L’importation d’ovins et de bovins suscite une vive controverse au sein de la classe politique marocaine. La question de l’exonération des droits de douane, des subventions directes accordées aux importateurs et des répercussions sur le pouvoir d’achat des citoyens divise les responsables, sur fond d’accusations de mauvaise gestion du dossier.
Dans son édition du lundi 31 mars, Assabah rapporte que le débat a pris une tournure particulièrement tendue entre plusieurs figures politiques de premier plan. D’un côté, Nizar Baraka, secrétaire général du parti de l’Istiqlal et ministre de l’Équipement et de l’Eau, ainsi que Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, accusent un cercle restreint d’importateurs d’avoir monopolisé les subventions au détriment des consommateurs. Lors de rassemblements publics, les deux ministres ont affirmé que seuls 18 importateurs avaient bénéficié de 13 milliards de dirhams d’avantages, avant de revendre le bétail à des prix exorbitants, aggravant ainsi la crise du pouvoir d’achat.
Face à ces accusations, ajoute le quotidien, Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants et cadre du Rassemblement national des indépendants (RNI), a présenté une version différente des faits. Lors d’une conférence de presse tenue vendredi dernier, il a assuré que le nombre réel de bénéficiaires de ces aides s’élevait à 100 personnes et que le soutien direct versé par l’État ne dépassait pas 300 millions de dirhams. Il a, dans le même sens, dénoncé des chiffres exagérés et infondés. Selon lui, des documents officiels prouvent que les montants avancés par les deux ministres ne correspondent pas à la réalité.
Bien entendu, cette guerre des chiffres ne s’est pas limitée aux leaders des partis de la majorité, mais a également trouvé un écho dans les rangs de l’opposition. Celle-ci dénonce une opacité totale autour de ce programme d’importation. Plusieurs partis, dont le Mouvement populaire (MP), l’Union socialiste des forces populaires (USFP), le Parti de la justice et du développement (PJD), la Fédération de la gauche démocratique et le Parti socialiste unifié, critiquent une mesure qui n’a pas abouti à une baisse effective des prix, contrairement aux attentes.
Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), est allé plus loin en révélant un document officiel remis aux parlementaires par son groupe. Ce document indique que 271 importateurs auraient bénéficié des exonérations fiscales, pour un montant total de 13,3 milliards de dirhams, soit un chiffre bien supérieur à celui avancé par Talbi Alami. Sur sa page Facebook, il a publié ces informations en appelant à davantage de transparence, une publication qui a rapidement été relayée par les médias et son parti.
Assabah souligne que, dans un contexte où la crise économique pèse sur les ménages marocains, les associations de protection des deniers publics réclament également la publication des noms des bénéficiaires. Elles soupçonnent certains responsables politiques et parlementaires d’avoir profité de ces exonérations, ce qui soulève des doutes quant à l’intégrité du processus de sélection des importateurs.
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