Le point sur la guerre commerciale entre Pékin et Washington

Deux containers aux couleurs des drapeaux américain et chinois s'entrechoquent, symbolisant la guerre commerciale entre les deux pays.

Les États-Unis et la Chine se retrouvent à Genève ce week-end pour discuter de la guerre commerciale qui oppose les deux pays après le lancement par Donald Trump de son offensive douanière. Le point sur le rapport de force entre Pékin et Washington.

Le 09/05/2025 à 07h26

Chinois et Américains vont discuter de commerce ce weekend à Genève, une première depuis le lancement par Donald Trump de sa guerre commerciale, qui menace les échanges bilatéraux et bouleverse les chaînes d’approvisionnement mondiales. Le point sur ce bras de fer entre Pékin et Washington.

Quelles mesures ont déjà été prises?

Les États-Unis ont porté leurs droits de douane sur une grande partie des importations chinoises à 145%. La Chine est également visée par des surtaxes sectorielles ciblant l’acier, l’aluminium et les véhicules électriques. Selon les Douanes chinoises, les produits «made in China» exportés vers les États-Unis ont dépassé les 500 milliards de dollars en 2024, représentant 16,4% des exportations chinoises.

La Chine a promis de combattre «jusqu’au bout» les surtaxes de Donald Trump et a instauré en représailles des droits de douane allant jusqu’à 125% sur les produits américains. Selon Washington, les exportations de marchandises des États-Unis vers la Chine représentaient l’an passé 143,5 milliards de dollars.

La Chine a lancé des procédures à l’OMC, gelé les réceptions par ses compagnies aériennes d’appareils Boeing et annoncé des restrictions à l’exportation de terres rares -dont certaines utilisées dans l’imagerie magnétique et l’électronique grand public.

Quel impact jusqu’à présent?

Pékin suscite l’ire de l’administration Trump car le géant asiatique a un fort excédent commercial avec les États-Unis. Il était de 295,4 milliards de dollars en 2024, selon le Bureau d’analyse économique du Département américain du commerce.

La Chine semble peu encline à modifier cet équilibre, notamment parce que ses exportations, qui ont atteint des sommets en 2024, servent de moteur à l’économie dans un contexte de consommation interne morose. Mais une escalade de la guerre commerciale pourrait, justement, avoir de fortes répercussions sur ces exportations et fragiliser la reprise économique en Chine, déjà minée par une crise immobilière.

L’impact se fait également sentir aux États-Unis: l’incertitude a provoqué un repli de l’activité manufacturière le mois dernier. Les autorités américaines le rendent responsable du ralentissement inattendu du PIB au premier trimestre.

China exports beat expectations despite slump in trade with US

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— The Guardian (@theguardian.com) 9 mai 2025 à 06:21

«Les deux pays se sont rendus à l’évidence: un découplage total n’est pas si aisé», déclare Teeuwe Mevissen, économiste chez Rabobank. «Les États-Unis comme la Chine y perdent économiquement dans cette guerre commerciale. Même si l’un d’entre eux devait clairement prendre l’avantage, sa situation économique resterait malgré tout moins favorable qu’avant le début de cette guerre commerciale», explique-t-il.

La Chine a annoncé mercredi une série de baisses de taux destinées à relancer la consommation -un signe possible que le pays commence à ressentir les effets du conflit. Des analystes prévoient en outre que les surtaxes américaines grèveront significativement le PIB chinois, que le gouvernement espère voir croître «d’environ 5%» en 2025.

Les principaux produits chinois exportés vers les États-Unis (électronique, machines, textiles et vêtements) devraient être les plus durement touchés. Mais comme les produits chinois jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement des entreprises américaines, ces droits de douane pourraient également affecter les industriels et consommateurs américains, avertissent les analystes.

Quelles avancées possibles?

Soucieux d’apparaître forts, les deux pays affirment chacun que c’est la pression économique qui a poussé l’autre à négocier. Mais une avancée majeure à Genève semble improbable.

La Chine affirme que sa position reste inchangée, exigeant que les États-Unis lèvent leurs droits de douane et refusant de négocier sous la «menace». Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a déclaré que les discussions porteront sur une «désescalade» et pas sur un «grand accord commercial».

Des analystes s’attendent toutefois à de potentielles réductions de surtaxes douanières. «Un résultat possible serait un accord pour suspendre la plupart, voire la totalité, des droits de douane imposés cette année, et cela pendant la durée des négociations» bilatérales, déclare Bonnie Glaser, qui dirige le programme Indo-Pacifique du German Marshall Fund, un cercle de réflexion à Washington.

Lizzi Lee, spécialiste de l’économie chinoise à l’Asia Society Policy Institute, organisation basée aux États-Unis, s’attend pour sa part à un potentiel «geste symbolique et provisoire», qui pourrait «apaiser les tensions, mais pas régler les désaccords fondamentaux».

Par Le360 (avec AFP)
Le 09/05/2025 à 07h26