Depuis l’accession au trône de Mohammed Vi en juillet 1999, le Maroc a entamé une phase de transformation économique, de développement industriel et de modernisation, rarement observée dans toute la région africaine. C’est ce que relève le quotidien économique et financier espagnol de renom El Mundo Financiero, soulignant que, malgré de nombreux défis économiques et sociaux, un ralentissement des investissements privés, un taux de chômage proche de 11%, la persistance des inégalités sociales et l’importance de l’économie informelle, le Royaume a investi, ces 25 dernières années, dans plusieurs secteurs stratégiques.
«Cela lui a permis d’obtenir des résultats remarquables et de renforcer son attractivité auprès des grands investisseurs, notamment les États-Unis et la Chine, bien que la guerre commerciale entre ces deux géants risque d’avoir un impact sur le pays», lit-on.
Sa position géographique privilégiée facilite les échanges avec tout le continent américain et en fait une porte d’entrée commerciale vers l’Afrique. Un atout stratégique renforcé par un accord de libre-échange avec l’Union européenne (en vigueur depuis 2000) et un autre avec les États-Unis (depuis 2006), ainsi que par la synergie économique croissante avec la Chine dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie. À cela s’ajoutent des relations commerciales avancées avec les pays d’Afrique subsaharienne.
«L’amélioration des infrastructures a été la véritable pierre angulaire de la croissance industrielle du pays. Elle s’inscrit dans une stratégie à long terme visant à consolider le rôle du Maroc dans les flux commerciaux mondiaux et les processus de délocalisation», écrit El Mundo Financiero. Entre 2001 et 2017, les investissements ont absorbé jusqu’à 38% du PIB, l’un des taux les plus élevés au monde. La modernisation des infrastructures existantes et la construction de nouveaux services ont mobilisé plus de 50% des fonds de développement. L’échéance clé du calendrier gouvernemental est 2030, année où le Maroc co-organisera la Coupe du monde de football avec l’Espagne et le Portugal.
Le symbole de cette ambition est sans conteste le port de Tanger Med, l’un des plus importants de la Méditerranée, inauguré en 2007 et agrandi en 2019. Le quotidien cite le rapport annuel de l’ONU sur le commerce et le développement pour indiquer que ce port a battu tous les records en 2024, avec 10,24 millions de conteneurs traités (+19% par rapport à 2023). Le nombre de passagers a également augmenté de 13%.
«Ces performances ont incité Maersk, l’une des plus grandes compagnies maritimes mondiales, à abandonner le port espagnol d’Algésiras au profit de Tanger Med, réduisant ainsi de cinq jours le temps de transit maritime. Cette décision, annoncée le 9 janvier, représente un coup dur pour les intérêts financiers et géopolitiques espagnols», lit-on encore. Le point fort de Tanger Med réside aussi dans ses connexions ferroviaires avec les grandes villes, le port de Casablanca et les usines automobiles de Renault près de Tanger et de Stellantis à Kénitra. Un atout dont Algésiras ne bénéficie pas.
Le développement portuaire marocain reste un défi majeur, comme en témoigne la construction de neuf nouveaux ports commerciaux le long des côtes méditerranéenne et atlantique. Le port de Nador West Med, qui abritera la première terminale de regazéification du pays, devrait entrer en service fin 2026. À Dakhla, les travaux battent leur plein pour achever un nouveau port d’ici 2029. Cette infrastructure jouera un rôle clé dans l’Initiative Atlantique, un projet lancé par le roi Mohammed VI fin 2023 pour intégrer des États du Sahel (Burkina Faso, Mali, Tchad) dans les flux commerciaux internationaux.
Le développement du réseau ferroviaire illustre l’importance accordée aux infrastructures comme moteur économique. Selon Edoardo Plana, PDG de la société de conseil ferroviaire EPGRAIL, les travaux d’extension de la ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca vers Marrakech débuteront fin 2025, avec des études en cours pour relier Fès et Oujda.
Cette expansion du réseau ferroviaire a suscité une forte concurrence entre les grands constructeurs mondiaux. Des entreprises chinoises, allemandes et françaises ont obtenu des contrats majeurs, «tandis que l’Espagnol CAF ne concourt que pour la fourniture de 150 trains locaux, un échec».
Le réseau autoroutier a également connu une expansion spectaculaire, passant de 80 km en 1999 à 1.800 km aujourd’hui. D’ici 2030, la liaison entre Rabat et Casablanca devrait être achevée, en prévision du Mondial de football.
Un autre projet de grande envergure vise à renforcer les infrastructures hydrauliques en transférant les excédents d’eau des régions pluvieuses pour sécuriser l’approvisionnement agricole, un secteur représentant 15% du PIB national.
El Mundo Financiero insiste également sur la montée en puissance du Maroc dans l’industrie automobile. Tanger Med est devenu le principal hub d’exportation automobile du continent. Selon PricewaterhouseCoopers (PwC), 600.782 véhicules ont été exportés en 2024, soit une hausse de 4% par rapport à l’année précédente.
Le Maroc, avec 700.000 véhicules produits annuellement, a ainsi dépassé l’Afrique du Sud. Environ 220.000 personnes travaillent dans les grandes usines de Casablanca (FIAT et Renault), Melloussa (Renault) et Kénitra (Stellantis). Le secteur dépend largement des investissements chinois et du développement des véhicules électriques. En mars 2024, le gouvernement a signé un accord avec BTR New Material Group pour construire une usine de fabrication de cathodes à Tanger. D’autres contrats ont été conclus avec Gotion High Tech, CNGR Advanced Material, Hailiang Group et Shinzoom.
Le Maroc accorde aussi une importance stratégique à son indépendance et à sa sécurité énergétique. Depuis 2009, des efforts considérables ont été déployés pour attirer des investisseurs dans l’éolien, le solaire et l’hydrogène vert. «Le Roi a personnellement supervisé la mise en place d’une commission nationale et la création de partenariats internationaux pour financer la recherche», note la parution.
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