Essayez de lire cette information, parue dans El Moudjahid daté du 5 mai 2025, sans éclater de rire:
«Une délégation composée de cadres et du membre de la Cour constitutionnelle Bouziane Aliane effectue du 3 au 6 mai une visite au siège du Conseil constitutionnel sahraoui à l’invitation du président du Conseil constitutionnel de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Bouzid. Cette visite s’inscrit dans le cadre de la consolidation des liens d’amitié et de coopération, du renforcement des relations de concertation et de coopération et de l’échange d’expertises dans les domaines du droit constitutionnel et de la justice constitutionnelle, en application du mémorandum d’entente signé entre les deux institutions constitutionnelles en janvier 2025», lit-on dans le communiqué.
Quand vous aurez fini de rire, analysons, si vous le voulez bien, le paragraphe qui précède.
1- Il existe donc un machin nommé «Conseil constitutionnel sahraoui». Première nouvelle. Dans tous les pays qui ne sont pas une fiction comme la «RASD» , le Conseil constitutionnel contrôle la constitutionnalité des normes juridiques, par exemple celle des lois que vote le Parlement. On est donc priés de croire que le dénommé Mohamed Bouzid examine les lois qu’adopte le parlement fantomatique d’une république fantomatique, puisque sans territoire, ni peuple, ni État, puis qu’il décide si elles sont conformes ou non à une Constitution fantomatique. À voir circuler tous ces fantômes, on a l’impression que ce Bouzid n’est pas un juriste, mais un exorciste.
2- Supposons maintenant que Bouzid fasse vraiment le travail pour lequel il est payé -par l’argent du peuple algérien, soit dit en passant. Dans ce cas, il devrait rejeter toutes les lois qu’il examine pour une raison simple et évidente: la «RASD» ne disposant pas d’un territoire, ces lois ne peuvent s’appliquer nulle part donc elles n’ont aucune validité.
«Qu’en déduire? Qu’il y a des frais de mission et des per diem à gonfler en faisant semblant de passer cinq jours à bavarder avec Bouzid?»
3- Supposons que le parlement de la «RASD» lui rétorque que ces lois s’appliquent dans les camps de Tindouf, où vivotent de pauvres hères qu’on empêche de rentrer chez eux, au Maroc. Bouzid devrait quand même les rejeter toutes puisque Tindouf fait aujourd’hui partie du territoire algérien (merci, la France d’antan). Des lois «sahraouies» ne sauraient s’appliquer dans un autre pays.
4- Si le bougre ne les rejette pas, on en déduit que la région de Tindouf fait partie de la «RASD» et non du territoire algérien. Qu’en pensent Tebboune au long nif et son patron Chengriha, d’ordinaire si chatouilleux sur la souveraineté de l’Algérie? Le «Conseil constitutionnel sahraoui» exerce ses prérogatives sur un morceau de votre pays et vous ne dites rien, gérontes inconséquents?
5- Enfin, il y a un dernier détail amusant dans le communiqué suinté par El Moudjahid. La délégation algérienne effectue ladite visite du 3 au 6 mai. Cinq jours! Cinq jours pour traverser la rue (tous les pontes du Polisario habitent confortablement à Alger et non dans le désert) et visiter des locaux qui doivent se réduire à un petit bureau avec une photocopieuse et une machine à café, vu l’inaction dans laquelle doit végéter le «Conseil constitutionnel sahraoui».
Qu’en déduire? Qu’il y a des frais de mission et des per diem à gonfler en faisant semblant de passer cinq jours à bavarder avec Bouzid? Que les membres de la Cour constitutionnelle algérienne -qui n’ont rien à faire puisque c’est l’armée qui contrôle le législatif- s’ennuient tellement qu’ils préfèrent passer cinq jours à faire des photocopies et à boire du café ailleurs que dans leurs bureaux déserts?
On se perd en conjectures -tout en se tenant les côtes de rire devant les mascarades auxquelles se livrent Chengriha et Tebboune pour faire croire que la «RASD» existe.