Maroc-Tchéquie: un partenariat stratégique pour capter l’eau de l’air et renforcer la résilience hydrique

Samir Rachidi, directeur général d’IRESEN, et Ladislav Škeřík, ambassadeur de la république tchèque au Maroc, lors de la cérémonie de signature de l’accord à Rabat.

L’IRESEN et l’ambassade de la République tchèque lancent un projet pilote de génération d’eau atmosphérique dans les zones reculées du Maroc. Un modèle de coopération verte qui conjugue innovation, durabilité et sécurité hydrique.

Le 02/07/2025 à 19h57

Face à l’aggravation du stress hydrique et à l’accélération du changement climatique, le Maroc multiplie les solutions pour renforcer sa souveraineté en eau. Dernière initiative en date: un partenariat stratégique entre l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) et l’ambassade de la République tchèque, officialisé à Rabat pour expérimenter des technologies avancées de production d’eau à partir de l’humidité de l’air dans des zones arides du pays.

Ce projet, financé par le programme CzechAid du ministère tchèque des Affaires étrangères, prévoit l’installation de deux unités pilotes de génération d’eau atmosphérique (Atmospheric Water Generation–AWG), indique l’IRESEN dans un communiqué daté du 2 juillet 2025.

Il s’agit d’un système conçu pour capter l’humidité ambiante et la transformer en eau potable, de manière autonome et à faible émission carbone.

Une technologie propre, mobile et décentralisée

Les unités AWG déployées sont des systèmes portables brevetés appelés Emergency Water from Air (EWA), développés par le Centre universitaire pour les bâtiments à haute efficacité énergétique (UCEEB) de l’Université technique tchèque de Prague et fabriqués par KARBOX s.r.o., société du groupe industriel Czechoslovak Group (CSG). L’intégration et la livraison des équipements seront assurées par Czechoslovak Export a.s., acteur de référence en ingénierie export.

Conçus pour fonctionner dans des conditions climatiques extrêmes, ces générateurs peuvent produire de l’eau potable sans avoir recours à un réseau d’eau traditionnel, à des infrastructures lourdes ou à des sources d’énergie fossile. L’approche est modulaire, décentralisée, résiliente, et répond aux exigences de durabilité environnementale fixées par les politiques marocaines en matière de climat et de ressources naturelles.

Un projet ancré dans les priorités du Maroc

Ce partenariat technologique s’inscrit pleinement dans les orientations du Nouveau modèle de développement du Maroc, qui place la sécurité hydrique, la transition énergétique et l’innovation verte au cœur de sa stratégie d’adaptation climatique. Il vise aussi à créer un pont durable entre recherche, coopération scientifique et impact social, en apportant des solutions concrètes à des communautés touchées par le stress hydrique.

«Ce partenariat représente bien plus qu’un simple déploiement technologique pilote. Il incarne une vision partagée entre le Maroc et la république tchèque: faire de la science et de l’innovation de véritables leviers de développement durable et inclusif», a déclaré Samir Rachidi, directeur général d’IRESEN.

Une phase d’évaluation de deux ans

La cérémonie de signature de l’accord s’est tenue au siège d’IRESEN, en présence de S.E. Ladislav Škeřík, ambassadeur de la république tchèque au Maroc. Le diplomate a mis en avant le caractère transformateur du projet, notamment pour les régions reculées:

«Nous sommes fiers de soutenir ce projet à fort impact, qui rassemble l’innovation tchèque et l’expertise marocaine au service des populations et de la planète. C’est un exemple fort de coopération au développement tchèque à l’œuvre, apportant des solutions concrètes et durables grâce à des partenariats locaux de confiance».

Les deux unités pilotes seront installées au quatrième trimestre 2025, et une phase d’évaluation de deux ans permettra de tester leur performance dans différents contextes climatiques marocains. L’objectif est double: valider la fiabilité de la technologie et évaluer sa capacité de réplicabilité à grande échelle dans des zones désertiques, rurales ou post-crise.

Par Lahcen Oudoud
Le 02/07/2025 à 19h57