Des drapeaux marocains à Tindouf, le Polisario réprime

Vue aérienne du camp de Tindouf.

Revue de presseLa colère des habitants des camps de Tindouf, récurrente depuis maintenant plusieurs mois, ne faiblit pas, sur fond de contestation de la légitimité du chef du Polisario. Dernier épisode en date, un violent incendie dans une station de carburant, délibérément provoqué par de jeunes Sahraouis. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath.

Le 08/06/2023 à 21h57

La direction du Polisario ne lésine sur aucun moyen pour cacher au monde la violente rébellion qui sévit dans le désert du sud-ouest algérien. Malgré cette tentative de black-out, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribiya, dans son édition du vendredi 9 juin, l’Observatoire sahraoui des droits de l’homme dans les camps de Tindouf (Forsatin), un organisme formé d’anciens membres du Polisario et soutenant le plan marocain d’autonomie au Sahara, reçoit quotidiennement les images de ce qui se passe dans la prison à ciel ouvert de Rabouni.

Ainsi, dans une nouvelle escalade d’affrontements entre milices armées du Polisario et jeunes manifestants sahraouis, ces derniers ont mis le feu à une station-service, qui appartiendrait à l’un des dirigeants du Polisario. Le Polisario tente de minimiser ce qu’il appelle «un simple incident», alors qu’il s’agit d’un violent incendie qui n’a pas été maîtrisé.

Al Ahdath rappelle que ces manifestants contestent la légitimité de Brahim Ghali en tant que chef des séparatistes et la répression féroce menée par son clan tribal, ses milices armées et la mafia des détournements.

En plus du rejet massif du nouveau mandat de Benbatouche, qui a mis le feu aux poudres dans les camps de Tindouf, c’est la divulgation récente d’un détournement des aides destinées aux populations de ces camps par un dirigeant du Polisario, pris en flagrant délit de convoyage de marchandises, dont une citerne pleine de carburant volé, qui ont embrasé les camps.

En effet, le lanceur d’alerte qui a pris le dirigeant du Polisario la main dans le sac a été kidnappé juste après ses révélations filmées. C’est la gendarmerie algérienne qui l’a arrêté le 30 avril dernier, avant de l’embastiller dans un lieu secret, où il subirait les pires tortures, selon les sources d’Al Ahdath.

Depuis cette arrestation, le clan tribal de Mohamed Salem Malainine Soueid, Sahraoui détenteur de la nationalité espagnole, résidant et travaillant au pays Basque espagnol, ne cesse de mettre la pression sur Benbatouche, qui a choisi de répondre par la répression. Mais cette fuite en avant n’a pas réussi à intimider les protestataires dont le mouvement s’est étendu à tous les camps de Lahmada.

Al Ahdath rapporte aussi que plusieurs médias espagnols, dont La Razon et OK Diaro, ont fait état d’arrestations massives de jeunes Sahraouis dans les camps. Ils ont surtout soulevé le silence auquel sont confrontées les démarches initiées par certaines organisations de défense des droits de l’homme en vue de pousser le ministère espagnol des Affaires étrangères et le consul espagnol à Oran à réagir pour obtenir la libération immédiate de Mohamed Salem Soueid, considéré comme un ressortissant espagnol.

OK Diaro va même jusqu’à expliquer que Madrid garde le silence pour éviter un «piège» algérien qui viserait à faire un marchandage ou un chantage sur la position espagnole, favorable au plan marocain d’autonomie au Sahara.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 08/06/2023 à 21h57