Tout comme les banques conventionnelles, les banques participatives au Maroc ont, elles aussi, subi les effets de la crise sanitaire. Mais dès la fin du confinement, l’activité commerciale est repartie à un rythme soutenu, marqué par une hausse significative des financements octroyés à leur clientèle.
Selon les statistiques monétaires publiées hier, mardi 30 mars 2021, par Bank Al-Maghrib, l’encours des financements de l’ensemble des banques participatives de la place atteignent 14,3 milliards de dirhams à fin février 2021, en progression de 47% par rapport à fin février 2020. Une hausse essentiellement tirée par la "Mourabaha immobilière", un produit de financement conforme à la Charia, commercialisé par les banques participatives.
En effet, sur la même période de comparaison, les financements participatifs à l’habitat sont en hausse de 44%, culminant à 11,9 milliards de dirhams. Dans le même temps, les crédits immobiliers distribués par les banques conventionnelles n’ont progressé que de 3%.
Et de fait, sur le glissement d'une année, 7,5 milliards de dirhams de nouveaux crédits immobiliers ont été distribués, dont 3,7 milliards de dirhams sous forme de Mourabaha immobilière, soit près de la moitié du total des nouveaux financements! Depuis fin décembre 2020 et à fin février 2021, sur 1,7 milliards de nouveaux crédits immobiliers octroyés, 622 millions l’ont été sous forme de "Mourabaha immobilière", soit plus du tiers des nouveaux financements immobiliers octroyés depuis le début de l’année 2020.
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La "Mourabaha immobilière" est, de loin, le produit le plus commercialisé par les banques participatives, avec une part supérieur à 80% du total des financements octroyés. Le financement à la consommation, vient en deuxième position, avec plus d’un milliard de dirhams (+28%), tandis que le financement à l’équipement se chiffre à 878 millions de dirhams, affichant une progression supérieure à 100% sur l’année.
La question du refinancement reste poséeIl faut également savoir que les dépôts de la clientèle auprès des banques participatives sont également en progression notable, enregistrant une hausse de 41% entre février 2020 et février 2021. Toutefois, le gap entre financements et dépôts reste important.
Selon les professionnels du secteur, cet écart s’explique principalement par l’inexistence, au Maroc, d’un marché interbancaire participatif, à l’image de ce qui existe dans le secteur bancaire conventionnel, et l’impossibilité de se refinancer auprès de la Banque centrale.
Pour combler ce fossé entre les financements et les dépôts, les banques participatives ont eu recours, essentiellement, à la "Wakala Bil Istithmar", pour un montant proche des 5 milliards de dirhams et, dans une moindre mesure, aux dépôts d’investissement pour plus d’un milliard de dirhams. La "Wakala Bil Istithmar", pour ceux qui ne connaissent pas le jargon de la finance islamique, c'est un contrat signé entre la banque participative et la banque conventionnelle, aux termes duquel la banque conventionnelle alimente la banque participative en cash, pour satisfaire les demandes de financements.
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Ces moyens de refinancement sont suffisants pour les banques, qui disposent d’une bonne assise bilancielle, affirment les professionnels, rassurants. En revanche, d’autres banques participatives peinent à trouver un juste équilibre entre le refinancement, qui est généralement de court terme, et le financement qui, lui, est de long terme, limitant par conséquent leur capacité à distribué des financements à leur clientèle.
Toujours est-il que pour 2021, les perspectives s'annoncent d'ores et déjà bonnes. La mise sur le marché de nouveaux produits, comme la "Moucharaka" et la "Moudaraba", ainsi que le lancement tant attendu de l’assurance "Takaful" (un produit d'assurance participative), devraient contribuer à étoffer davantage l’offre des banques participatives, et permettre à cette industrie naissante d’accélérer son développement.