Investissements massifs, retombées ciblées: le Maroc joue gros pour 2030

Les travaux se poursuivent au complexe Prince Moulay Abdellah à Rabat.

Revue de presseÀ cinq ans de la Coupe du monde 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, le royaume entame une série d’investissements massifs dans les infrastructures et mise sur des retombées économiques, sociales et symboliques durables. L’impact attendu sur le PIB, l’emploi et l’attractivité du pays s’annonce considérable. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 05/06/2025 à 19h41

Le 24 avril, le Maroc a officiellement lancé les travaux d’extension de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Kénitra et Marrakech. Ce tronçon de 430 kilomètres, qui viendra compléter la ligne existante entre Tanger et Casablanca inaugurée en 2018, devrait être opérationnel en 2029. Le coût estimé de ce projet s’élève à 53 milliards de dirhams, hors matériel roulant.

En parallèle, dans la province de Benslimane, à proximité de Casablanca, la Société générale des travaux du Maroc (SGTM) a achevé les opérations de terrassement du futur stade Hassan-II. Avec une capacité prévue de 115.000 places, il deviendra l’un des plus grands stades du monde. Le budget de construction est estimé à 5 milliards de dirhams.

Dans une analyse dédiée, le magazine Jeune Afrique souligne que ces infrastructures s’inscrivent dans le cadre de la préparation de la Coupe du monde 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, mais pas seulement. D’après Sogécapital Gestion, la participation marocaine au budget d’organisation devrait se situer entre 5 et 6 milliards de dollars, dont plus de la moitié sera dédiée aux stades et aux infrastructures de transport.

Citant Mohamed Mahboub, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), le magazine relève que ces projets pourraient transformer aussi bien les grandes villes que les centres urbains secondaires. Les investissements concernent aussi les aéroports, les autoroutes, les hôpitaux et autres infrastructures publiques, avec des marchés oscillant entre 500 millions et 4 milliards de dirhams.

Pour accompagner ces investissements, le Maroc a levé en mars 2025 un emprunt obligataire de 2 milliards d’euros, le premier en euros depuis cinq ans, lit-on. Selon Atlas Capital, 25 milliards de dirhams seront mobilisés par le Trésor pour la construction de stades et de centres d’entraînement, tandis que 17 milliards de dirhams proviendront de financements bancaires ou de la dette privée. Sogécapital Gestion anticipe un léger creusement du solde budgétaire et du déficit du compte courant à court terme, en raison notamment de la hausse des importations.

Sur le plan économique, les autorités marocaines misent sur des retombées à long terme. Le ministre du Budget, Fouzi Lekjaâ, également président du comité d’organisation de la Coupe du monde 2030, évoque un levier d’influence internationale par le soft power. Le Maroc espère ainsi accueillir 26 millions de touristes en 2030, contre 17,4 millions en 2024. Pendant la durée de la compétition, les recettes touristiques sont estimées entre 2 et 3 milliards d’euros.

Dans cette perspective, près de 200 nouveaux établissements hôteliers devraient être construits d’ici 2030, pour une capacité supplémentaire d’environ 15.000 chambres, lit-on encore.

L’Observatoire du travail gouvernemental (Otrago) estime que l’organisation de la Coupe du monde pourrait générer des retombées économiques globales de 8 à 10 milliards de dollars. Atlas Capital anticipe une hausse du PIB marocain de 1 à 2,5 points et la création de 130.000 à 160.000 emplois.

Outre le tourisme, d’autres secteurs comme l’industrie ferroviaire pourraient bénéficier de cette dynamique. Le Maroc envisage notamment de développer la production locale de trains.

La question de l’héritage des infrastructures reste posée, indique Jeune Afrique. Plusieurs études, dont celle de BSI Economics, rappellent les exemples sud-africain et brésilien où les investissements liés aux Coupes du monde ont généré des pertes ou des infrastructures sous-utilisées. Des recommandations appellent ainsi à concevoir des stades multifonctionnels, capables d’accueillir des événements culturels ou sportifs au-delà du football.

Par Nabil Ouzzane
Le 05/06/2025 à 19h41