Transfert du marché de Derb Omar à Casablanca: ce qu’il en est actuellement (et réellement)

Des camions de marchandises dans le quartier des grossistes de Derb Omar. (A.Gadrouz/Le360)

Le 02/02/2025 à 10h40

VidéoÀ Casablanca, le quartier de Derb Omar, cœur névralgique du commerce national, se prépare à une transformation majeure avec un projet de réaménagement visant à déplacer les entrepôts et les camions vers une nouvelle zone logistique à Médiouna. Cette mesure, pilotée par le conseil de la ville, est encore en attente d’un calendrier précis d’exécution. Le point.

Le quartier de Derb Omar, véritable épicentre commercial de Casablanca et du Maroc, pourrait bientôt voir ses rues libérées de leur encombrement. Le projet de réaménagement envisagé vise principalement à relocaliser les activités logistiques, telles que les entrepôts et les camions de distribution, vers une nouvelle zone à Médiouna. Cette initiative, à la fois économique et sociale, promet de revitaliser un écosystème vieux de plus d’un siècle.

«Ce projet ne concerne ni les commerçants ni leurs boutiques, mais uniquement les camions et les dépôts. Derb Omar restera un centre commercial vivant et dynamique», précise Saïd Farah, secrétaire général de l’Association union des commerçants et professionnels de Derb Omar (AUCPDO), dissipant ainsi les rumeurs d’un déplacement complet des commerçants.

La future zone logistique, située précisément à Al Majjatia Oulad Taleb, à environ 18 km de Casablanca, bénéficie d’un emplacement stratégique à proximité de l’autoroute et de l’aéroport Mohammed V. S’étendant sur 40 hectares, elle proposera des entrepôts modernes de 200 m² avec une hauteur de 12 mètres, ainsi que des infrastructures complètes: un parking pour camions couvrant 30% de la surface, un restaurant, une mosquée, un hôtel et une station-service. Ce projet a été entériné lors d’une récente réunion réunissant des associations de commerçants de Derb Omar, la présidente de l’arrondissement de Sidi Belyout, la maire de Casablanca, le wali, des architectes, l’Agence urbaine et d’autres responsables de la ville.

Fort de plus de 100 ans d’existence, Derb Omar compte, selon Saïd Farah, environ 10.000 magasins répartis dans 70 centres commerciaux appelés qissariates, couvrant une soixantaine de secteurs d’activité, du textile à l’électroménager, en passant par l’ameublement, la plasturgie, l’alimentation et la décoration.

«Derb Omar génère un chiffre d’affaires colossal pour Casablanca et le Maroc», souligne Jawad Rassam, vice-président de l’arrondissement de Sidi Belyout. «C’est ici que transitent les marchandises avant d’être distribuées à travers le Maroc, voire exportées vers d’autres pays africains», ajoute-t-il.

Le quartier est également un carrefour logistique majeur, avec un flux quotidien pouvant atteindre jusqu’à 240 camions. Cependant, comme le souligne Tarik Talaa, commerçant à Derb Omar et membre de l’AUCPDO, «seulement 20% de ces camions appartiennent aux commerçants de Derb Omar, les autres provenant d’autres marchés comme Derb Ghallef, Garage Allal ou El Koréa».

En redéployant les activités logistiques vers Médiouna, l’objectif est de préserver le rôle historique de Derb Omar en tant que vitrine commerciale et de transformer les boutiques en showrooms. «Les commerçants pourront exposer leurs échantillons à Derb Omar, où leurs clients grossistes choisiront les produits avant que les marchandises ne soient livrées directement depuis les entrepôts», explique-t-il.

«La présence massive de camions et d’entrepôts dans les rues génère depuis des années un chaos qui impacte négativement la vie quotidienne des résidents et des commerçants», déplore Jawad Rassam. «Ce projet est donc conçu pour répondre aux besoins spécifiques des commerçants tout en améliorant la circulation dans le quartier et en facilitant la distribution des marchandises», ajoute-t-il.

S’il est mené à bien, ce projet représente une opportunité unique de redéfinir le commerce à Casablanca et de renforcer l’attractivité économique de la ville. Son succès dépendra de la capacité des autorités à trouver un équilibre entre les intérêts des commerçants, des résidents et de la ville, tout en préservant la vitalité économique de ce centre névralgique du commerce marocain.

«Il est donc crucial que toutes les parties prenantes assument leurs responsabilités afin que les décisions prises soient équilibrées et profitent à tous», conclut Rassam. À ce jour, aucune date précise n’a été avancée pour la réalisation de ce projet.

Par Ryme Bousfiha et Adil Gadrouz
Le 02/02/2025 à 10h40