La maladie de Parkinson, deuxième pathologie neurodégénérative après la maladie d’Alzheimer, représente 1% de la population après 60 ans.
Elle survient en moyenne entre 55 et 65 ans. Au Maroc, on estime à 50.000 voire 60.000 le nombre de cas de la maladie de Parkinson, environ 4.000 nouveaux cas sont déclarés chaque année, selon les statistiques du ministère de la santé. Près de 4 millions de personnes seraient atteintes de cette maladie dans le monde.
Une étude réalisée à l'hôpital des spécialités de Rabat entre le mois de janvier 2006 et janvier 2011 montre que l'âge moyen des patients atteints par la maladie est de 64 ans +/- 10 ans, avec une prédominance masculine de 61.5%, et un âge moyen de début des premiers symptômes de 57.5 +/- 11 ans.
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En raison de l’augmentation de l’espérance de vie et le vieillissement de la population au Maroc, cette maladie neuro-dégénérative sera de plus en plus fréquente, selon les spécialistes marocains en neurologie.
La maladie de Parkinson a été décrite pour la première fois par James Parkinson, (1755-1824), médecin anglais. En 1817, il décrivit celle-ci sous le nom de «Paralysie agitante». Le 11 avril, date anniversaire de la naissance de James Parkinson, est devenue, depuis 1997, la Journée Mondiale du Parkinson,
La maladie de Parkinson est avant tout une maladie du mouvement. Les malades sont envahis par des symptômes relativement invisibles comme le tremblement au repos, la lenteur du mouvement et la raideur.
Diagnostiquer tôt la maladie, suivre de près son patient, l’orienter pour bénéficier de l’aide spécialisée et experte d’un kinésithérapeute sont les maîtres mots d’une bonne prise en charge de la maladie de Parkinson
«La maladie de Parkinson est une affection chronique dont la prise en charge est coûteuse. Cette affection touche essentiellement les personnes âgées, mais peut toucher également les jeunes, alors une bonne couverture médicale serait une aubaine non seulement pour les malades, mais aussi pour leur environnement familial. Le diagnostic de la maladie de Parkinson est souvent très mal vécu que ce soit par le malade que par sa famille», précise la Dr Oufae Messouak, présidente de l’Association des parkinsoniens. Selon ce médecin, «la maladie de Parkinson est la deuxième cause de handicap moteur chez le sujet âgé».
Plusieurs facteurs font que la maladie de Parkinson peut également toucher les jeunes, essentiellement la dégénérescence cellulaire précoce, du fait de la consommation de substances toxiques en rapport avec la structure chimique de certains insecticides ou herbicides d’où une prévalence plus élevée dans les régions hautement industrialisées ou dans certaines zones rurales.
Par ailleurs, il y a aussi un facteur génétique. Les scientifiques avancent la thèse d’un gène favorisant qui prédomine dans la région de l’Afrique du Nord.
Quels sont alors les signes d’alerte de cette maladie handicapante, particulièrement avec l’avancée dans l’âge?
Il y a tout d’abord la triade parkinsonienne classique avec une akinésie ou l’impossibilité pathologique de faire certains mouvements du fait de la diminution de la force musculaire, d’une rigidité et de tremblements au repos et à l’émotion. Le patient souffre aussi de dépression, de douleur, il a le visage moins expressif et une marche ralentie. On remarque également une hypophonie, une fatigue, un bégaiement et une instabilité.
La maladie de Parkinson a de graves conséquences sur la vie sociale des patients et peut entraîner divers troubles psychologiques, comme la dépression, dont souffre la moitié des parkinsoniens, indique le Dr Hachem Tyal, Directeur de la clinique psychiatrique Les Lilas.
Ce médecin précise que le plus souvent, le diagnostic de la maladie de Parkinson se fait par le médecin neurologue, mais il peut également être fait par le médecin gériatre ou le médecin psychiatre.
Le Dr Tyal insiste sur le fait que le psychiatre peut soulager les signes anxieux et dépressifs liés le plus souvent à la difficulté des patients à vivre leur maladie dans sa chronicité avec tout l’handicap physique qu’elle entraîne.
Le psychiatre peut constituer un soutien psychologique pour le malade, pour qu’il puisse arriver à cohabiter avec sa maladie sans trop de grosses souffrances et soutenir la famille dans sa gestion de la maladie de leur proche.
Cela est d’autant plus vrai que les difficultés du quotidien et le caractère évolutif de la maladie peuvent également générer de l'anxiété et du stress, et ainsi les conduire à l'isolement social.
S’il n’existe pas de traitement pour guérir de cette maladie neurodégénérative, qui s’illustre principalement par des tremblements, des raideurs musculaires et une fatigue intense, le sport peut être très bénéfique, surtout si la maladie est diagnostiquée tôt. Il faut pratiquer une activité physique régulière.
Car si la maladie de Parkinson fait disparaître progressivement des cellules nerveuses qui produisent la dopamine. Et sans dopamine, les mouvements sont plus difficiles à faire et les muscles se raidissent.
Une étude américaine fait ressortir que le sport peut ralentir la progression de la maladie, tout particulièrement lorsqu'elle vient d’être diagnostiquée.
Mais attention, pour constater des résultats, il faut faire du sport très régulièrement et de manière intense: par exemple de la marche active sur tapis roulant, à raison de trente minutes, quatre fois par semaine.
Les médecins recommandent aussi la natation, le cyclisme, mais aussi le taï-chi, qui permet d’étirer les muscles. Le sport aide à la synthèse de la dopamine, ce qui ralentit donc les effets de la maladie.
Depuis plusieurs années déjà, les professionnels de santé et les associations promeuvent l’activité sportive chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. C'est pour cela que la plupart des malades font de la rééducation chez le kinésithérapeute.
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L'immunothérapie, un nouvel espoir dans la prise en charge de la maladie de Parkinson, pour le Pr Philippe Damier, neurologue au CHU de Nantes, qui indique que cette nouvelle piste thérapeutique a pour but de renforcer les défenses immunitaires du patient afin de «ralentir le processus dégénératif, voire de stopper si on arrive au tout début de la maladie».
«Cela veut dire une bien meilleure qualité de vie, moins de fatigue, de raideurs, de problèmes gestuels, de troubles intestinaux. Moins de tremblements aussi même».
Concrètement, l’utilisation de l’immunothérapie contre la maladie de Parkinson consiste à injecter des anticorps monoclonaux, c’est-à-dire «issus de la même souche de lymphocytes, qui sont une variété des globules blancs essentiels à l’activation du système immunitaire». Ces anticorps ciblent les dépôts anormaux de protéines dans le cerveau et les détruisent.
*Le Dr Anwar Cherkaoui est médecin. Lauréat du cycle supérieur de l'Iscae, il a été, trente années durant, le responsable de la communication médicale du CHU Ibn Sina de Rabat.