Dans un communiqué publié samedi dernier sur sa page Facebook, la présidence tunisienne annonce, au détour d’une seule phrase, que «sur invitation du président de la République, Kaïs Saïed, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le président du Conseil présidentiel de Libye, Mohammed El Menfi, effectueront une visite à Tunis, le lundi 22 avril 2024, en vue de participer à la première réunion consultative entre les trois pays frères».
À aucun moment, la présidence tunisienne n’a fait référence au caractère «maghrébin» que l’Algérie veut donner à cette nouvelle rencontre entre les trois pays, après celle du 3 mars dernier à Alger.
La prudence du communiqué tunisien s’explique par la volonté d’éviter un boycott de la réunion informelle de ce lundi par la partie libyenne qui a récemment exprimé son refus de cautionner l’émergence d’une UMA-bis, dont serait exclu le Maroc. En effet, le Conseil présidentiel libyen a expliqué, au début de ce mois, que son pays entretient de bonnes relations, sans exclusive, avec tous les «États frères du Maghreb arabe, dont elle soutient l’intégrité territoriale et la souveraineté, et appelle au règlement des différends au sein de l’UMA à travers le dialogue constructif».
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Cette mise au point de l’exécutif libyen établi à Tripoli qui, soit dit en passant, ne contrôle qu’une infime partie du territoire de l’ex-Jamahirya, dont les deux tiers sont entre les mains du maréchal Khalifa Haftar, virulent opposant à l’hégémonie régionale algérienne, est intervenue après le dévoilement par les autorités algériennes de leur réelle intention visant à créer un nouveau regroupement maghrébin dont serait exclu le Maroc. Successivement, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a avancé ce qu’il appelle la nécessité de «combler le vide», face à une UMA dans «le coma», avant que Tebboune ne lui emboite le pas pour affirmer clairement sa volonté de créer un nouveau cadre maghrébin qui, dit-il, n’est tourné contre personne, en allusion au Maroc.
Sentant venir l’échec d’une telle initiative, certains médias algériens ont fait état de «prudence» à la veille de la réunion du 22 avril à Tunis. Selon L’Expression, un quotidien proche de la junte au pouvoir, «la prudence justifiée, dont font montre les trois États, dans la présentation de cette initiative, n’interdit pas, à terme, une ambition d’intégration régionale plus aboutie», en ajoutant que «l’idée de ce sommet tripartite, sa périodicité et l’engouement qu’il suscite au niveau des deux autres capitales constituent un signe probant d’une intention d’édifier un nouvel ensemble régional, sans exclusive».
Peine perdue, car s’il est évident que le Maroc n’acceptera jamais d’intégrer un cadre régional nord-africain autre que celui de l’UMA, la Mauritanie, pour sa part, tient fermement au Maghreb des «Cinq» tel qu’il a été institué par le Traité de Marrakech de 1989.
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Il est à rappeler ici que Tebboune a lamentablement échoué à retenir le président mauritanien, présent à Alger les 1er et 2 mars dernier où il a assisté au sommet des pays gaziers. Ce dernier a refusé de prendre part à la première réunion organisée par le président algérien en vue de lancer son cadre maghrébin mort-né. S’ensuivront de nombreux appels téléphoniques entre Tebboune et El Ghazaouani, qui n’ont eu d’autre effet que la confirmation du refus de la Mauritanie d’adhérer à tout regroupement maghrébin qui exclut le Maroc.
C’est alors que le président tunisien, Kaïs Saïed, aurait été mandaté par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune dont il est devenu le vassal, en vue de convaincre le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, de revenir sur son refus de rejoindre le cadre maghrébin que l’Algérie croit pouvoir créer sans le Maroc.
Voulant mettre à profit les excellentes relations que Nouakchott et Tunis ont régulièrement entretenues depuis l’indépendance des deux pays, Kaïs Saïed, dont le pays est en difficulté politico-économique et dépend en partie des quelques subsides que l’Algérie lui octroie avec parcimonie, a finalement essuyé un refus catégorique de la part de son homologue mauritanien. Ce dernier a reçu deux appels téléphoniques de Saïed, le 10 avril en guise, mine de rien, de félicitations à l’occasion de la fête d’Al-Fitr, puis le 11 avril l’invitant à une visite officielle en Tunisie en même temps que Tebboune et Mohamed Younes el-Menfi.
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Ces échanges téléphoniques n’auraient servi, en fin de compte, qu’à créer, selon certains médias, un froid entre le très nerveux Kaïs Saïed et le très posé, mais intransigeant sur les principes, El Ghazouani.
Hasard de calendrier ou non, El Ghazouani a choisi le jour même de la tenue du mini-sommet de Tunis pour présider un Conseil des ministres exceptionnel à Nouadhibou, capitale économique de la Mauritanie, et ville jumelle de Lagouira, localité de l’extrême sud du Maroc.
Ainsi, à force de trop vouloir éluder l’isolement régional et international dans lequel il a empêtré son pays, le régime algérien s’enfonce un nouveau clou dans le pied à travers cette réunion de Tunis ayant pour objet une initiative irréalisable.
La réunion de Tunis intervient surtout au moment où l’Algérie vient de se faire humilier, devant le monde entier, par la plus haute instance du football africain, qui a reconnu au Maroc le droit de floquer le maillot de ses clubs avec la carte complète du Royaume.
Elle intervient aussi au moment où le Niger, que l’Algérie a tenté de punir pour avoir renforcé récemment ses relations avec le Maroc en lui expédiant d’un coup des milliers de migrants subsahariens, a pris, dimanche 21 avril, une décision radicale. Il a appelé tous ses ressortissants qui résident légalement ou non en Algérie à quitter rapidement ce pays, ce qui augure d’une prochaine fermeture des frontières nigéro-algériennes.