Chaque été, Agadir attire des milliers de visiteurs, venus profiter de son climat ensoleillé et de ses infrastructures modernisées. Mais, cette année, la location d’un appartement meublé est devenue un véritable luxe pour les familles à revenu modeste ou moyen. «Les prix actuels ne sont plus accessibles à la majorité des citoyens. Certains intermédiaires et agences immobilières contrôlent le marché et fixent les tarifs à leur guise», déclare Mustapha Anzam, membre de l’Association de protection des consommateurs d’Agadir.
Selon lui, la situation s’est aggravée avec l’arrivée sur le marché d’une agence étrangère qui impose désormais ses propres prix sans considération pour le pouvoir d’achat des vacanciers ni pour l’image de la ville. Autrefois, un appartement se louait entre 200 et 300 dirhams la nuitée. Aujourd’hui, ces tarifs ont triplé. «Actuellement, il faut souvent débourser plus de 600 dirhams la nuit, selon le quartier», précise-t-il.
Ce phénomène ne touche plus seulement les quartiers huppés comme Charf, Taddart, Talborjt ou la Cité suisse. «La flambée des prix a gagné également les quartiers populaires et périphériques, tels que Dakhla, Salam, Al Qods, Al Wifaq, Al Khayam, Massira, Al Houda ou encore Tilila», confirme Mustapha Anzam.
Pour de nombreux vacanciers, cette situation devient dissuasive. «Un grand nombre de visiteurs préfèrent désormais d’autres destinations, y compris des villes espagnoles, où les prix sont parfois plus compétitifs», déclare de son côté Saïd Messoudi, acteur associatif à Agadir. «Cela a des répercussions directes sur l’économie locale, qui dépend largement du secteur touristique», ajoute-t-il.
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Saïd Messoudi pointe également du doigt l’émergence de ce qu’il qualifie de «spéculateurs immobiliers». «Le secteur est désormais entre les mains des chennakas (intermédiaires sans scrupule), il est urgent que les autorités interviennent pour réguler ce marché», insiste-t-il. Selon lui, la mise en place de prix plafonnés et de règles strictes permettrait d’offrir des conditions d’hébergement décentes aux visiteurs et d’encourager leur fidélisation à la destination.
Malgré cette flambée des prix dans le secteur informel, les hôtels d’Agadir, eux, enregistrent de très bons taux d’occupation. D’après des sources professionnelles, le taux de remplissage dépasse actuellement les 80%, et pourrait même s’intensifier durant le mois d’août, période de forte affluence.
Il faut dire que la ville bénéficie aujourd’hui des fruits du programme royal ambitieux «Plan de développement urbain d’Agadir 2020-2024», qui a permis de transformer son offre touristique avec de nouvelles infrastructures publiques, des espaces de loisirs modernes et une diversité de services attractifs. Mais pour que ce renouveau profite à l’ensemble du tissu économique local, un encadrement strict de la location saisonnière apparaît désormais obligatoire.