Non, je n’irai pas à Alger…

Mouna Hachim.

ChroniqueL’Algérie d’aujourd’hui ne me fait pas rêver…

Le 05/10/2024 à 11h00

Non je n’irai pas voir l’inexpugnable Constantine perchée sur son rocher, là «où l’homme est plus haut que l’aigle», d’après les mots légendaires attribués à Constantin.

Je n’irai pas voir El-Eubbad près de Tlemcen, où repose Sidi Bou-Madyane depuis son berceau sévillan après s’être formé à Fès et abreuvé aux sources du mysticisme, au Moyen Atlas, auprès de Moulay Bou-Azza…

Je n’irai pas voir la vallée du Mzab et les Ksours ibadites mêlant architecturalement éthique et esthétique, Bejaïa et les grands massifs du Djurjura, Biskra, jadis sur la route des caravanes des pèlerins qui, parties du Maroc, se rendaient, en grossissant en chemin, vers les Lieux Saints…

Non, je ne peux visiter un pays à travers l’ornière d’une vision surannée, oublier les réalités politiques, les remous économiques, la grogne sociale lancinante, la haine de l’Autre inculquée comme exutoire et paravent, les pulsions de déstabilisation et de destruction orientées contre les voisins…

Le vice-Premier ministre malien, Abdoulaye Maïga, ne vient-il pas de dénoncer devant la communauté internationale, à la tribune des Nations unies, les ingérences de l’Algérie? Écoutons-le, il ne mâche pas ses mots: «En plus d’offrir le gîte et le couvert, certainement avec de succulents plats de chekchouka et de chorba, à des terroristes et à des renégats en débandade, son rôle d’estafette désorientée ne contribue guère à la promotion des relations de bon voisinage».

Le régime des caporaux, instigateur de tous les coups tordus, n’a-t-il pas ajouté, à son pantin croupissant de Tindouf, une prétendue «représentation du Rif», ouverte par ses soins sur les hauteurs d’Alger, en présence de trois pelés et un tondu faisant partie d’un groupement indépendantiste inconnu au bataillon?

Non, l’Algérie d’aujourd’hui ne me fait pas rêver.

Et ce n’est pas une simple question de réinstauration de visa d’entrée aux détenteurs d’un passeport marocain, présentés par les services de propagande officiels comme de potentiels «agents de renseignements sionistes», devant l’indifférence placide des politiques marocains et les railleries des populations dont l’Algérie est sans doute la dernière destination au monde au programme des visites, pour toutes les raisons évoquées, mais aussi parce que cela se saurait si elle était dans les tendances du voyage d’aujourd’hui.

Que l’on se souvienne du périple très commenté du globe-trotteur Antoine de Maximy, dans le cadre de son émission «J’irai dormir chez vous», diffusée sur la chaîne française RMC, marqué de bout en bout par une surveillance policière digne d’une caricature de l’ère soviétique et une chape de plomb sous la coupe de la nomenklatura.

«Dans cette logique d’escalade où l’agitation épidermique l’emporte sur la raison, on se demande quelle pourrait être la prochaine ignominie, en ayant une pensée pour les ressortissants marocains vivant en Algérie»

Comme toujours, ce sont les liens familiaux, tissés il y a un temps de part et d’autre des frontières, qui se trouvent affectés par ces mesures insensées d’entrave à la liberté et à la fluidité de circulation.

Au triste palmarès d’Alger, figure la fermeture, depuis 1994, des frontières terrestres avec le Maroc, qui avait été la cible, peu avant, de l’attentat terroriste de l’hôtel Atlas Asni, dans lequel sont impliqués des ressortissants algériens, commandités par qui on sait, devant le refus des autorités algériennes de collaborer dans l’enquête diligentée, poussant le Maroc à imposer un visa d’entrée aux Algériens, supprimé en 2004, alors que les frontières sont restées closes pour trois décennies successives et condamnées visiblement à le rester.

En août 2021, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra annonçait la rupture, avec effet immédiat, des relations diplomatiques avec le Maroc, accusé dans un incroyable délire d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays.

Le mois suivant, à l’issue d’une réunion du Haut Conseil de sécurité présidée par le chef de l’État, c’est l’espace aérien qui est fermé à tous les avions civils et militaires marocains. Après la terre et le ciel, il manquait la voie portuaire. Qu’à cela ne tienne!

Dostoïevski disait, dans «Les frères Karamazov»: «Ce n’est pas en enfermant son voisin (ou du moins, essayer d’enfermer dans ce cas de figure) qu’on se convainc de son propre bon sens».

Car de bon sens, il n’y en a point.

