Et si les signes d’une «nouvelle ère de la relation bilatérale» entre la France et l’Algérie n’étaient qu’un effet d’annonce, vide de toute substance et tout juste bon à une éphémère consommation médiatique? C’est la question que se pose le quotidien français Le Figaro dans une analyse publiée mardi 7 février 2023 sous le titre «Paris-Alger: l’entente Macron-Tebboune à l’épreuve».
Pour le quotidien à grand tirage, ni l’accueil avec les honneurs de Saïd Chengriha, le premier chef d’état-major algérien à se rendre en France en visite officielle, ni «l’amitié» affichée entre les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, avec force accolades, ou encore la perspective d’un déplacement à Paris du dirigeant algérien en mai prochain ne peuvent occulter les blocages insurmontables.
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Officiellement, tout va bien. «Mais, en privé, les sourires sont crispés», lit-on. Cinq mois après la visite de Macron en Algérie et un «accord d’Alger» mort-né puisqu’un peu «vide de projets concrets», «la déception est grande», constate Le Figaro, rapportant ce qui se dit à Paris et rappelant qu’un partenariat d’exception repose «sur la confiance, un dialogue continu pour régler les problèmes et la volonté de construire ensemble des projets».
La réalité est tout autre et les symptômes d’une entente de façade uniquement ne manquent pas. Côté forme, il y a d’abord le récent échec du forum international «Notre Futur-Dialogues Afrique-Europe» centré sur les enjeux climatiques organisé à Alger (3-5 février) par… l’Institut français. «Une quarantaine de participants, pour certains en provenance d’Afrique –pourtant au centre d’un nouvel axe de travail entre Paris et Alger– n’ont pas obtenu de visas, selon une source à Paris», écrit le quotidien.
Dans le fond, «de nombreux dossiers stratégiques restent embourbés» et la partie française a des difficultés «à identifier les décisionnaires et/ou les responsables des blocages», peut-on lire.
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Contentieux, arriérés et incompétence à tous les étages
Alors que devrait se tenir en mars, à Paris, le Comefa, grand-messe de ministres et de chefs d’entreprises destinée à renforcer les partenariats économiques, dans les milieux d’affaires, entre scepticisme et sarcasme, les patrons français se demandent «de quoi on va bien pouvoir parler».
«Dans les faits, la relation économique bilatérale se résume surtout à des contentieux. Les arriérés que les grands groupes français (RATP, CMA-CGM) réclament à l’État algérien tardent à être réglés», note Le Figaro. Et selon un capitaine d’industrie algérien, le conseil d’affaires algéro-français, chargé, entre autres, de débloquer les gros partenariats, n’est toujours pas au rendez-vous. Le média français conclut que «tant que cette situation perdure, aucune entreprise française ne voudra investir en Algérie».
L’impression générale est que la France est «mise de côté» et «des dossiers de demande de visa pour des projets de coopération restent sans réponse alors que, dans les hautes sphères, le refus est acté depuis longtemps». S’y ajoutent les sujets qui fâchent et l’usure. Comme «quand Alger revient régulièrement à la charge pour réclamer l’extradition des “subversifs”, ces Algériens mercenaires de la presse et autres voyous islamisants ayant décidé de faire de la France leur base arrière pour attaquer l’Algérie», ironise le quotidien.
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Absence de contenu réel dans la coopération France-Algérie, en dehors de vagues promesses, manque de visibilité et de confiance, passif lourd… C’est à se demander par quoi commencer. Quand le tout est combiné à la grande incompétence de la classe dirigeante et de l’appareil administratif, la «nouvelle ère» paraît de plus en plus lointaine. Et une chose est certaine: on ne peut faire du neuf avec du vieux. «Ce qui bloque vraiment la relation bilatérale, c’est ce qui bloque le président Tebboune. Une administration devenue surpuissante et l’incompétence qui prévaut à tous les niveaux de décision. Une situation exacerbée quand on parle avec les partenaires étrangers», constate un cadre de l’État français interrogé par Le Figaro.
La tendance est globale et ne se limite pas à la France. «Les Français peuvent être rassurés, ils ne sont pas les seuls avec lesquels les choses n’avancent pas. Tout le monde est concerné: des pays du Golfe (…) jusqu’aux Italiens, pourtant censés filer le parfait amour avec Alger.» Autant dire que «l’Algérie nouvelle», chantée par Abdelmadjid Tebboune, ressemble étonnamment à l’ancienne, dont faisait pourtant partie ce président qui pense changer «le Système» avec des slogans. Les promesses de Tebboune n’engagent que les naïfs qui y croient.