Nouvelle stratégie de l’Office des changes: l’essentiel des actions à mettre en œuvre

Une rencontre s’est tenue mardi 1er juillet 2025 au siège de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) à Casablanca pour la présentation de la nouvelle stratégie de l’Office des changes.

L’Office des changes s’est forgé une nouvelle feuille de route stratégique pour la période 2025-2029. Une stratégie ambitieuse qui s’inscrit dans une dynamique de réforme profonde, autour de six axes prioritaires destinés à adapter l’action de l’institution aux exigences économiques, technologiques et réglementaires de demain. Voici l’essentiel des actions que l’institution compte mettre en œuvre.

Le 03/07/2025 à 15h28

L’Office des changes s’est doté d’une nouvelle stratégie couvrant la période 2025-2029. À travers cette feuille de route, l’institution ambitionne de moderniser son cadre réglementaire, renforcer les mécanismes de supervision, améliorer la qualité de sa production statistique, réinventer sa relation avec les usagers, digitaliser ses services et consolider une gouvernance durable, indique Driss Benchikh, directeur de l’Office, lors d’une rencontre, tenue mardi au siège de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) pour la présentation de cette stratégie.

Révision de l’IGOC, mise à jour du dispositif ex-MRE, veille réglementaire

La simplification et la modernisation du cadre réglementaire sont au cœur de cette nouvelle orientation, note-t-il. Objectif affiché: rendre la réglementation des changes plus lisible et adaptée aux besoins des entreprises et des investisseurs. Parmi les mesures phares, révèle-t-il, la révision de l’Instruction générale des opérations de change (IGOC) attendue en 2026, ainsi qu’une mise à jour du dispositif ex-MRE pour mieux répondre aux attentes des Marocains résidant à l’étranger.

L’Office entend également accompagner la réforme du régime de change vers plus de flexibilité, en renforçant la formation des opérateurs économiques et en élargissant les instruments de couverture contre le risque de change. Un système renforcé de veille réglementaire permettra, par ailleurs, d’anticiper les mutations économiques à l’échelle internationale.

L’Office se met à l’Intelligence artificielle

Le deuxième pilier de cette stratégie a pour objet de repenser en profondeur les mécanismes de contrôle des flux financiers. Pour ce faire, l’institution prévoit de mettre en place un système de supervision intelligent, articulé autour d’une analyse fine et dynamique des risques.

Ce dispositif reposera sur l’élaboration d’une cartographie sectorielle des vulnérabilités, l’exploitation de bases de données nationales et internationales, ainsi que sur l’utilisation d’outils technologiques de pointe, notamment l’Intelligence artificielle, pour affiner le ciblage des opérations suspectes.

L’objectif est de passer d’un modèle classique et réactif de contrôle à un système proactif, sélectif et capable d’intervenir en amont sur les zones sensibles, tout en assurant une transversalité des fonctions d’analyse, de supervision et de suivi.

Encadrement des cryptoactifs et lutte contre le blanchiment

Dans ce cadre, l’Office accorde une attention particulière aux nouveaux enjeux du secteur financier, notamment les cryptoactifs, dont la régulation devient cruciale face à leur expansion rapide et aux risques qu’ils peuvent représenter en matière de fraude, de blanchiment ou de fuite de capitaux, souligne Driss Benchikh. De même, la digitalisation croissante des paiements et l’internationalisation des échanges appellent une adaptation continue des dispositifs de surveillance, selon les responsables de l’Office.

L’Office prévoit ainsi de renforcer ses partenariats institutionnels pour intégrer les meilleures pratiques internationales en matière de supervision. En parallèle, le dispositif de Lutte contre le Blanchiment des capitaux et le Financement du terrorisme (LBC/FT) sera consolidé, via le perfectionnement des outils internes, la formation des sociétés de change et la mise en place de solutions technologiques de suivi.

Par ailleurs, le traitement des contentieux sera modernisé grâce au déploiement de la plateforme numérique «OC-Recouv», en partenariat avec l’Administration des douanes, et à l’actualisation de la charte du contentieux, qui inclura un nouveau barème d’amendes dans une logique de clarté, de dissuasion et de sécurité juridique. Ces évolutions permettront d’asseoir un contrôle plus agile, crédible et adapté aux réalités d’une économie ouverte et numérique, note l’Office.

Automatisation des échanges de données, dématérialisation accrue des déclarations

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, l’Office des changes engage une modernisation profonde de l’ensemble de sa chaîne statistique (troisième pilier): de la collecte à la diffusion, en passant par le traitement et la sécurisation des informations. Cette transformation repose sur l’automatisation des échanges de données, notamment avec les établissements bancaires, la dématérialisation accrue des déclarations, la refonte du système de télédéclaration, ainsi que l’exploitation plus poussée des technologies numériques.

