Sur le plateau de l’émission «C l’Hebdo», animée par l’ancienne journaliste de BFM TV Aurélie Casse, et dans laquelle intervient notamment en tant que chroniqueuse la directrice de la rédaction du magazine Marianne, Natacha Polony, Gad Elmaleh s’est exprimé sur plusieurs sujets d’actualité.
Du nouveau spectacle qu’il produit, «Bernadette de Lourdes», actuellement en tournée en France, aux évènements qui font l’actualité française, en passant bien entendu par le séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre, Gad Elmaleh a livré son point de vue avec beaucoup de justesse et quelques pointes d’humour, si ce n’est d’ironie.
Interpellé sur le séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre, l’humoriste, réalisateur, producteur et acteur natif de Casablanca a expliqué à ce sujet que «les personnes les plus touchées sont les personnes qui sont dans des endroits éloignés du centre-ville de Marrakech, donc des populations qui sont fragiles, qui sont dans une grande détresse».
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Gad Elaleh qui est établi en France où vivent aussi désormais ses parents, mais qui possède encore de la famille à Casablanca, explique ressentir cette tragédie de manière viscérale, évoquant «l’émotion palpable dans (sa )chair, dans (son) sang», rappelant également que «l’heure est à la mobilisation».
Et de poursuivre en procédant à un recadrage plus que nécessaire à l’heure où les médias français mènent, depuis le jour du drame qui a frappé le Maroc, une véritable cabale contre ses institutions en raison de leur choix de ne pas répondre pour le moment à la proposition d’aide de la France. «Chacun fait comme il peut, comme il veut et comme il l’entend. C’est important de dire ça en France aujourd’hui où on croit qu’on peut donner des leçons à tout un pays. Je crois que chacun sait faire, chacun a une histoire, une tradition. Il faut laisser chacun gérer comme il peut, comme il le souhaite, comme il le sent, tant qu’on est concerné, tant qu’on est dans cette immédiateté, dans cette urgence. Ça, c’est le plus important», a-t-il déclaré, rejoignant ainsi les positions de la journaliste et ancienne directrice des rédactions de 2M, Samira Sitaïl, et de la maire du 7ème arrondissement de Paris, Rachida Dati, toutes deux Franco-Marocaines, invitées à s’exprimer sur ce sujet sur des plateaux télévisés, les jours précédents.
Questionné sur son intention de se rendre prochainement au Maroc, Gad Elmaleh a expliqué qu’il s’y rendra quand il le pourra et «quand ils auront besoin de moi», car pour l’heure, poursuit-il, «ils ont besoin que je me mobilise pour envoyer des fonds et pas que moi d’ailleurs. Moi je suis dans la lumière, mais il y a des milliers de gens qui le font tous les jours au Maroc, qui sont des anonymes. Je les salue et je suis très fier en tout cas de l’élan de solidarité des Marocains».
À ce sujet, Gad Elmaleh lance une invitation qui tombe à point nommé: «On devrait s’inspirer de la solidarité marocaine plutôt que de donner des leçons sur comment vivre».
«Je vous sens en colère Gad Elmaleh», l’interpelle Aurélie Casse en réponse à l’émotion et l’irritation palpable de l’humoriste.«Pas en colère», réajuste-t-il. «Je crois que l’heure n’est pas au débat et j’entends beaucoup de commentaires sur comment le Maroc, le gouvernement marocain, Sa Majesté le Roi devraient se comporter… On n’est pas là-dedans. Ça, c’est de l’orgueil, c’est de l’égo, ça n’a pas d’intérêt. Le Maroc m’a appris –ce sont là mes valeurs- que quand on aide, ce n’est pas pour se faire remercier, ce n’est pas pour être érigé en héros. Quand on aide, c’est parce qu’on tend la main», poursuit-il.
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Natacha Polony, chroniqueuse de l’émission, évoque alors «les relations tendues entre la France et le Maroc», tendues depuis ces derniers mois. «Est-ce que ça rend les choses difficiles pour un Franco-Marocain comme vous dans ces circonstances-là?», questionne-t-elle, prenant visiblement pour acquise la nationalité française de Gad Elmaleh du fait qu’il réside en France et y travaille. Une erreur que le natif de Casablanca ne laisse pas passer: «Je ne suis pas Franco-Marocain, je suis immigré en France et je suis Marocain», sourit-il. «Et j’aime la France profondément, comme un immigré aime la France, comme beaucoup d’immigrés aiment la France et la respectent», conclut-il dans un sourire lourd de sens, dans lequel transparaissent les polémiques sans fin qui agitent la scène politique et médiatique française au sujet de l’immigration et de ses méfaits.
Mais Gad Elmaleh ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. «Je ne suis pas diplomate, je ne suis pas tiraillé du tout. J’ai une mission qui est d’aider mon pays, le reste ça ne me regarde pas. J’ai mis en opposition le fait de recevoir des leçons à la grande solidarité du peuple marocain. J’entends les politiques français parler à longueur d’année d’union nationale, de cohésion nationale et de vivre-ensemble… inspirez-vous de ce qui se passe au Maroc comme unité, comme cohésion, comme solidarité organique qui est dans l’ADN de la culture marocaine, qui n’est pas feinte, qui n’est pas une posture. Inspirez-vous de ça plutôt que de nous apprendre comment on doit être solidaires» conclut-il avec panache.
Une prise de position qui n’a pas manqué d’être applaudie par les Marocains sur les réseaux sociaux, très sensibles aux propos tenus par leur compatriote.