Batteries électriques: le Royaume dans la cour des grands

Au sein de la base industrielle de production de matériaux pour batteries électriques de COBCO.

Revue de presseÀ Jorf Lasfar, un chantier industriel hors normes vient de franchir une étape-clé. La société Cobco a inauguré sa première ligne de production de composants pour batteries lithium-ion. Porté par une alliance sino-marocaine et une vision industrielle décarbonée, ce projet marque un tournant dans les ambitions du Royaume, bien décidé à se positionner comme acteur stratégique de la transition énergétique mondiale. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 29/06/2025 à 19h05

Sur les rives de l’océan Atlantique, non loin du port industriel de Jorf Lasfar, le Royaume a posé une nouvelle pierre dans sa stratégie industrielle verte.

Le 25 juin, la société Cobco (Core Battery Components) a mis en service sa première ligne de production de matériaux critiques pour batteries lithium-ion, une première hors d’Asie à cette échelle, relève le magazine Jeune Afrique dans un article dédié.

Sur plus de 230 hectares, ce complexe high-tech incarne l’entrée du Royaume dans la course mondiale aux technologies bas-carbone.

Avec un investissement de 20 milliards de dirhams (près de 2 milliards de dollars), Cobco entend produire deux composants stratégiques: les précurseurs NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt), avec une capacité annuelle ciblée de 120.000 tonnes, et les cathodes LFP (Lithium-Fer-Phosphate), à hauteur de 60.000 tonnes à terme.

Plus qu’un site de production, Cobco se veut un levier de souveraineté industrielle et environnementale.

L’usine vise une alimentation à 80% en énergies renouvelables dès 2025, avec un objectif de neutralité carbone en 2026, grâce à l’utilisation d’eau dessalée et à des circuits industriels fermés pour le traitement des eaux, écrit-on.

Le projet comprend également le raffinage local des métaux critiques, ainsi que le recyclage de la black mass, ces résidus de batteries usagées dont on extrait lithium, nickel et cobalt.

Une approche circulaire destinée à alimenter, à terme, la fabrication de batteries pour jusqu’à un million de véhicules électriques par an.

En phase de construction, souligne Jeune Afrique, le site a mobilisé plus de 5.000 emplois directs.

À plein régime, 1.800 emplois qualifiés permanents seront créés, auxquels s’ajoutent autant d’emplois indirects dans la logistique, la sous-traitance et les services locaux.

Le choix d’implanter en amont de la chaîne de valeur (raffinage, précurseurs) permet aussi d’ouvrir la voie à une intégration industrielle plus poussée: un atout de taille pour le respect des règles d’origine dans les échanges commerciaux, notamment avec l’Union européenne et les États-Unis.

En parallèle, un ambitieux programme de transfert de compétences a été lancé avec le concours des équipes chinoises de CNGR.

Des partenariats sont scellés avec les universités marocaines pour structurer un vivier national de spécialistes en chimie des batteries, une expertise encore balbutiante au Maghreb.

Cobco est le fruit d’une co-entreprise entre CNGR Advanced Materials, leader mondial des précurseurs de cathodes et fournisseur de groupes tels que Tesla, LG Chem ou Samsung SDI, et le fonds marocain Al Mada, acteur stratégique panafricain du développement durable à travers sa filiale Next Generation Industries (NGI), explique Jeune Afrique.

Cette synergie stratégique illustre un nouveau modèle de partenariat industriel Sud-Sud, tourné vers la création de valeur locale, la décarbonation des chaînes de production et l’intégration aux circuits mondiaux.

Avec ce projet, le Royaume confirme son ambition de devenir un hub industriel vert à l’échelle africaine et euro-méditerranéenne.

Après les annonces dans les secteurs de l’hydrogène vert, des câbles sous-marins et des data centers, le Royaume avance résolument vers une économie post-carbone.

«Avec Cobco, nous créons une nouvelle norme», résume un responsable d’Al Mada cité par le magazine panafricain.

«Nous accélérons l’industrialisation verte du continent en plaçant le Maroc au cœur de la transition énergétique mondiale».

Par Nabil Ouzzane
Le 29/06/2025 à 19h05