Assurance Takaful: après les premiers agréments, voici ce qu'il reste à faire pour que l’activité démarre, enfin

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L’octroi des premiers agréments aux compagnies souhaitant se lancer dans l’activité de l’assurance Takaful marque un grand pas vers le démarrage effectif de cette industrie nouvelle. Toutefois, quelques ultimes étapes restent à franchir.

Le 13/12/2021 à 18h42

Vendredi 10 décembre 2021, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale a annoncé l’octroi des premiers agréments pour les opérateurs souhaitant pratiquer des opérations d’assurance Takaful. Trois filiales Takaful de compagnies d’assurance, à savoir Wafa Takaful (filiale de Wafa Assurance), Attakafulia Assurances (filiale de MAMDA/MCMA) et Taaouiniyate Taamine Takafuli (filiale de AtlantaSanad), ont reçu l’indispensable sésame de la part du régulateur du secteur, leur permettant d'exercer cette nouvelle activité.

L’octroi de ces agréments intervient quelques semaines après la publication par l’Acaps de la circulaire portant sur l’application des dispositions du Code des assurances relatives à l'assurance Takaful, autre jalon important vers le lancement effectif de l’activité et signe que les autorités ont décidé d’accélérer la finalisation de ce chantier qui a pris beaucoup de retard.

«Ces avancées ont été accueillies très positivement par les professionnels de la finance participative, car elles sont susceptibles d’accélérer le processus de mise en œuvre des futurs opérateurs Takaful au Maroc», a déclaré Hakim Bensaïd, président de l’Association marocaine des professionnels de la finance participative (AMPF), joint par Le360.

«La délivrance de ces agréments constitue également un pas très important pour l’écosystème de la finance participative, étant donné que l’absence de l’assurance Takaful représente un risque pour les banques participatives qui ont démarré leurs activités il y a plus de quatre ans», a-t-il ajouté.

Il faut rappelé en effet que les banques participatives ont commencé à commercialiser des produits de financement dès 2018, notamment pour l’acquisition de biens immobiliers (à travers la Mourabaha immobilière), sans que l’acheteur ne souscrive à une assurance décès, faute de disponibilité de cette assurance, et sachant que le Conseil supérieur des oulémas (CSO) a interdit aux banques participatives de faire souscrire à leurs clients des assurances classiques, non conforme à la charia.

L’encours de ces financements, qui ne sont donc pas couverts par une assurance, atteint tout de même près de 15,5 milliards de dirhams à fin octobre 2021 pour la Mourabaha immobilière, qui représente le gros des financements participatifs distribués à ce jour. Les clients qui ont bénéficié de ces financements se sont engagés à souscrire à une assurance décès conforme à la charia, une fois que celle-ci sera mise sur le marché.

Par ailleurs, poursuit le président de l’AMPF, l’absence de l’assurance Takaful constitue «un frein pour le financement Murabaha». Une tranche importante, estimée à 10% jusqu'à 15%, des clients intéressés par un financement participatif, rechignent en effet à franchir le pas, faute de produits d’assurance décès et invalidité disponibles.

Et Hakim Bensaïd d’insister: «le contrat d'assurance qui couvre le risque décès et invalidité est le produit le plus urgent à mettre en place». Ce produit doit encore recevoir l’homologation du CSO et de l’Acaps avant de pouvoir être commercialisé, fait-il savoir.

Il est à noter également que d’autres agréments devraient être délivrés par l’Acaps à des filiales Takaful de compagnies d’assurance au Maroc, notamment La Marocaine Vie et Axa.

Au final, résume Hakim Bensaïd, «pour les prochaines étapes, il y aura la publication des agréments au Bulletin officiel et le dépôt par les opérateurs Takaful des demandes de validation des contrats ainsi que les demandes d’homologation des produits d’assurance, l’étude de ces demandes par l’Acaps et le CSO, et enfin, l’octroi de ces homologations». Si tout va bien, on peut compter sur un démarrage de l’activité d’ici 4 à 6 mois, espère notre interlocuteur.

Selon les calculs du président de l’AMFP, le stock de financements non assurés à ce jour devrait générer des primes d’assurance Takaful de l’ordre de 60 millions de dirhams de dirhams en 2022. Au total, si le rythme des financements de la Mourabaha immobilière se maintient, l’activité du Takaful devrait générer pas moins de 100 millions de dirhams en 2022, soit une part de marché de près de 10% du marché marocain de l’assurance décès adossée à des financements.

Par Amine El Kadiri
Le 13/12/2021 à 18h42