Ces dernières années, le Polisario a pris l’habitude inquiétante de multiplier les appels explicites à des actes terroristes contre le Maroc, en particulier dans ses provinces sahariennes. Le dernier en date provient de Mustapha Sidi Ali El Bachir, membre du prétendu gouvernement de Rabouni, qui a lancé une menace directe à l’encontre des investisseurs et touristes étrangers —occidentaux ou originaires des pays du Golfe— présents dans le Sahara marocain.
Dans une vidéo diffusée sur YouTube le jeudi 1er mai, il a déclaré «renouveler et confirmer qu’en vertu du communiqué du Polisario du 13 novembre 2020, annonçant le retour à la guerre, tout investisseur ou touriste étranger dans le Sahara met sa vie en danger». Autrement dit, ces personnes pourraient être la cible d’attaques menées par les milices du Polisario.
Poussant la menace encore plus loin, il a exhorté les habitants des provinces du Sud à ne pas coopérer avec les étrangers, sous peine d’être pris pour cibles eux aussi. «Que les Sahraouis s’éloignent des étrangers et ne viennent pas nous dire qu’ils sont civils ou innocents. Nous ne sommes pas dans un contexte de tourisme, mais dans un contexte de guerre», a-t-il martelé.
Par ces menaces à peine voilées, Mustapha Sidi Ali El Bachir cherche clairement à instaurer un climat de terreur, dans le but de freiner l’élan économique et touristique que connaissent les provinces du Sud du Royaume. Un projet voué à l’échec, d’autant que le même personnage a reconnu publiquement à deux reprises — en 2021 à Paris et en 2024 à Rabouni — qu’un État sahraoui indépendant ne verra jamais le jour.
Jusqu’ici protégé par son appartenance au puissant clan tribal des Bouihates (Rguibat) à Tindouf, ce cadre du Polisario a été maintenu à son poste, bien que sa liberté de mouvement soit désormais restreinte au périmètre des camps de Lahmada.
Ces déclarations interviennent dans un contexte explosif à Tindouf, où des affrontements armés entre factions tribales sont devenus quasi quotidiens, et où des centaines de familles expriment leur volonté de quitter les camps pour retourner vivre au Maroc. Face à cette situation de plus en plus instable, le régime algérien a convoqué d’urgence le chef du Polisario, Brahim Ghali, mercredi dernier à Alger. Le président Abdelmadjid Tebboune et le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chengriha, ont sommé Ghali et le chef des milices, Mohamed El Ouali Akeik —également présent dans la capitale— de rétablir l’ordre dans les camps.
Déjà en mars 2022, Akeik appelait à «mener des opérations subversives dans toutes les villes» du Sahara marocain, affirmant que des jeunes Sahraouis sur place seraient activés par le Polisario.
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L’Algérie elle-même n’a pas hésité à s’inscrire dans cette logique d’escalade. En 2021, l’ex-colonel de l’armée de l’air algérienne, Mokhtar Mediouni — actuel PDG de l’aéroport international Houari Boumediene — avait publiquement appelé, sur un plateau télévisé local, à des actions visant à «semer le désordre et la terreur dans la société marocaine».
Les liens entre le Polisario et des groupes terroristes ne sont plus à démontrer. Dans la région du Sahel, un ancien milicien du mouvement, Abou El Walid Essahraoui, était devenu émir d’une branche affiliée à Al-Qaïda, avant d’être neutralisé. Par ailleurs, la chute progressive du régime syrien a révélé que des centaines de combattants du Polisario avaient rejoint les forces de Bachar al-Assad. Selon une enquête récente du Washington Post, ces miliciens ont été formés par l’Iran et par le Hezbollah libanais, tous deux classés comme organisations terroristes par la communauté internationale.
Face à ces connexions avérées, la Foundation for Defense of Democracies, un think tank américain, a appelé en avril dernier l’administration américaine à inscrire le Polisario sur sa liste des organisations terroristes. Dans le même esprit, le député républicain Joe Wilson prépare une proposition de loi visant à faire figurer officiellement les séparatistes du Polisario sur la liste des organisations terroristes étrangères du Département d’État américain.