Le retrait de l’USFP, qualifié de «brusque» intervenu alors que des divergences ont éclaté au grand jour au sein même de l’opposition, a été accueilli avec étonnement par la classe politique, selon les observateurs.
Pour qu’une motion de censure contre le gouvernement, souhaitée après le scandale des subventions à l’importation de viandes rouges, soit recevable, la Constitution impose un seuil de 79 signatures, soit le cinquième des 395 sièges de la Chambre des représentants. Faute d’avoir atteint ce seuil, le dépôt d’une telle motion devient donc caduc.
Dans un communiqué diffusé, ce vendredi 16 mai, le groupe parlementaire de l’USFP «annonce la suspension de toute coordination concernant la motion de censure», tout en réaffirmant, en tant que parti d’opposition «la poursuite de sa mission de contrôle de l’action gouvernementale».
Le parti de la rose fait endosser la responsabilité de ce retrait à «certaines composantes de l’opposition» qui auraient «préféré s’attarder sur des détails personnels et techniques qui n’ont aucun rapport avec les usages politiques et parlementaires établis».
Et d’estimer que «d’autres ont contribué à parasiter l’initiative par des fuites médiatiques servant leur propre agenda et en désinformant l’opinion publique, en noyant l’initiative dans des considérations spéculatives, gaspillant ainsi un temps politique précieux, loin de l’éthique de coordination et de concertation responsable entre les composantes de l’opposition».
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Sans les nommer, l’USFP fait clairement allusion au MP et au PPS. Le Mouvement populaire est accusé d’avoir exigé la primauté dans l’annonce du dépôt de la motion de censure contre le gouvernement, afin que son leader, Mohamed Ouzzine, puisse en faire la lecture lors d’une session plénière. L’USFP, de son côté, revendiquait pour son groupe parlementaire la paternité de cette initiative, alors même qu’il avait été le dernier à y adhérer.
«Le groupe (USFP) a été le dernier à vouloir rejoindre notre demande de création d’une commission d’enquête parlementaire (finalement mort-née) et le premier à abandonner ses camarades en cours de route pour des raisons claires», a commenté un leader politique en qualifiant ce retrait d’«aubaine» pour le gouvernement d’Aziz Akhannouch.
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«Nous n’avons pas voulu, à travers cette motion de censure, faire tomber le gouvernement, mais pousser le débat plus loin pour connaitre avec exactitude la destinée des fonds publics concernant l’importation des viandes rouges. Nous souhaitions également évoquer d’autres sujets relatifs au tourisme, à l’habitat, au monde de l’agriculture», a martelé Driss Sentissi, chef du groupe parlementaire du MP. «Nous avons l’impression d’œuvrer avec un allié qui refuse la diversité tout en voulant s’imposer à sa manière», a ajouté le dirigeant du MP.