USFP: un ex-dirigeant dénonce la léthargie du parti sous Lachgar

Amam Chokrane, ancien chef du groupe socialiste parlementaire à la Chambre des représentants. (Y.Mannan/Le360)

Le 08/05/2025 à 16h46

VidéoL’Union socialiste des forces populaires (USFP) en tant que parti d’opposition «ne remplit pas suffisamment» son rôle dans la vie politique du pays, a estimé Amam Chokrane, ancien chef du groupe socialiste parlementaire à la Chambre des représentants.

L’Union socialiste des forces populaires (USFP) traverse une période de léthargie politique qui suscite de vives inquiétudes chez certains de ses anciens cadres. Amam Chokrane, avocat de profession et ancien chef du groupe socialiste parlementaire à la Chambre des représentants, déplore ce qu’il considère comme une perte de dynamisme et d’utilité dans le paysage partisan.

«L’USFP n’agit pas à la hauteur de sa mission de parti politique d’opposition et contribue peu aux débats portant sur les grands chantiers», affirme-t-il dans un entretien accordé à Le360. Cette déclaration s’inscrit dans une critique plus large que Chokrane adresse à la direction actuelle du parti, notamment à son secrétaire général, Driss Lachgar, qu’il a publiquement contesté lors du dernier congrès. Ce socialiste, connu pour son opposition à un troisième mandat de Lachgar à la tête de l’USFP, confie: «Depuis cette date, je ne reçois plus d’invitation pour participer aux structures du parti.»

Loin de se contenter d’une posture critique, Amam Chokrane appelle à un renouveau profond de la formation. Il exprime le vœu que le prochain conseil national et le congrès prévu cette année «insufflent du sang neuf car notre formation politique regorge de jeunes cadres qui sont capables d’assumer les responsabilités».

Il insiste sur l’urgence d’une restructuration en profondeur, estimant que « plusieurs cadres USFPistes pensent comme moi et appellent à un changement et une restructuration, c’est-à-dire que le niveau du parti a baissé d’autant qu’il est dans l’opposition, c’est regrettable»

Selon lui, les positions actuelles du parti sont floues: «J’ai lu le dernier communiqué du bureau politique, sans y trouver de référence aux préoccupations des citoyens: coût de la vie, lutte contre la corruption ou encore les projets sociaux actuels.»

Dans cette même logique, il déplore la perte de l’ADN même de l’USFP car «le discours critique et constructif qui caractérisait l’Union socialiste, surtout en tant qu’opposition, a disparu».

Cette perte d’identité se traduit également dans les choix politiques récents du parti. Il rappelle que l’USFP a été le dernier à se joindre à l’initiative des autres partis d’opposition (MP, PPS, PJD) pour créer une commission parlementaire d’enquête sur le scandale des subventions à l’importation de viandes rouges. Au lieu de cela, le parti a préféré déposer une motion de censure, une mesure sans issue selon lui: «La direction doit inaugurer une nouvelle phase de mobilisation populaire et de préparation des prochaines étapes.»

Amam Chokrane attend du prochain conseil national une véritable relance du parti. Il espère «la création d’un comité préparatoire du congrès avec une volonté collective et une écoute sincère, synonyme de renouveau». Il estime qu’«il y a des cadres et des militants qui doivent être appelés à reconstruire l’Union socialiste authentique».

Pour lui, le projet de refondation doit être inclusif: «tous ceux qui se considèrent comme unionistes ont leur place». Et de conclure, dans un constat amer mais déterminé: «Le Maroc a besoin aujourd’hui d’une véritable Union socialiste, pas d’une version superficielle comme celle que nous vivons actuellement.»

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 08/05/2025 à 16h46