L’intensification des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, marquée par l’instauration de nouveaux droits de douane américains, a provoqué une perturbation significative du commerce maritime mondial.
La baisse brutale de la demande a entraîné l’annulation de plus d’une centaine de traversées maritimes, en particulier entre ces deux puissances économiques.
Face à cette situation, certains armateurs ont réorienté leurs itinéraires vers d’autres régions afin de limiter les surcoûts douaniers, indique le quotidien Les Inspirations Éco.
Dans ce contexte, les ports marocains, notamment Tanger Med et Casablanca, connaissent une activité soutenue.
Tanger Med opère actuellement à pleine capacité, tandis que Casablanca doit absorber une part croissante du trafic.
Cette situation illustre l’attractivité croissante du Maroc sur la scène logistique internationale, mais aussi les limites d’un système soumis à une pression accrue, écrit-on.
Depuis la crise de la Covid-19, le Maroc a renforcé sa position dans les échanges maritimes mondiaux.
Le pays est désormais considéré comme un hub stratégique de transbordement et de réexportation, notamment en raison de la compétitivité de ses coûts logistiques.
Cité par le quotidien, Najib Cherfaoui, expert maritime, souligne que les perturbations commerciales et géopolitiques récentes ont accentué cette dynamique.
La situation en mer Rouge, en particulier, a poussé plusieurs armateurs à rediriger leurs flux vers les ports marocains.
L’émergence de nouvelles alliances, comme Gemini (Maersk et Hapag-Lloyd), a également contribué à une redéfinition des routes maritimes mondiales, au profit du Maroc.
Cette croissance rapide s’accompagne de contraintes. Tanger Med atteint ses limites de capacité, forçant les opérateurs à se tourner vers le port de Casablanca.
Ce dernier n’était pas initialement dimensionné pour un tel volume de transbordement.
Mohamed El Jaouadi, président de l’Association des armateurs du Maroc (ARMA), indique au quotidien que cette surcharge concerne particulièrement les flux en direction de l’Afrique de l’Ouest et des États-Unis, en plus de la hausse du trafic domestique, stimulée par les projets industriels et commerciaux.
Plusieurs facteurs aggravent la congestion actuelle: la baisse de productivité durant le mois de Ramadan, des fermetures prolongées dues aux intempéries (près de 18 jours), et une augmentation des importations liées aux grands chantiers nationaux, écrit-on encore.
Les retards s’accumulent, entraînant une hausse des coûts logistiques. Par exemple, l’immobilisation d’un navire transportant 50.000 tonnes de blé pendant 20 jours, peut occasionner des pertes estimées à 800.000 dollars, selon El Jaouadi.
À court terme, les marges de manœuvre restent limitées. Les infrastructures existantes sont proches de la saturation.
El Jaouadi plaide pour des investissements urgents dans les outils de manutention, ainsi qu’une amélioration de la productivité et des procédures administratives, notamment les contrôles douaniers et sanitaires.
À moyen terme, l’ouverture du port de Dakhla pourrait alléger cette pression. Des propositions émergent également, pour réaménager le port de Mohammedia.