CESE: la «Petite et moyenne agriculture familiale» doit devenir une priorité des politiques agricoles, selon Abdelkader Amara

Abdelkader Amara, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), lors du compte-rendu du Conseil consacré à la Petite et moyenne agriculture familiale (PMAF) au Maroc, le 14 mai 2025. (Y.Mannan/Le360)

Le 14/05/2025 à 21h45

VidéoLe Conseil économique, social et environnemental (CESE) a rendu mercredi un avis consacré à la Petite et moyenne agriculture familiale (PMAF) au Maroc, qu’il considère désormais comme «prioritaire» dans les politiques agricoles et rurales du pays.

Cet avis est le fruit d’une vaste concertation menée auprès de divers acteurs institutionnels, professionnels et associatifs. Il s’appuie notamment sur une consultation citoyenne ainsi qu’une mission de terrain à Essaouira, afin d’adopter «une approche intégrée et territorialisée» de la PMAF.

Selon le président du CESE, Abdelkader Amara, cette forme d’agriculture ne se limite pas à un modèle de subsistance: «Elle joue un rôle central dans la sécurité alimentaire, l’emploi rural, la préservation des écosystèmes et la transmission des savoir-faire.»

La PMAF repose principalement sur des activités agricoles et d’élevage menées sur des exploitations de moins de cinq hectares, avec une production destinée à l’autoconsommation et à la vente des excédents sur les marchés locaux.

L’avis du CESE souligne que les exploitations familiales représentent «près de 70% des unités agricoles du Royaume». Pourtant, elles restent marginalisées dans les politiques publiques, en particulier en matière de financement, d’accompagnement et d’appui technique.

Le Conseil rappelle à ce titre que le Plan Maroc vert n’a consacré «que 15% des investissements» à l’agriculture solidaire, pratiquée en grande majorité par ces petites unités.

Face à ce constat, le CESE recommande l’élaboration d’un plan d’action structuré, qui inclurait:

– le développement d’infrastructures adaptées,

– la diversification des activités agricoles et para-agricoles,

– l’accès équitable aux services publics et aux financements,

– la promotion de pratiques agricoles durables et résilientes.

Abdelkader Amara a insisté, par ailleurs, sur la nécessité de renforcer l’organisation collective des exploitants familiaux au sein de coopératives ou de groupements économiques. Il recommande également d’encourager des modes de gestion pastorale fondés sur la rotation des espaces, afin de préserver les ressources végétales et les sols.

Le CESE suggère aussi d’accorder un soutien ciblé aux éleveurs pour préserver les «races locales», et de renforcer la résilience des petites exploitations face aux effets du changement climatique, dans l’objectif de faire de la PMAF «un véritable vecteur de développement durable intégré».

Le Conseil rappelle enfin que la Petite et moyenne agriculture familiale représente «un vivier de valeur ajoutée et d’emplois ruraux». Lors de la présentation de l’avis, le rapporteur Abderrahmane Kandila a précisé que les exploitations de moins de cinq hectares génèrent «29% de la valeur ajoutée agricole nationale».

Il a également mis en lumière le potentiel de certaines filières spécialisées, comme «l’agriculture biologique ou les produits de terroir», qui offrent, selon lui, «des opportunités concrètes de revenus et d’emplois en milieu rural».

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 14/05/2025 à 21h45