«Il serait totalement illusoire, irrespectueux et stupide de considérer qu’on va construire ce que j’espère qu’on arrivera à construire, brique après brique, pour le bonheur de nos deux nations et quelques autres voisins, sans clarifier ce sujet (la position de la France sur la question du Sahara marocain, NDLR), dont tout le monde à Paris connait et reconnait le caractère essentiel pour le Royaume, hier, aujourd’hui et demain.» La phrase est de Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc.
Ce dernier répondait à une question sur la position de la France concernant le Sahara dans le cadre d’une conférence-débat sur les relations franco-marocaines organisée vendredi 16 février à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Aïn Chock (Université Hassan II de Casablanca). L’événement est une initiative de la Fondation Links, présidée par l’ancien ministre et ancien ambassadeur du Maroc en France, Mohamed Berrada.
«Comment voulez-vous qu’on puisse prétendre avoir ces ambitions sans prendre en compte les préoccupations majeures du Royaume sur la question», a insisté le diplomate français dans des propos relayés par l’agence Maghreb arabe presse (MAP).
Pour lui, la France a conscience de l’importance de ce sujet pour le Maroc. Elle a conscience de l’évolution du monde. «Dans le dialogue que nous avons avec le Maroc, cette question, comme elle l’a été depuis 2007, sera évoquée dans la logique de poursuivre l’intimité et le partenariat dans les années et les décennies à venir», a souligné Christophe Lecourtier.
Une relation «essentielle»
Ces propos font écho à ceux du nouveau chef de la diplomatie française. La relation de la France avec le Maroc est «essentielle», a estimé, mercredi 14 février, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, soulignant sa «volonté» de renouer un lien de confiance. «La volonté est là. J’ai repris le lien avec le Maroc. Il y avait des incompréhensions qui ont amené à une difficulté», a-t-il déclaré lors d’une audition à l’Assemblée nationale.
«Notre lien avec le Maroc est très important et il est même essentiel», a également commenté Stéphane Séjourné. Des propos repris notamment par l’Agence France Presse (AFP).
«Je construirai petit à petit cette confiance. C’est l’intérêt de la France et l’intérêt du Maroc», a estimé le chef de la diplomatie française, souhaitant «la construction d’un nouvel agenda politique». «Je pense qu’on peut faire mieux et différemment», a-t-il dit, exprimant son souhait de dialoguer avec les responsables politiques marocains «de manière transparente en respectant l’ensemble des partis».
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Dans un entretien publié le 10 février dans le quotidien Ouest France, le ministre français avait déjà confié cette volonté de rapprochement, assurant qu’il allait «personnellement» œuvrer au rapprochement entre la France et le Maroc.
«Le Président de la République m’a demandé personnellement de m’investir dans la relation franco-marocaine et d’écrire aussi un nouveau chapitre de notre relation. Je vais m’y attacher», a-t-il souligné, affirmant avoir eu «plusieurs contacts» avec les responsables marocains depuis son arrivée en poste, le 12 janvier dernier.
Le Maroc, «le pays le mieux perçu au Sahel»
Grâce aux relations particulières que le Maroc a pu nouer avec les pays africains, et plus particulièrement ceux du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, le Royaume et la France ont «beaucoup de choses à faire ensemble» sur le continent, a encore affirmé Christophe Lecourtier à Casablanca. Le Royaume est, en l’occurrence, «le pays le mieux perçu par les opinions publiques au Sahel», a-t-il souligné, cité par la MAP.
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Le représentant diplomatique a rappelé que les relations entre l’Europe et l’Afrique passent nécessairement par le Maghreb, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, soulignant que cette réalité «rejoint la vision de Sa Majesté le Roi» Mohammed VI, qui a fait de l’ancrage du Maroc dans sa profondeur africaine l’un des piliers majeurs de la politique étrangère du Royaume.
Soulignant la volonté de la France de renforcer son partenariat avec le Maroc, Christophe Lecourtier a affirmé que son pays dispose de «la capacité d’être un allié et un partenaire utile, sans exclusive, ni monopole», précisant que «sans arrogance, le Maroc a raison de vouloir voir la France autour de la table et de vouloir, comme nous voulons avec lui, refonder cet agenda très ambitieux».
«Cela veut dire qu’on soit capables d’être à la hauteur de ce rôle que vous pourriez souhaiter nous redonner, un des grands partenaires pour les 20 prochaines années. Cela veut dire qu’on soit capables de mobiliser des moyens financiers et en termes d’expertises, d’investissements et de recherches», a encore assuré l’ambassadeur français.