Maroc-Israël: pourquoi un accord de libre-échange est indispensable

Les drapeaux israélien et marocain, lors d'une cérémonie officielle à Tel-Aviv, le 13 septembre 2022.. AFP or licensors

La signature d’un accord de libre-échange entre le Maroc et Israël est envisagée comme le prochain levier majeur de la relation économique entre les deux pays. Un tel mécanisme ne peut que stimuler les échanges commerciaux, catalyser l’innovation et attirer les investissements. Explication.

Le 19/06/2023 à 17h00

Un accord de libre-échange (ALE) entre Rabat et Tel-Aviv est très attendu par les opérateurs économiques des deux pays. Selon Yehuda Lancry, président de la Chambre de commerce Israël-Maroc, un tel partenariat doperait davantage les échanges commerciaux et constituerait un véritable catalyseur économique pour les deux pays.

Et des secteurs clés, comme l’agriculture, l’industrie, les services et la technologie, seront les premiers à bénéficier de ses dispositions. «Le Maroc, avec sa richesse en ressources naturelles et sa position stratégique en tant que porte d’entrée vers l’Afrique, offre à Israël des opportunités considérables. De même, Israël, reconnu pour ses avancées technologiques, pourrait devenir un partenaire important pour le Royaume», explique Yehuda Lancry.

Impact sur les investissements

L’exemple de Carasso Group, partenaire historique de Renault en Israël, qui voulait importer directement 5.000 véhicules de l’usine Renault au Maroc, illustre bien l’importance d’un tel accord. «Un ALE aurait permis à cette entreprise de réaliser, par exemple, une marge de 7% sur cette transaction de 50 millions d’euros», précise Lancry.

En l’absence d’un tel accord, ce type de transactions s’avère plus complexe, et les échanges commerciaux entre les deux pays s’en retrouvent ralentis. À l’opposé, un ALE changerait la donne, encourageant davantage d’investisseurs israéliens à s’impliquer au Maroc et renforçant les liens économiques et commerciaux entre les deux pays, souligne le président de la Chambre de commerce Israël-Maroc.

Shai Cohen, chef du bureau de liaison de Tel-Aviv à Rabat, abonde dans le même sens. Lors d’une récente rencontre avec les médias marocains, le diplomate avait estimé que l’adoption d’un tel mécanisme permettrait d’atteindre un volume d’échanges d’un milliard de dollars par an d’ici deux à trois ans. «En éliminant les barrières commerciales et en facilitant les transactions, nous pouvons ouvrir de nouvelles perspectives de coopération et de croissance économique. Un ALE serait bénéfique autant pour Israël que pour le Royaume, favorisant l’émergence de partenariats solides et durables», avait-il argumenté.

Des chiffres encourageants, même sans ALE

Dans l’état actuel des choses, et malgré l’absence d’un ALE, les échanges commerciaux entre le Maroc et Israël connaissent un véritable boom. En 2022, leur valeur s’est élevée à environ 180 millions de dollars, soit une augmentation de 160% par rapport au volume des échanges entre les deux pays en 2020. Et contrairement à une idée reçue, la balance penche plutôt du côté marocain.

Ainsi, le total des exportations israéliennes vers le Maroc était d’environ 40 millions, portant principalement sur les produits chimiques (43%), les machines (19%) et les produits de transport (15%). Le Maroc a, de son côté, exporté vers Israël en 2022 un total de 140 millions de dollars, notamment des produits textiles (59%), des produits frais et des produits alimentaires (36%).

Par Hajar Kharroubi
Le 19/06/2023 à 17h00