Les organisations terroristes, qui opèrent dans la vaste zone du Sahel, à savoir notamment «Daech, acronyme arabe de l’«État islamique en Irak et au Sham»), Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) ou encore le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao)», ont des connexions directes avec les milices du Polisario dans les camps de Tindouf.
«Certaines de ces organisations comptent dans leurs rangs des membres issus du Front polisario», a révélé le directeur du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), Cherkaoui Habboub, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique, dans sa dernière livraison.
Selon le directeur du BCIJ, «environ 100 individus affiliés au Polisario ont rejoint des groupes terroristes au Sahel, profitant de la faiblesse des contrôles frontaliers». Et de citer «des figures notoires comme Adnan Abou Walid al-Sahraoui, ancien membre du Polisario abattu, qui avaient dirigé des opérations meurtrières dans la région».
Rappelant les conclusions de la Conférence de Marrakech en 2022, à laquelle ont participé plus de 80 pays au sein de la coalition internationale contre Daech, confirmant que le séparatisme alimente le terrorisme et vice versa, le directeur du BCIJ a indiqué que «cette convergence entre séparatisme et djihadisme était préoccupante car elle affaiblit la souveraineté des États et favorise les trafics (armes, drogues...)».
Pour le directeur du BCIj, «les camps de Tindouf constituent un foyer de radicalisation, dès lors que cette zone constitue un lieu de repli par excellence des opérationnels du JNIM», parce que «leurs jeunes sont vulnérables et facilement recrutés par des groupes extrémistes».
Conséquence de cette interconnexion, a-t-il expliqué, «plusieurs opérations de sabotage et de bombardement ont été commises dans divers pays de la région».
En effet, «l’ex-leader de l’État islamique (EI) au Grand Sahara, Lahbib ould Abdi ould Said ould Bachir, alias Adnan abou Al Oualid Sahraoui, avait fait ses premières classes à partir de 1998 au sein du Polisario avant d’intégrer la mouvance islamiste radicale en 2008 sur fond de ralliement de la Katibat Tariq ibn Ziad relevant d’AQMI au nord-Mali».
L’implication directe et flagrante d’éléments du Front Polisario dans des affaires de terrorisme n’est plus à démontrer, a-t-il répété, en évoquant les cas de «l’enlèvement par l’élément séparatiste Omar ould Hamma, alias Omar Sahraoui, en novembre 2008, sur le sol mauritanien, de trois ressortissants espagnols au profit d’AQMI, et de trois humanitaires étrangers en octobre 2011».
Autant dire, a-t-il conclu, que «le séparatisme devient un prétexte idéologique et un vivier de recrutement pour les organisations extrémistes», soulignant que «la menace qui en découle ne concerne pas uniquement le Maroc, mais l’ensemble de la région et la communauté internationale».
Dans le même entretien accordé à Jeune Afrique, Cherkaoui Habboub a rappelé le bilan du BCIJ, qui «depuis sa création en mars 2015, a démantelé 101 cellules terroristes, dont 93 liées à Daech, a traduit près de 2 000 personnes devant la justice –hommes, femmes et mineurs confondus».