Dans un contexte mondial marqué par la volatilité des prix de l’énergie et la nécessité urgente de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’efficacité énergétique s’impose comme une priorité stratégique pour les pays en développement, dont le Maroc. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, repris par le quotidien L’Economiste dans son édition du vendredi 27 juin, chaque dollar investi dans l’efficacité énergétique génère entre trois et cinq dollars de retours économiques, ce qui en fait un levier incontournable pour accélérer la croissance, réduire la pauvreté énergétique et sécuriser l’approvisionnement.
Le Maroc, avec sa stratégie nationale de transition énergétique, fait figure d’exemple parmi les pays à revenu intermédiaire, lit-on. Il a déjà lancé plusieurs initiatives pour améliorer la performance énergétique des bâtiments, des industries et des infrastructures publiques. L’introduction de normes minimales pour les équipements électriques et le développement des énergies renouvelables témoignent de cette volonté. Toutefois, malgré ces avancées, l’investissement dans l’efficacité énergétique reste marginal au regard des besoins. La Banque mondiale souligne que, dans la plupart des pays émergents, ce volet représente moins de 5 % des investissements énergétiques totaux.
Pour le Maroc, améliorer l’efficacité énergétique signifie réduire significativement la dépendance aux importations d’énergie fossile, qui représentent une part importante de la facture énergétique nationale. Cela permettrait aussi d’alléger les dépenses publiques liées aux subventions de l’énergie, qui pèsent lourdement sur les finances de l’État. Sur le plan environnemental, ces économies d’énergie sont indispensables pour atteindre les objectifs de réduction des émissions fixés dans le cadre des accords internationaux, tout en soutenant la croissance verte.
Le rapport de la Banque mondiale pointe plusieurs obstacles majeurs: un cadre réglementaire encore insuffisamment incitatif, un accès limité aux financements adaptés, notamment pour les petits projets d’efficacité, ainsi qu’un manque de données fiables pour mesurer les progrès. Les coûts initiaux restent aussi un frein, surtout dans les secteurs industriels et pour les ménages à faibles revenus.
Pour lever ces barrières, souligne L’Economiste, le Maroc est encouragé à renforcer ses dispositifs de financement en créant notamment des fonds dédiés à l’efficacité énergétique, susceptibles d’attirer des investissements privés grâce à des mécanismes de partage des risques. Par ailleurs, la montée en compétence des acteurs publics et privés, la sensibilisation des consommateurs et la modernisation des outils de contrôle sont essentielles.
La Banque mondiale souligne que le Maroc, en consolidant ses politiques et en renforçant ses cadres réglementaires, peut devenir une plateforme régionale de référence pour l’efficacité énergétique. Le pays bénéficie déjà d’une bonne image auprès des banques de développement internationales, qui voient en lui un marché prometteur capable de dépasser le stade des subventions publiques pour accéder à des financements mixtes, combinant fonds publics et capitaux privés.
Selon les projections, l’amélioration de l’efficacité énergétique pourrait permettre au Maroc d’économiser jusqu’à 11,6 milliards de dollars d’investissements dans la production électrique d’ici 2050, tout en stimulant la création d’emplois verts et en améliorant la compétitivité industrielle. Ces gains sont essentiels pour un pays dont la croissance démographique et économique exerce une pression croissante sur les ressources énergétiques.