Cette démarche s’inscrit dans une volonté d’alignement sur les normes et standards internationaux en vigueur, notamment les recommandations du Manuel de la balance des paiements et de la position extérieure globale (MBP7) du FMI, ainsi que la Définition de référence sur les investissements directs internationaux (DRIDI).

Une offre éditoriale riche et accessible

En parallèle, l’Office des changes prévoit de développer une offre éditoriale riche et accessible, dans une logique d’ouverture maîtrisée des données, selon ses responsables. Il proposera des bulletins statistiques interactifs, des tableaux de bord thématiques ou sectoriels, des statistiques régionales et des études approfondies sur les échanges extérieurs et les flux financiers. Ces supports seront diffusés à travers un portail digital modernisé, doté d’outils d’exploration intuitifs.

Vers 90% des dépôts en ligne d’ici 2029

L’Office des changes veut également placer l’usager au centre de sa stratégie (quatrième pilier). Cette orientation se traduira par la simplification des démarches, la fluidification des interactions et la personnalisation des services. Ainsi, à l’horizon 2029, il ambitionne de digitaliser 90% des dépôts, réduisant ainsi la dépendance aux processus physiques et raccourcissant les délais de traitement. Parmi les innovations prévues figurent la création d’un guichet permanent spécialement dédié aux MRE et la mise en place d’une plateforme centralisée de prise de rendez-vous.

Il lancera également une nouvelle stratégie de communication pour répondre aux besoins d’une audience diversifiée. L’Office prévoit de lancer un nouveau portail internet intégrant des contenus pédagogiques interactifs pour mieux vulgariser les démarches administratives et les réglementations en vigueur, avec des guides pratiques, des tutoriels vidéo, des FAQ (foire aux questions) dynamiques, des simulateurs.

En parallèle, des campagnes de sensibilisation et de proximité seront menées à travers les représentations diplomatiques, les universités, les institutions bancaires et les associations professionnelles, afin d’élargir la portée de l’information.

L’Office prévoit également d’exploiter les capacités de l’intelligence artificielle pour renforcer l’interactivité de ses services: assistants virtuels, chatbots intelligents, recommandations personnalisées...

Accélération de la digitalisation et sécurisation des systèmes

Le cinquième pilier de la nouvelle stratégie de l’Office porte sur la transformation digitale. Pour ce faire, il mettra en place un Système de management de la sécurité des systèmes d’information (SMSI), aligné sur les standards internationaux. En parallèle, une ouverture progressive vers les technologies Cloud est prévue pour l’hébergement des services non sensibles.

Ce chantier de transformation numérique sera soutenu par une modernisation ciblée des systèmes d’information métiers, notamment ceux liés aux ressources humaines, aux achats et aux finances.

Réorganisation des structures internes

Dernier pilier de la stratégie 2025-2029 de l’Office des changes: la consolidation d’une gouvernance interne moderne, responsable et tournée vers la performance durable. À ce titre, une réorganisation des structures internes est prévue, avec une meilleure clarification des rôles, une rationalisation des processus décisionnels et une coordination renforcée entre les différents services. Les comités stratégiques spécialisés seront repensés pour gagner en efficacité opérationnelle, en capacité d’orientation et en agilité dans la prise de décision.

Par ailleurs, un mode de gestion spécifique sera adopté pour le Centre international de conférences et d’expositions (CICEC), avec pour objectif d’en optimiser la rentabilité, de renforcer sa vocation institutionnelle et d’en faire un levier de rayonnement et de dialogue économique aux niveaux national et international.

Valorisation du capital humain et développement durable

Cette nouvelle gouvernance s’accompagnera d’un engagement fort en faveur de la valorisation du capital humain. L’Office prévoit ainsi de mettre en œuvre une nouvelle politique statutaire plus motivante et équitable, soutenue par un plan de formation individualisé adapté aux besoins de chaque métier et à l’évolution des compétences.

Il procèdera également à la modernisation des infrastructures, le réaménagement des espaces professionnels, la mise en place d’un portail collaboratif interne favorisant la communication transversale.

Enfin, l’Office ancrera progressivement des pratiques de développement durable dans l’ensemble de ses processus de gestion. Il introduira des critères environnementaux dans ses appels d’offres, rationalisera sa consommation énergétique et mènera des campagnes de sensibilisation régulières auprès de son personnel.

Par Lahcen Oudoud
Le 03/07/2025 à 15h28