Selon The Economist, la France a tourné le dos au Maroc au profit de l’Algérie

Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune lors de la visite du président français en Algérie, le 27 août 2022.. AFP or licensors

Alors que les relations de la France avec l’Algérie s’épanouissent, celles avec le Maroc, «son ancien protégé et un adversaire acharné de l’Algérie», risque de flétrir, relève The Economist.

Le 06/02/2023 à 17h57

«Les choses ont bien changé», observe la publication. Il y a un peu plus d’un an, le président français, Emmanuel Macron, a qualifié l’Algérie, l’ancienne colonie française en difficulté, de régime usé et a réduit le nombre de visas délivrés à ses citoyens. L’Algérie a ensuite rappelé son ambassadeur et a interdit à l’armée de l’air française de voler dans son ciel.

Depuis lors, poursuit le magazine britannique, «la France s’est empressée de chercher un rapprochement». Le 23 janvier, Macron a reçu le général Saïd Chengriha, le plus haut gradé d’Algérie, l’homme le plus puissant du pays. Une importante délégation française l’a suivi en Algérie.

Or, la dernière visite de Macron au Maroc remonte à 2018 et il a depuis effectué un voyage en Algérie, constate la même source.

Le 19 janvier, le parti de Macron, Renaissance, a contribué à faire adopter par le Parlement européen une résolution condamnant les présumées violations des droits de l’homme commises par le Maroc, sans faire une croix sur l’Algérie, dont le bilan est «au moins aussi lamentable», ajoute l’hebdomadaire.

Avec la guerre en Ukraine, l’abondance de gaz en Algérie est la cause première du rapprochement de ce pays avec la France et l’Europe, souligne The Economist.

La première ministre italienne, Giorgia Meloni, était récemment en Algérie et en Libye pour discuter des investissements dans l’énergie. L’Italie dépend désormais de l’Algérie pour 40% de son gaz, contre 30 % avant la guerre d’Ukraine. «Le Maroc, en revanche, n’a presque pas d’hydrocarbures à offrir.»

La publication qualifie également de «frappant» le fait que le général Chengriha ait discuté de ventes d’armes avec des entreprises françaises lors de son voyage en Hexagone, notamment du fait que la Russie est depuis des années le premier fournisseur d’armes de l’Algérie.

Dans cette même veine, le média relève que «pour le plus grand plaisir des Européens, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a suspendu indéfiniment une visite prévue à Moscou».

«Dans tous les cas, le Maroc semble tourner le dos à ce qu’il appelle la “vieille Europe”. Au lieu de cela, il se tourne de plus en plus vers Israël et l’Amérique pour sa défense», affirme le magazine, qui rappelle la possible tenue du Sommet du Néguev en mars prochain à Dakhla.

Par Rahim Sefrioui
Le 06/02/2023 à 17h57