Tebbouneries: le président algérien affirme que l’Espagne a proposé le Sahara à l’Algérie

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, durant l'interview accordée à la chaîne Al Jazeera.

Le 24/03/2023 à 11h18

VidéoLa dernière trouvaille du président algérien sur le Sahara marocain dépasse l’entendement. Lors de sa récente sortie sur la chaîne qatarie Al Jazeera, Abdelmadjid Tebboune a affirmé, sans ciller, que l’ex-maître de l’Espagne, le caudillo Francisco Franco, avait proposé, en 1964, à l’Algérie de lui céder le Sahara atlantique. Un échantillon, entre autres, des nombreuses balivernes, contre-vérités et approximations que le président algérien a assénées au cours des 26 minutes qu’a duré son interview.

Quand on regarde la récente interview qu’il a accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera, diffusée dans l’après-midi du mercredi 22 mars dans le cadre du programme Likâa Khass (Rencontre spéciale), l’on se demande pourquoi le président algérien Abdelmadjid Tebboune a cette incorrigible propension au ridicule.

Jamais aucun historien, ni en Algérie ni ailleurs, n’a entendu dire que l’ex-caudillo espagnol, le général Francisco Franco, avait proposé en 1964 le rattachement du Sahara atlantique à l’Algérie, et que c’est cette dernière qui a décliné ce «cadeau».

Cela n’est pas sans rappeler les précédentes «révélations» de Tebboune, dont celle sur les échanges de cadeaux entre George Washington (mort en 1799) et l’émir Abdelkader (né en 1808), deux personnalités qui n’ont pas vécu à la même époque. Ou celle déclinée, et rapportée par un micro indiscret, devant le chef du Département d’État américain Antony Blinken, ébahi d’entendre Tebboune affirmer que l’Algérie va produire 30 millions de tonnes de blé et nourrir aussi bien l’Égypte et la Tunisie que le Maroc.

Interrogé d’entrée de jeu pour s’expliquer sur la détérioration qu’ont connue les relations de son pays avec le Maroc depuis son arrivée au pouvoir, Tebboune a ouvert le bal avec un faux chiffre.

«Les frontières sont fermées depuis 43 ans», a dit le président algérien. Or les frontières terrestres maroco-algériennes ont été fermées en 1994, et non en 1980. Il voulait expliquer ainsi que le Maroc et l’Algérie n’ont jamais connu de bonnes relations «depuis leur indépendance».

Un bavardage digne des cafés de commerce

De même, et pour qui sait lire dans les divagations de Tebboune, ce dernier a signifié à sa compatriote journaliste d’Al Jazeera, Khadija Benguenna, que les médiations arabes entre les deux pays maghrébins ne sont pas les bienvenues.

Ces médiations, que le régime algérien appelle visiblement de ses vœux, sont fictives. En tout cas, les autorités marocaines n’ont jamais été informées d’une tentative de médiation entre Rabat et Alger. C’est à ce se demander quand le régime algérien, manifestement englué dans une décision non réfléchie, va cesser avec le disque rayé des médiations qu’il invente et dément, et passer à autre chose.

C’est donc la fuite en avant que Tebboune a choisie pour affirmer qu’il «n’y a pas matière à médiation», car les relations maroco-algériennes ont, selon lui, «atteint un point de non-retour», parce que, ajoute-t-il, ce n’est pas l’Algérie «qui a commencé la première». Ce bavardage, digne des cafés de commerce, montre à lui seul que Tebboune n’a aucun pouvoir de décision, et qu’il est bien en deçà de la fonction présidentielle.

Le seul alibi que Tebboune a trouvé pour justifier l’incompréhensible entêtement algérien à l’égard du Maroc, fut de redire à Al Jazeera que son pays a «fermé les frontières communes pour ne pas en arriver au pire», c’est-à-dire à la guerre, comme il l’avait déjà déclaré, fin décembre dernier, au quotidien français Le Figaro.

En affirmant que l’Algérie «n’est jamais entrée dans un seul conflit régional», qu’elle n’a «ni chamelle ni chameau» au Sahara atlantique, propos qu’il a chipés à Abdelaziz Bouteflika, Tebboune est rapidement retombé dans ses contradictions en reconnaissant que son pays «soutient et continuera de soutenir» les séparatistes du Polisario. Personne n’est dupe d’ailleurs, ni en Algérie ni ailleurs: l’hostilité à l’intégrité territoriale du Maroc est la première «cause nationale» du régime algérien et le «poste» qui siphonne le plus de financements au Trésor public.

Faisant sciemment l’aveugle devant le nombre toujours grandissant des pays qui reconnaissent la marocanité du Sahara, ou qui ont ouvert des consulats au Sahara marocain, il a encore cédé au mensonge en insinuant que tout cela c’est du «folklore», ajoutant que la fantomatique RASD est reconnue, selon les faux chiffres de Tebboune, par «74 pays»! Un proverbe marocain dit que «celui qui compte seul génère toujours de l’excédent».

Interpellé sur son soutien au président tunisien Kaïs Saïed, qui mène son pays vers le pire, Tebboune s’est plaint que la Tunisie soit victime d’un complot qui se trame actuellement contre elle et que «les choses se sont même aggravées depuis que Kaïs Saïed a accueilli Brahim Ghali», le chef du Polisario. En d’autres termes, Tebboune accuse non seulement le Maroc de comploter contre la Tunisie, mais d’être à l’origine de tous les problèmes de ce pays «au bord de l’effondrement», selon l’expression de trois dirigeants mondiaux: Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Antony Blinken, secrétaire d’État américain, et Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien. Tebboune crédite donc le Royaume du Maroc d’un immense pouvoir. C’est bon de connaître certaines certitudes du président algérien.

«Masseuse de hammam»

Ironie de l’histoire, en janvier 2017, et alors que Tebboune était encore ministre de l’Habitat, une passe d’armes violente l’a opposé à la journaliste Khadija Benghenna, celle-là même qui vient de l’interviewer à la Mouradia. Il l’avait insultée en lui souhaitant la mort suite à un post sur Facebook, écrit en 2014, et où on lit: «les prix du pétrole baissent, bye bye l’achat de la paix sociale en Algérie».

La journaliste a répondu à Tebboune via un post sur sa page Facebook, où elle l’a accusé de bassesse et l’a assimilé à une «masseuse de hammam», avant de lui rappeler qu’il est impliqué jusqu’au cou dans le scandale du siècle en Algérie, celui de «l’affaire Khalifa». Visiblement, la «masseuse de hammam» n’a rien perdu de sa superbe.

Par Mohammed Ould Boah
Le 24/03/2023 à 11h18