Mercredi dernier, le président algérien a mis à profit la célébration du 61ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie pour se lancer dans des inaugurations de projets socioéconomiques mineurs, qu’il a cru pouvoir doper avec des déclarations irréfléchies et mensongères.
A Boumerdès d’abord, ville située à une quarantaine de kilomètres d’Alger, il a ciselé le ruban de cérémonie d’un édifice digne d’un petit dispensaire rural, qu’il a présenté comme un hôpital qui va mettre fin au déficit criant en lits pour grands brulés. Une maigre parade, en ce début de saison des feux de forêts, face auxquels les avions bombardiers d’eau, régulièrement promis, sont toujours inscrits au registre de l’arlésienne.
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A Tipaza, à quelque 70 km d’Alger, Tebboune a lancé un autre projet de construction d’une station de dessalement de l’eau de mer d’une capacité de production de 300.000 m3/jour. Ce projet, dit «Fouka 2», Fouka étant l’autre nom de Tipaza, a été initié sur les décombres d’un premier projet du même genre qui a complètement foiré, de l’aveu même de Tebboune. Ce dernier a brandi, à l’occasion, la menace de recourir à l’armée pour assurer la bonne marche du nouveau projet. Selon lui, le premier projet de dessalement à Tipaza «a connu beaucoup de sabotages de la part d’une issaba qui était financée par une autre, celle de l’argent, qui a quotidiennement retardé l’approvisionnement de cette station en électricité... Attention, il ne faut pas nous obliger à la mettre sous la protection de l’armée».
De prédatrice notoire et ultra-budgétivore, l’armée algérienne, dont le commandement est gangrené par la corruption, est ainsi auréolée, par Tebboune, de la vertu du bon gestionnaire.
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Parlant, toujours à Tipaza, de la nécessité d’une interconnexion entre les barrages locaux, en vue de transférer l’eau d’une région du pays à l’autre, Tebboune a déclaré que «l’Algérie est le seul pays au monde, en dehors des Etats-Unis, à réaliser un grand transfert d’eau. Il s’agit de celui d’Ain Salah-Tamanrasset sur 750 km. On l’a déjà fait et on peut continuer».
Pourtant, ce projet, malgré la distance qu’il couvre en plein désert, n’a rien de grandiose puisque son débit de 30.000 m3/jour est non seulement irrégulier, mais l’eau en question est de mauvaise qualité, car transférée à l’aide de petits tuyaux en caoutchouc et non à travers des aqueducs comme cela se fait dans de nombreux pays à travers le monde.
D’ailleurs Tebboune tient mordicus à cette technique des tuyaux, car, selon lui, «tant que nous avons les moyens, nous fabriquons nous-mêmes la tuyauterie et nous disposons d’entreprises algériennes en mesure de le faire pour interconnecter les barrages».
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Ces nouvelles déclarations à l’emporte-pièce ne sont qu’un maillon d’une longue série de mensonges auxquels le président algérien ne cesse de s’adonner en guise de mode de gouvernance depuis son parachutage à la Mouradia en décembre 2019. Abdelmadjid Tebboune est déjà retenu par l’Histoire comme le pire président que l’Algérie ait jamais connu. Sous son magistère, le pays a traversé plus de trois années de vaches maigres, avec de très sévères pénuries en produits de première nécessité (farine, lait, huile de table, eau potable…).
Pour affronter ces crises sans précédent, Tebboune a toujours choisi de brasser du vent à travers des annonces hors-sol et loufoques, pour faire croire à une grandeur de l’Algérie aux antipodes de la réalité de ce pays.
N’a-t-il a pas déclaré que l’Algérie, qu’il qualifie de puissante «force de frappe», dispose du meilleur système de santé en Afrique, alors que les dentistes algériens font ces jours-ci d’interminables queues pour espérer se procurer de minuscules doses de produits anesthésiants, sans lesquels ils ne pourront traiter le moindre patient?
N’est-ce pas Tebboune qui a dit que l’Algérien a l’un des meilleurs niveaux de vie au monde, puisqu’il vit mieux, selon lui, que le citoyen suédois?
Les 25 milliards de dollars d’exportations agricoles annuelles, la confidence fuitée face au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, selon laquelle l’Algérie est un grenier de l’Afrique qui peut nourrir l’Egypte, la Tunisie, le Maroc…, le TGV Tamanrasset-Alger, l’adhésion aux BRICS qu’il a garantie pour cette année 2023 et qui vient de s’évaporer, ses allégations sur l’émir Abdelkader avec des dirigeants qui ne sont pas de son époque comme Georges Washington ou le tsar Nicolas II… toutes ces divagations non exhaustives relèvent des interminables tebbounneries.
Ce président a tellement menti que même ses subalternes l’ont souvent pris à contre-pied. L’exemple par son ex-ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, qui a demandé aux Algériens de patienter une autre année, voire plus, avant de voir la première Fiat montée en Algérie. C’était en janvier dernier, quand Tebboune leur a dit que la Fiat made in Algéria sera disponible dans moins de trois mois. Finalement, c’est Zeghdar qui a eu raison, mais Tebboune a eu le dernier mot en le débarquant du gouvernement le 16 mars 2023.
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La folie des grandeurs de Tebboune et son déni généralisé de la réalité n’a fait que nuire davantage à l’image de l’Algérie. A tel point que les Algériens ressentent de la honte d’avoir un président très en deçà de la fonction.
Un blogueur algérien établi à l’étranger, et peu suspect d’être un anti-régime politico-militaire, vient de concéder qu’un haut responsable du pays, qui accompagnait le président algérien dans ses récentes inaugurations, lui a exprimé sa honte d’entendre Tebboune débiter de nouveaux mensonges devant les caméras. Il dit préférer se taire pour éviter de rejoindre les centaines de prisonniers qui croupissent injustement dans les geôles du pays, où la répression implacable et la régression des libertés sous le duo Tebboune-Chengriha sont les seules réalisations palpables en Algérie.