
À travers cette nouvelle action, les membres du clan tribal Rguibat Souâd comptent maintenir la pression sur le Polisario en vue d’obtenir la libération immédiate de leur fils et cousin, Salem Maalainine Souid, kidnappé depuis le 20 avril dernier et qui se trouve actuellement en détention à la prison de «Dhaibia» (contrairement à ce que peut faire croire sa connotation, Dhaibia n’a rien à voir avec l’or, mais est un terme hassani qui qualifie aussi bien un gros «sac» muni d’un col qu’un petit sachet).
Les protestataires réclament également une protection des Nations unies contre la répression dont leur clan, et particulièrement les femmes, fait l’objet depuis deux mois sous les mains des milices du Polisario. Ils réclament aussi la liberté de mouvement et, en vertu de leur statut de «réfugiés», le droit au travail en Algérie ou ailleurs.
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Ces protestataires ont été bien évidemment empêchés par les milices du Polisario d’accéder à la représentation locale du HCR, non loin de laquelle ils ont défilé à coups de klaxon dans leurs véhicules.
La file de véhicules a ensuite pris la direction du siège du Polisario à Rabouni, où ces manifestants, rejoints par d’autres habitants des camps, ont organisé un sit-in au cours duquel divers slogans ont été scandés contre la dictature et la répression que subissent les habitants des camps, à travers un ciblage tribal. Ils ont aussi dénoncé les violences que subissent les femmes lors de sit-in pacifiques et à l’intérieur même de leurs tentes. Contre ces dernières, le Polisario a mis sur pied un escadron de femmes cagoulées chargées de violenter les manifestantes dans la rue, voire chez elles.
C’est pour cette raison que, sur les banderoles des manifestants de ce dimanche, on pouvait lire des inscriptions comme «L’honneur des femmes est une ligne rouge», «Non à la répression et à la dictature» et «Nous réclamons justice»…
Depuis début avril dernier, et la diffusion d’une vidéo montrant une citerne remplie de carburant en route vers la Mauritanie et appartenant à un dirigeant du Polisario actif dans la contrebande au Sahel, les camps de Tindouf sont secoués par de vives protestations, suite à l’arrestation de l’auteur de cette vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux.
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Ainsi, des stations-service, des pharmacies et des véhicules des milices du Polisario ont été régulièrement brûlés par de jeunes manifestants en colère. Les femmes, elles, se contentaient de sit-in à Rabouni, mais subissaient leur lot dans la spirale de l’implacable répression.
Le régime algérien a envoyé une noria d’émissaires sur place en vue de tenter de calmer les esprits, croit-il, avec sa propagande mensongère. Le dernier responsable à avoir visité Rabouni n’est autre que le chef de file du parti du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belais, qui a été copieusement sifflé et hué par les jeunes Sahraouis des camps de Lahmada.