Après avoir réussi à neutraliser une tentative de sabotage de sa candidature par l’Algérie, le Maroc a obtenu, ce mercredi 12 mars à Addis-Abeba, en Éthiopie, la présidence de la 57ème session de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA) et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique.
Une victoire qui témoigne de la confiance des États membres dans le leadership du Maroc et dans son engagement en faveur d’une gouvernance économique africaine dynamique et inclusive. La Commission économique pour l’Afrique (CEA) est l’une des cinq commissions économiques régionales de l’ONU. Il s’agit d’un acteur majeur pour la promotion d’un développement inclusif et durable en Afrique, notamment grâce à ses études, ses programmes d’appui aux États membres et son rôle d’espace de concertation sur les grands enjeux du continent. «La CEA, c’est tout simplement le bras économique de l’ONU en Afrique», nous résume une source informée.
Une commission au rôle cardinal
Créée en 1958, cette commission a pour rôle d’apporter un appui technique dans des domaines clés tels que la croissance et la transformation économiques, l’intégration régionale et le commerce intra-africain, la réduction de la pauvreté et l’inclusion, ou encore la transformation numérique. La CEA produit régulièrement des rapports économiques et sociaux sur la situation dans le continent, et appuie les gouvernements africains dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques. Avec un secrétariat basé à Addis-Abeba, la Commission travaille en coordination avec d’autres agences onusiennes, l’Union africaine (UA) et divers partenaires au développement.
Courant sur une année, la présidence marocaine apporte la preuve de l’expertise marocaine dans des domaines aussi vitaux que pointus. Et c’est Ryad Mezzour, ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, qui aura à assurer la présidence de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique.
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L’Algérie n’a évidemment pas raté l’occasion de cette élection pour jouer des coudes et tenter de torpiller la victoire annoncée du Royaume. Alors que le régime d’Alger ne disposait même pas d’un candidat propre, il a tenté de saboter la candidature marocaine.
«La pratique veut que chacune des cinq sous-régions dispose d’un membre au sein de la CEA. Pour l’Afrique du Nord, jusqu’ici, c’était l’Égypte, que le Royaume s’est proposé de remplacer. Mais alors qu’aucun autre candidat n’était en lice et que le chemin était tracé pour le Maroc, l’Algérie a essayé de jouer les prolongations sous prétexte d’absence d’accord sur la candidature marocaine», explique notre source. «L’Algérie, tout en affichant un supposé besoin de davantage de temps et de concertations, poussait en réalité à la reconduction de l’actuelle présidence, celle du Zimbabwe, pour un mandat supplémentaire», ajoute-t-on. C’était peine perdue.
La partie marocaine, représentée par Mohamed Arrouchi, ambassadeur-représentant permanent du Maroc auprès de l’UA et de la CEA-ONU, a notamment rétorqué qu’une prolongation du mandat du Zimbabwe créerait un précédent pour le moins contre-productif et, surtout, «que le principe de consultation ne peut en aucun cas être utilisé, en l’espèce par l’Algérie, pour empêcher le fonctionnement de la CEA», affirme notre interlocuteur. Et c’est en toute logique que le Maroc a eu gain de cause. Étonnamment, la candidature marocaine a été endossée par le Zimbabwe, pays pourtant très peu amène à l’égard du Royaume, représenté par le secrétaire permanent de son ministre des Finances.
Une tempête pour rien
Pour rappel, l’Algérie avait déjà essayé de forcer le passage de ses protégés du Polisario au sein du CEA, où seuls les 54 pays africains reconnus par l’ONU ont droits d’accès. C’était en 2018 par une effraction sous couvert d’«observateur». Y faire face était la toute première bataille de Mohamed Arrouchi au CEA, se rappelle notre source.
La véritable tempête soulevée par le régime d’Alger n’aura donc servi à rien. Et c’est présidée par le Maroc que la 57ème session de la CEA est placée sous le thème «Faire progresser la mise en œuvre de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine: proposition d’actions stratégiques transformatrices». Celle-ci englobe également les questions de la numérisation, de la technologie, de la sécurité alimentaire et de la transformation énergétique. La session a d’ailleurs déjà été entamée par la réunion du Comité d’experts du 12 au 14 mars, suivie de manifestations parallèles les 15 et 16 mars. Quant au segment ministériel, il se tiendra les 17 et 18 du même mois.