Conditions, procédure, contrôle... Tout savoir sur les importations de viandes rouges

Des bouchers procèdent à la découpe et à la préparation des carcasses de viandes rouges dans un abattoir. (Photo d'illustration)

Face à des épisodes successifs de sécheresse impactant lourdement le cheptel national, le Maroc a ouvert l’importation des viandes rouges et des abats. Une opération encadrée par un cahier de charges strict et des contrôles sanitaires rigoureux. Les détails.

Le 26/11/2024 à 14h01

La sécheresse qui sévit au Maroc depuis cinq ans a eu un impact direct sur le secteur de l’élevage. Afin de garantir l’approvisionnement du marché national en viandes rouges et de stabiliser les prix, le gouvernement a donné son feu vert à l’importation de bovins, ovins, caprins et camelins. Des mesures strictes ont été édictées à cet effet pour assurer la sécurité sanitaire des consommateurs.

Un nouveau cahier des charges a ainsi été élaboré pour encadrer l’opération. Ce document détaille les normes techniques, les conditions sanitaires et les procédures à suivre par les importateurs.

On apprend alors que seuls les abats et viandes provenant d’animaux abattus selon les rites halal dans des abattoirs agréés, et accompagnés du certificat attestant de cette conformité, seront acceptés. Ils devront être présentés sous forme de carcasses entières, demi-carcasses ou quarts de carcasse, ou découpés en unités de vente. Les abats autorisés sont les foies, cœurs, rognons, langues, ris, rates, ainsi que les têtes, pieds, tripes et queues.

Ces exigences en matière de présentation et de certification halal s’accompagnent d’une sélection rigoureuse des pays d’origine. Pour les viandes ovines et caprines, l’importation est possible depuis l’Union européenne, ainsi que d’Andorre, d’Albanie, d’Argentine, d’Australie, du Canada, du Chili, des États-Unis, du Royaume-Uni, de Nouvelle-Zélande, de Russie, de Serbie, de Singapour, de Suède et d’Uruguay. Pour les viandes bovines, les importateurs peuvent s’approvisionner également auprès du Brésil, du Paraguay et de l’Ukraine.

Outre la provenance des viandes, le cahier de charges impose également des critères spécifiques aux importateurs, limitant cette activité à des opérateurs disposant des agréments nécessaires délivrés par l’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA). Il s’agit notamment des abattoirs, des unités de découpe et celles équipées en entrepôts ou sous-traitant l’activité d’entreposage, des chevillards (disposant d’un ICE) exerçant dans les abattoirs agréés par l’office ainsi que des personnes morales disposant d’un entrepôt agréé ou sous-traitant l’activité d’entreposage avec un entrepôt agréé.

Ce que doivent fournir les importateurs

Lors de leur première demande, les importateurs doivent soumettre un dossier détaillé à la Direction de développement des filières de production (DDFP) du ministère de l’Agriculture. Ce dossier inclut, entre autres, une demande d’importation, un engagement de l’importateur, une description des capacités logistiques et des infrastructures de stockage, ainsi qu’une facture pro-forma.

Une fois approuvé, un certificat d’éligibilité précisant les quantités autorisées à l’importation est délivré. Pour toute demande ultérieure, des pièces complémentaires, telles que le registre de suivi des viandes importées, doivent être fournies, garantissant ainsi un contrôle renforcé à chaque étape.

Le rôle de l’ONSSA est central dans cette opération. Toutes les viandes importées sont soumises à un contrôle sanitaire systématique, assuré par les services vétérinaires des postes d’inspection frontaliers. «L’importation de viandes n’est autorisée qu’à partir de pays ouverts à l’importation suite à une évaluation des risques sanitaires par les experts de l’ONSSA, les conditions de préparation des viandes dans les abattoirs ainsi que l’évaluation des compétences des inspecteurs des pays d’origine», indique l’Office dans une note d’information.

Au niveau des postes d’inspection frontaliers, les services vétérinaires de l’ONSSA effectuent un contrôle systématique des viandes importées en vérifiant d’abord les documents sanitaires qui les accompagnent. «Ces documents, délivrés par les autorités compétentes du pays d’origine, incluent les certificats sanitaires attestant la salubrité et la sécurité sanitaire des viandes, qu’elles soient fraîches ou congelées. En complément, une inspection est effectuée pour évaluer les conditions de transport et de conservation, la conformité de l’étiquetage aux réglementations en vigueur, ainsi que le respect strict de la chaîne du froid tout au long du processus de transport», fait-on savoir.

Les inspecteurs procèdent également à des prélèvements d’échantillons pour des analyses approfondies au niveau des laboratoires de l’ONSSA, afin de vérifier que les viandes sont exemptes de tout contaminant chimique, de résidu de médicaments vétérinaires et conformes aux normes de sécurité sanitaire en vigueur.

En cas de non-respect des exigences du cahier de charges, des sanctions strictes peuvent être appliquées. Celles-ci peuvent aller de l’application de la loi 24-89 relative à la police sanitaire vétérinaire, entraînant d’éventuelles saisies ou destructions de produits, à l’imposition de droits de douane supplémentaires et à la suspension ou au retrait de l’autorisation d’importer des viandes et abats, apprend-on du cahier de charges.

Par Hajar Kharroubi
Le 26/11/2024 à 14h01