Sahara: entre inculture et mauvaise foi, Sébastien Delogu, député LFI, relaie la propagande du régime d’Alger

Sébastien Delogu, député LFI des Bouches-du-Rhône, était invité le 30 juin 2025 sur le plateau de Canal Algérie.

Sébastien Delogu, député LFI des Bouches-du-Rhône, était invité le 30 juin 2025 sur le plateau de Canal Algérie.

Invité le 30 juin sur le plateau du média étatique «Canal Algérie», le député LFI Sébastien Delogu a littéralement servi la soupe au régime d’Alger, en énonçant des énormités, notamment en ce qui concerne le Sahara marocain.

Le 01/07/2025 à 14h44

Rien n’est trop beau pour plaire au pays dont il dit avec fierté et émotion avoir «embrassé le drapeau», même les mensonges les plus éhontés. Le 30 juin, le député français de La France insoumise s’est livré à une prise de parole lunaire sur le plateau de Canal Algérie, la télévision publique algérienne, dont la principale mission est de monter quotidiennement en boucle des sujets anti-Maroc.

C’est un Sébastien Delogu très ému d’être invité et accueilli de façon aussi «bienveillante» sur le plateau d’un média, qui a donné une tournure très personnelle à cet échange télévisé en expliquant s’être fait accompagner par sa mère d’origine algérienne lors de ce déplacement «familial et intime» à Alger et Oran, et ce afin de se recueillir sur la tombe de ses ancêtres.

Ses liens avec l’Algérie, le député des Bouches-du-Rhône, qui brigue la mairie de Marseille (et son important électoral algérien), ne s’en cache pas. N’embrassait-il pas, ceint de son écharpe tricolore, le drapeau algérien lors d’une manifestation pro-palestinienne qui s’est tenue à Marseille en juin 2024? Il a revendiqué ce geste avec fierté sur ce même plateau, sous les sourires encourageants de la présentatrice. Il est même allé jusqu’à attiser la discorde au sein de la société française, en décrétant que «le gouvernement français invective le peuple algérien et le méprise», épousant ainsi le discours officiel victimaire du régime d’Alger. Tout aussi amateur de théories du complot que le régime qui l’accueille sur son plateau télévisé, le député LFI va d’ailleurs jusqu’à qualifier la perquisition dont il a fait l’objet pour vol de documents en France d’acharnement judiciaire. Entre Sébastien Delogu et le régime qui l’a invité à s’exprimer sur sa chaîne, on partage décidément les mêmes éléments de langage.

Le Sahara, entre mensonges et contre-vérités

Outre son silence assourdissant concernant l’emprisonnement arbitraire de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné ce mardi en appel à 5 ans de prison ferme, et la condamnation le 30 juin à 7 ans de prison ferme de Christophe Gleizes, journaliste sportif français, pour «apologie du terrorisme» et «possession de publications nuisant à l’intérêt national», Sébastien Delogu va aller encore plus loin dans cet entretien. Il fera preuve d’une complaisance totale pour plaire au pays d’origine de sa mère.

Interrogé sans grande surprise sur la question du Sahara, le parlementaire ne va pas hésiter à relayer de fausses informations. «Le 26 février dernier, le conseil de la nation a acté chez nous la suspension immédiate des relations avec le Sénat de la République française après la visite jugée provocatrice et évidemment contraire à la légalité internationale de Gérard Larcher, président du Sénat français, à Laâyoune, territoire occupé non autonome du Sahara occidental», lui lance la présentatrice.

Sébastien Delogu répond à cette remarque en se disant «extrêmement déçu de la démarche du président du Sénat» et d’ajouter que «concernant ce dossier très épineux du Sahara occidental, je me place derrière la plus grosse entité politique, qui est donc l’ONU et l’ONU est en train de faire un processus de demande de référendum pour que l’autodétermination des peuples sur place puisse s’exprimer».

«Les actions des officiels français sont donc contraire à la légalité internationale?» s’empresse de demander la présentatrice «Parfois oui, abonde-t-il, on bafoue complètement le droit international».

Contrairement à ce que croit savoir Sébastien Delogu, son affirmation selon laquelle l’ONU chercherait à relancer le référendum au Sahara est fausse. En effet, toutes les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007 plaident en faveur d’une solution politique, pragmatique, donc consubstantielle à l’autonomie. Mieux, le député LFI devrait savoir que la dernière résolution 2756 du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, adoptée le 31 octobre 2024, a rendu hystérique le régime d’Alger, pourtant membre non-permanent du Conseil de sécurité, qui a refusé de prendre part au vote.

Un député qui se targue de reconnaître seulement l’autorité de l’ONU devrait savoir qu’il est extrêmement rare qu’un pays refuse de prendre part à un vote du Conseil de sécurité. Quand on n’est pas d’accord avec une résolution, on s’abstient de voter. C’est cela qui est commun.

Et puis, comment peut-il expliquer la dramaturgie (pour ne pas dire caca nerveux) du représentant du régime algérien, Amar Bendjama, si le Conseil de sécurité avait «demandé un référendum». Pour votre instruction M. Delogu, le mot référendum a disparu des résolutions du Conseil de sécurité depuis 2002. Il n’y a guère que le régime d’Alger, habitué du déni et des mensonges en direction d’une population qu’il pense avoir réussi à lobotomiser, qui continue à évoquer cette chimère.

Ainsi, contrairement à ce que prône le régime d’Alger, le débat se concentre aujourd’hui sur la seule option viable et réaliste: l’autonomie comme unique solution au conflit. Il n’existe pas d’alternative à l’autonomie.

Qui ne dit mot consent…

Ce qu’il est tout aussi intéressant de relever dans cet échange hors sol, c’est l’absence de mention de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara par la France depuis le 30 juillet 2024. On incrimine volontiers Gérard Larcher, mais en aucun cas on ne mentionne le président Emmanuel Macron et sa décision historique. Comment le pourrait-on sans mettre dans l’embarras Abdelmadjid Tebboune, le locataire de la Mouradia, qui après des mois de tension entre Alger et Paris suite à cette reconnaissance française du Sahara marocain, cherche éperdument à se rabibocher avec le président français.

On aura compris en visionnant cette interview que Sébastien Delogu est un pur produit du régime d’Alger. Cherchant sans doute à plaire à la nombreuse diaspora algérienne qui vit à Marseille, il s’exprime comme la junte au pouvoir en Algérie. Mais son excès de zèle n’est pas sans risque. D’une part, parce que même s’ils ne sont pas en nombre comparables à la diaspora algérienne à Marseille, les Marocains considèrent que le Sahara occidental est un sujet existentiel. Et parmi la diaspora algérienne, il y a de nombreuses personnes, dont les Kabyles, qui ne donneront pas leur vote à un député obséquieux d’un régime dirigé par des gérontes dont les grilles de lecture datent d’avant la chute du mur de Berlin.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 01/07/2025 à 14h44