Vient donc l’interdiction formelle du transbordement par les ports marocains de toute marchandise destinée à l’Algérie, avant le piteux revirement, celle-ci ayant réalisé sans doute, après coup, les conséquences irréfléchies de ses décisions, impactant ici ses importateurs, le pouvoir d’achat de ses citoyens et écornant le peu de capital confiance qui subsistait auprès de ses partenaires économiques.

Dans cette logique d’escalade où l’agitation épidermique l’emporte sur la raison, on se demande quelle pourrait être la prochaine ignominie, en ayant une pensée pour les ressortissants marocains vivant en Algérie.

Comment oublier, même cinquante années après, la tragédie vécue par des dizaines de milliers de Marocains, expulsés manu militari d’Algérie, où ils sont nés pour une grande partie d’entre eux et où ils ont vécu en toute légalité, en une Marche noire orchestrée par Mohamed Boukharrouba, alias Houari Boumédiène, en réponse à la Marche verte?!

Alors, sans doute que dans une configuration normale, j’aurais trouvé enrichissant de programmer, dans le cadre d’une tournée culturelle et de rencontres livresques, des villes comme Oran ou Blida, Annaba ou Tizi Ouzou, rappeler les valeurs de fraternité qui ont marqué notre histoire, invoquer, au-delà de tous les clivages, la nécessité d’une vision commune susceptible de déboucher sur un projet de développement territorial, porteur de richesses et de stabilité…

Encore faut-il les entendre, de l’autre côté, les voix de raison dénonçant les basses manœuvres de division, si ce n’est pas possible de l’intérieur du pays, pour les raisons que l’on imagine, du moins dans la diaspora.

Pour toutes ces raisons, je n’irai pas à Alger.

Par Mouna Hachim
Le 05/10/2024 à 11h00

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

J ai été à Alger il y a quelques années de ça pour une capitale ces minable et c'est un effémisme un exemple nous avons passé une partie de la journée a rechercher un resto digne de ce nom

Alger ? Ou... "la capitale Yacoubian" Je ne saurais mieux dire.. En hommage au best seller de Aswan Alaa qui a su admirablement décrire la décrépitude à l'égyptienne du célèbre immeuble cairote... Ceux qui se voudraient s'en convaincre pourraient visualiser la vidéo de Jamal Benchenouf où il parle de ce que fût la ville "jadis blanche" des années 60...et de ce qu'elle est devenue. PS : moi-même j'ai pu constater de visu en 1991 déjà ( contraintes professionnelles) lors de mon dernier passage (forcé) d'une semaine de la déliquescence d'Alger et de tout le reste.

Moi non plus

Mouna, le moindres qu'on puisse dire, c'est que tu as l'imagination féconde. Franchement parlant, tu traites de sujets d'histoire et de la géographie comme si tu composais une mélodie. Affectueusement.

Je n'irai pas au patelin de l'est car je n'ai pas envie de salir mes SOULIERS......

Non, je n’irai pas à Alger!Pour faire quoi dans cette déchetterie à ciel ouvert? Pour voir dès l'aube des files interminables pour des denrées alimentaires? Pour voir des misérables DZibiens se bagarrer pour. 1 sachet de lait en poudre? Pour voir la saleté à 360 degrés (alger est classée parmi les pires villes et sales au monde + voir le Net), Pour rester pendant des semaines sans se laver suite aux longues coupures d'eau (voir le Net) et bonjour pour bit raha hachakoum. Voir des bus de transport des années 70 et 80 (voir le Net pour rire), Pour se baigner dans des plages qui sont devenues des lieux des décharges fécales (voir le Net) sans parler de leur saleté (Net). Pour choper la malaria, la dysenterie, le choléra etc.. Pour se faire fliquer 24/24h? Antoine de Maximy en sait qq chose.

Vous n irez pas à alger ,moi je n irai pas en algerie, parce que l algerie n a jamais osé blamer alger,l algerie fait des constats des comportements agressifs non cordiales depuis des décennies et fais semblant de circuler rien à voir, je n irai pas en algerie parce que cette dernière a la possibilité de hausser le ton et dire à alger ça suffit. La voix de l algerie compte beaucoup plus qu alger mais elle joue au spectateur....

