Soleil de plomb, air brûlant, nuits sans répit... Depuis plusieurs jours, le Maroc suffoque. Une vague de chaleur extrême frappe le pays plus fort que d’habitude.
Pour Mohamed Belouachi, météorologue, le Maroc vit un épisode de canicule «exceptionnel», tant par sa précocité que par sa sévérité. Cette hausse des températures, observée à partir de fin juin, est accompagnée d’un phénomène bien connu, à savoir le chergui, un vent oriental sec et chaud qui accentue fortement la sensation de chaleur, résume-t-il.
«Ces masses d’air traversent les montagnes de l’Atlas, s’assèchent en route, puis déferlent sur le pays sous forme de souffles secs et étouffants», explique Mohamed Belouachi. Si ce phénomène est habituel en plein été, ce qui interpelle cette année, c’est sa précocité puisqu’il est arrivé avec dix jours d’avance sur le calendrier.
Mais ce n’est pas tout. Ce qui rend cette vague de chaleur hors norme, selon l’expert, c’est son intensité exceptionnelle et la largeur du territoire touché. Dans plusieurs régions, les températures ont dépassé de 10°C les moyennes saisonnières.
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Et le plus surprenant, souligne l’expert, c’est que même les zones côtières, d’ordinaire tempérées par la fraîcheur de l’Atlantique, n’ont pas été épargnées: «Voir des records de chaleur tomber sur le littoral, c’est extrêmement rare… mais c’est pourtant ce que nous vivons ces jours-ci.»
Et le ressenti, lui, est encore plus extrême. Les températures annoncées paraissent déjà élevées, mais ce que vivent les Marocains sur le terrain dépasse souvent les chiffres. L’air semble plus lourd, le souffle plus difficile, la chaleur plus écrasante.
D’après Mohamed Belouachi, cette impression vient de plusieurs facteurs combinés. Il s’agit notamment de l’humidité ambiante, de l’exposition directe au soleil, ou encore de la présence dans des lieux confinés ou densément fréquentés. Tous ces éléments accentuent fortement la perception de la chaleur, au point de la rendre parfois insupportable.
Pourtant, les données diffusées par les services météorologiques sont parfaitement fiables. Les températures communiquées sont mesurées à l’aide d’instruments normalisés, placés dans des conditions précises, à une certaine hauteur, dans des espaces ouverts et ventilés, conformément aux règles établies par l’Organisation météorologique mondiale.
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Mais l’enjeu dépasse le simple ressenti. La chaleur extrême, combinée au chergui, a des conséquences bien plus concrètes. En réduisant drastiquement l’humidité de l’air et en desséchant la végétation, elle crée un environnement hautement inflammable. Le moindre départ de feu peut se transformer en incendie majeur, attisé par les rafales du vent chaud venu de l’est.
Autre phénomène préoccupant: alors que beaucoup fuient la chaleur des villes pour se rendre en montagne, ces zones d’altitude sont elles aussi mises à rude épreuve. En période de canicule, elles deviennent propices aux orages violents, souvent soudains, et parfois accompagnés de pluies intenses qui peuvent provoquer des inondations éclairs ou des glissements de terrain.
C’est pourquoi Mohamed Belouachi préconise d’éviter les expositions prolongées, de rester hydraté, et surtout, de faire preuve de vigilance dans les zones naturelles sensibles. L’été s’annonce long, et cette chaleur n’en est sans doute qu’un avant-goût.