Présenté comme un évènement «Made in Morocco», le salon «Morocco Fashion Style & Tex», prévu du 28 au 31 mai à Casablanca, risque de créer une confusion auprès des donneurs d’ordres et acheteurs qui s’attendent à y rencontrer des fabricants marocains. Une pétition adressée au président de l’Association marocaine de l’industrie du textile et de l’habillement (Amith) pointe «une usurpation de l’image industrielle du Maroc, qui porte atteinte à la crédibilité et à la visibilité des véritables acteurs nationaux».
Au-delà de cette confusion, renchérit la même source, cette exposition «encourage l’importation de produits finis, souvent issus de pratiques commerciales déloyales (dumping et non-respect des normes sociales ou environnementales)».

«Promouvoir l’importation au détriment de l’industrie»
Les signataires de la pétition estiment que ce genre d’initiatives «fragilise notre tissu industriel (…) et va à l’encontre des efforts engagés par le Royaume pour soutenir le “Made in Morocco”, renforcer la souveraineté industrielle et créer de la valeur localement». «Aucun pays textile sérieux, qu’il s’agisse de la Turquie, de l’Égypte, de la Chine ou de l’Inde, n’autoriserait sur son territoire un événement international servant uniquement à promouvoir l’importation au détriment de sa propre industrie», notent-ils.
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Contacté par Le360, le président de l’Amith, Anass El Ansari, fait part de son inquiétude à l’égard de «ces événements, portés par des opérateurs étrangers, qui ont pour objectif de renforcer leur présence sur le marché marocain, au détriment de l’industrie nationale». Si une telle démarche se poursuit sans encadrement, elle risque de créer «une situation de concurrence déloyale, en facilitant l’inondation du marché local par des produits importés, souvent à bas coût», soutient-il.
La Chambre de commerce de Casablanca-Settat interpellée
Le président de l’Amith pointe surtout la responsabilité de la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Casablanca-Settat (CCISCS), qui apporte son soutien à l’organisation de ce salon. Dans une lettre adressée à son président, Hassan Berkani, Anass El Ansari a souligné que «le “Made in Morocco”, fruit de nombreuses années de structuration industrielle, ne saurait être instrumentalisé pour servir des intérêts commerciaux étrangers sans respect des critères de traçabilité, d’origine et de valeur ajoutée locale».
Et de conclure sa lettre en appelant la CCISCS à «suspendre tout soutien institutionnel ou opérationnel à cet évènement, dans l’attente d’une clarification de ses objectifs réels et du respect strict des règles d’étiquetage et de transparence». Contacté par Le360 pour une réaction, Hassan Berkani est resté injoignable.