Attention l'Algérie veut se donner de l'importance avec cette blague de Visas !!! On parle de Visas entre pays ayant des rapports normaux et ordinaires ! N'oublions pas que l'Algérie refuse l'ouverture des frontières terrestres avec le Maroc et L'Algérie a expulsé des milliers de Marocains en pleine fête religieuse et l'Algérie a tué des Marocains égarés près de Saidia... Attention les Marocains n'ont pas la mémoire courte et les Marocains sont Fiers ! Qui vivra verra ! MERCI

Hamdaoui:::::/ y a pas pire sourd que celui qui s'est crevé les oreilles pour pas entendre la VÉRITÉ qui lui donne le bourdon, c'est leur cas voilà pourquoi ils ne s'entendent déjà pas entre eux. L'algérien n'a pas l'importance à laquelle il s'acharne a avoir, s'il pesait tout ce qu'il a dilapidé comme fortune en 55 ans rien que pour de nuire, l'algérien du coin de rue s'appellerait le nabab de Beverly Hils, alors qu'il s'est estampillé bouffon du coin, juste là, derriere "zouj ebghal"; le temps passera et l'algérien continuera a croire qu'il est important et conjuguera au présent son passé cafouillant. le vieux Marocain du vieux derb dirait; Tfou ! allah yen 'elha jerra"

"l’Algérie d’aujourd’hui ne me fait pas rêver ??" Mme Hachim, posez cette question a l'homme de 58 ans s'il rêve de revisiter Oran, Bellabess, aïn témouchent, Mascara ou blida, vous raviverez en lui cette affreuse image quand âgé de 8 ans la police a été le prendre dans classe pour le déposer chez ses parents en partance forcée vers la gare de trie où tous s'entasseront dans des wagons a bestiaux direction Maghnia. C'est comme demander a un pied noir de 70 ans s'il veut faire un saut de 48 h a tlemcen, lui qui a encore dans ses oreilles ces mots : "la valise ou le cercueil". Savez-vous qu'en ce novembre 75, des policiers de maghnia ont abusé de certaines jeunes femmes déposées a la frontière avec leurs parents, non ? moi je l'affirme haut et fort et ça était étouffé depuis coté Maroc

Ce n'est étonnant de la part des sous hommes Harki les lâches incapables de faire face a une seule guerre

il y a beaucoup d'algeriens au maroc, qui ,a mon avis, jouent un double jeux, et des fois je pense que peut etre les postes/emplois strategiques quils occupent sont le fruit d'un plan nefaste pour avoir plus d'information sur note pays. Aucune preuve sur cela, mais mon sixieme sens me dit qu'on devrait faire attention de toutes personnes algerienne ou d'origine algerienne, car plusieurs se marient a des Marocaines et donc peuvent passer incognito. wa Allah a3lam

La liaison fatale ce sont les mariages mixtes...

Mouna vous serez toujours la bienvenue en Algérie.

Pour passer des vacances ou visite une prison ou une poubelle à ciel ouvert ? Ou se faire accuser d'espionnage 😂? Mais au fait ESPIONNER QUOI DANS UN PAYS SOUS-DÉVELOPPÉ À TOUS les NIVEAUX ET VIT ENCORE DANS LES ANNÉES 70 ? Pour rester sans se doucher, car les pauvres robinets en Dz restent à sec pendant des mois et après le passage aux WC les Dz sont obligés d'utiliser des galets comme à l'époque néandertalienne? Bouffer des brochettes ou des sandwichs à la viande d'âne ? Chopper la malaria par manque d'hygiène etc. Toutes les vidéos sont disponibles sur les RS et faites par des Dz sur place....et la liste est longue! Le marocain a le choix pour ses vacances entre la belle Dakhla au Sahara marocain vue sur l'Atlantique😂 jusqu'aux belles plages et villes du Nord méditerranéen marocain.

Avant la fermeture de le frontière en 1994, avec mon défunt père qui est originaire de Berkane qui avait décidé d’aller faire une petite escapade de 2 jours dans le pays voisin. Ce fut un séjour cauchemardesque. Déjà à l’époque, nous qui étions habitués lors de nos voyages au Maroc, à manger dans des restaurants bien achalandés en grillades, salades, frites, thé à la menthe...etc et à prendre des petits déjeuners copieux, nous n’avions rien trouvé de tel dans ce pays. Heureusement, ma mère Allah Yarhamha avait apporté dans nos bagages de quoi nous nourrir. Même pour acheter du pain, il y avait des queues interminables et pas tout le monde ne pouvait être servi! Sans parler du manque d’eau etc.Moi aussi ainsi que tout mon entourage n’irons plus jamais dans ce bled!

Tout est bien dit. Bravo Professeur Mouna pour votre article qui a résumé et relaté toutes les "khouza3bilates" de ce pouvoir corrompu de ce pays depuis son soit disant indépendance en 1962... 👍👋👏👏

Moi non plus je n'irai pas à Alger ! Je devine que tous ceux qui commenteront cet article ici diront la meme chose.

Même les oiseaux migrateurs évitent de survoler cette hôpital psychiatrique hostile à l'homme, la faune et la flore, les algériens fuient le pays par milliers y'en a même qui ont choisi de vivre le restant de leur vie au Maroc, c'est pour ça que la junte belliqueuse machiavélique sanguinaire Ânegerienne espère que le Maroc instaure le Visa par réciprocité.

0/800