Échec et mat à Alger!

Mustapha Tossa.

ChroniqueÀ Alger règne un sentiment d’impasse. Le régime se met de grosses œillères pour ne pas voir cette nouvelle réalité politique où la diplomatie de Rabat brille de mille feux. C’est un véritable effet de balancier qui structure cette atmosphère: plus l’étoile marocaine brille, plus le régime algérien s’enfonce dans les échecs et les turpitudes.

Le 02/06/2025 à 16h00

Ce n’est plus une simple impression, mais une certitude: le régime algérien d’Abdelmadjid Tebboune traverse l’une des pires phases diplomatiques de son histoire. Il fait face à un isolement croissant, donnant l’image d’un pouvoir assiégé de toutes parts, presque relégué au rang de paria sur la scène internationale. Et ce revers n’a rien de fortuit: il découle directement des succès diplomatiques enchaînés par le Maroc. C’est un véritable effet de balancier qui s’installe: à mesure que l’étoile marocaine s’élève, le régime algérien s’enlise davantage dans l’échec et la confusion.

Le Maroc récolte aujourd’hui les fruits d’un engagement diplomatique de longue haleine, initié en 2007 avec la présentation à la communauté internationale de son initiative d’autonomie. Portée par une offre politique cohérente, un soutien national unanime et une diplomatie méthodique, cette proposition s’est traduite par une série de succès concrets. Le nombre croissant de pays reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara en atteste, rendant son succès difficilement contestable, et accentuant, en creux, l’isolement grandissant de son rival algérien.

Hier encore, le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité, acteur majeur du G7 et pilier du Commonwealth, a affirmé qu’il n’existe pas d’alternative crédible à l’initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine pour résoudre le conflit du Sahara. La veille, c’est le Kenya, acteur clé du continent africain et longtemps considéré comme un soutien historique des séparatistes, qui a franchi le pas en se ralliant à la position marocaine.

À Alger, c’est un sentiment d’impasse qui prédomine. Le régime militaire persiste à ignorer les nouvelles dynamiques politiques, refusant de voir l’éclat croissant de la diplomatie marocaine. Il s’enferme dans une logique de déni, façonnant une réalité parallèle fondée sur ses propres projections. À travers ses médias de propagande, il tente de construire un récit qui occulte délibérément les avancées diplomatiques du Maroc et rejette toute évolution contraire à sa vision.

«Pour fuir son propre effondrement, il pourrait être tenté de semer le chaos et d’embraser la région, dans une fuite en avant aux conséquences incalculables.»

—  Mustapha Tossa

La distorsion de la réalité est si manifeste dans les médias algériens que le mensonge et le déni en deviennent la véritable ligne éditoriale, et, plus largement, la ligne politique du régime.

Le résultat est sans appel: le pays tout entier se retrouve piégé dans une nasse de contre-vérités et de fake news. L’idéologie officielle repose désormais sur la négation des faits et l’ignorance délibérée des nouvelles dynamiques régionales et internationales.

Pour le système militaire algérien, se réveiller de cette obsession équivaut à se faire une sorte de hara-kiri politique. La survie du régime repose en grande partie sur sa capacité à rendre crédible la réalité parallèle qu’il construit, et dans laquelle il tente de maintenir les Algériens.

Aujourd’hui, c’est un véritable sentiment d’échec et mat qui domine à Alger. Le régime se retrouve dans une impasse stratégique: il ne peut poursuivre sa politique de dénégation sans aggraver son isolement régional et international, ni faire marche arrière sans se désavouer spectaculairement et devoir rendre des comptes sur cette implication longue, coûteuse et vaine dans l’aventure séparatiste désormais en déroute.

Dans les deux scénarios, une certaine accélération est identifiable. Continuer dans cette surenchère séparatiste au mépris des nouvelles équations diplomatiques de la région risque, à terme, d’aboutir à une confrontation militaire entre Alger et ses voisins.

Plus le régime s’entête dans le déni, plus il s’expose à une dérive dangereuse: celle de la politique de la terre brûlée. Pour fuir son propre effondrement, il pourrait être tenté de semer le chaos et d’embraser la région, dans une fuite en avant aux conséquences incalculables.

La seconde voie, bien qu’aspirable par tous, représente un coût politique immense pour le régime algérien. Pour Alger, cela reviendrait à hisser le drapeau blanc, à reconnaître l’échec de toute une stratégie fondée sur cinq décennies d’errance, d’hostilité obsessionnelle envers le Maroc et de choix irrationnels aux lourdes conséquences.

Pour l’heure, rien ne laisse présager un tel revirement. Du moins, pas sous l’actuelle direction incarnée par le duo Tebboune-Chengriha.

Dernièrement, le chef de l’armée, Saïd Chengriha, a évoqué la nécessité de respecter l’intégrité territoriale des pays voisins. Une déclaration qui, loin de concerner le Maroc — ce qui aurait constitué l’événement de l’année —, s’adressait clairement aux pays du Sahel. Des pays dont l’éloignement progressif contribue à renforcer l’isolement et l’encerclement diplomatique de l’Algérie.

Le sentiment d’échec et mat ressenti à Alger découle aussi de la nature des relations qu’entretient le régime avec son environnement régional et international. Rupture chronique avec le Maroc, tensions persistantes avec les pays du Sahel, défiance militaire envers la Libye, méfiance corrosive vis-à-vis de la Mauritanie, gel diplomatique avec le monde arabe, crise durable avec la France, perte de crédibilité auprès de la Russie, et position inconfortable face aux États-Unis: autant de fronts ouverts qui placent l’Algérie au bord du basculement vers un statut d’État voyou, dont l’influence régionale est perçue comme de plus en plus toxique, à l’image de régimes tels que ceux de l’Iran ou de la Corée du Nord.

Par Mustapha Tossa
Le 02/06/2025 à 16h00