La terre a tremblé mais la diplomatie est restée ferme

Rachid Achachi.

ChroniquePendant cette période de deuil national, deux pays ont décidé de convertir ce drame en opportunité diplomatique, dans un cynisme qui n’a d’égal que l’inefficacité de leur démarche. Mais si la terre a bel et bien tremblé, notre diplomatie est restée ferme et fidèle à elle-même.

Le 15/09/2023 à 12h58

La nuit du vendredi 8 septembre, la terre a tremblé dans la région d’Al Haouz, provoquant un drame sans nom dans lequel presque 3.000 personnes ont perdu la vie, tandis que des milliers de blessés sont également à déplorer.

Dans ce moment tragique, un élan de solidarité sans précédent s’est mis en marche. Des dizaines de milliers de citoyennes et de citoyens, des Marocains sur le territoire national et des Marocains du monde, se sont mobilisés corps et âme pour venir en aide aux survivants.

Pendant cette période de deuil national, deux pays ont décidé de convertir ce drame en opportunité diplomatique dans un cynisme qui n’a d’égal que l’inefficacité de leur démarche.

Premièrement, l’Algérie, qui a proposé au Maroc son aide humanitaire, et dont les larmes de crocodile ne semblent convaincre personne. Mais de ce côté-là, rien d’inattendu. On les connaît très bien et on sait les gérer.

Deuxièmement, la France, et là, il faut distinguer l’État de certains médias, d’un côté, et du peuple, de l’autre.

Commençons par les médias, notamment ceux dits de gauche, à l’instar de Libération et Charlie Hebdo. Leurs unes furent tout simplement à l’image de leur déchéance morale et idéologique, c’est-à-dire abjectes, mensongères et profondément méprisantes. Car cette famille politique a fondamentalement besoin, pour continuer d’exister, d’un Sud pauvre, faible et dépendant qu’il s’agit pour elle de sauver et d’aider. Car son fonds de commerce est avant tout le misérabilisme et la rente mémorielle. Un Sud fort et souverain comme le Maroc, représente pour la gauche française un bug dans la matrice, un non-sens qu’il est impossible d’intégrer dans son delirium idéologique, ou du moins, dans son narratif.

De l’autre côté, il y a l’Etat, en l’occurrence Emmanuel Macron. Car oui, aujourd’hui en France, l’Etat c’est lui et sa clique d’oligarques cosmopolites. Ça s’appelle la Macronie. Celui-ci a décidé, après que le Maroc eut tout simplement ignoré la proposition d’aide proposée par la France, d’aller outre tous les protocoles diplomatiques et les prérogatives souveraines du Maroc, en s’adressant directement aux Marocaines et Marocains sur X (ex-Twitter). Un discours à la nation en quelque sorte, mais encore faut-il ne pas se tromper de nation, puisque les frontières de la France s’arrêtent à la rive nord de la Méditerranée. Cependant, il a gentiment été remis à sa place par des milliers de Marocains sur les réseaux sociaux, qui lui ont gratuitement offert un cours de géographie et de sciences politiques, en lui rappelant les fondamentaux de la souveraineté et les frontières officielles de la France.

Mais au fond, c’est quoi le but de cette démarche maladroite? Corriger le tir après la couverture mensongère et insultante des médias possédés en partie par l’un de ses parrains financiers et politiques, à savoir Patrick Drahi? Ou bien la démarche était-elle d’ordre diplomatique et visait à évacuer d’un revers de la main, comme par un tour de magie, toutes les tensions diplomatiques cumulées ces dernières années entre nos deux pays?

Les deux probablement.

Cependant, comme indiqué dans le titre de la chronique, si la terre a bel et bien tremblé, notre diplomatie est restée ferme et fidèle à elle-même. Car en diplomatie, il ne faut jamais mélanger les choux et les chèvres. Et s’il venait à Macron de vouloir apaiser les tensions entre nos deux pays, nous nous ferions une joie de lui indiquer sur une carte où se trouve le Sahara marocain.

Enfin, le peuple français, dont une partie a exprimé sa solidarité avec nous dans ce moment de tragédie, et il n’y a aucune raison de douter de la sincérité de ces sentiments. Car de même que pour la diplomatie, nous Marocains, nous nous devons de faire la part des choses, en distinguant bien, d’une part, des citoyens français que l’on peut considérer comme des amis du Maroc, et de l’autre, un Etat dont l’action politique et diplomatique vise à nuire autant aux intérêt du Maroc qu’à ceux de millions de Français, qui doivent probablement amèrement regretter d’avoir voté pour la Start-up Nation et compagnie.

Par Rachid Achachi
Le 15/09/2023 à 12h58