La pauvreté recule, les disparités persistent

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Revue de presseAlors que la pauvreté multidimensionnelle a fortement reculé au Maroc au cours de la dernière décennie, passant de 11,9% à 6,8% de la population, de profondes inégalités territoriales persistent. Une nouvelle étude du Haut-Commissariat au Plan met en lumière les avancées globales tout en soulignant la vulnérabilité persistante du monde rural, où se concentre encore l’essentiel des privations. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 22/05/2025 à 21h45

Entre 2014 et 2024, la pauvreté multidimensionnelle a significativement diminué au Maroc, selon une récente étude du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Toutefois, ce progrès reste marqué par d’importantes inégalités territoriales, le phénomène continuant de toucher principalement les zones rurales, écrit le magazine Challenge.

À l’échelle nationale, la proportion de la population en situation de pauvreté est passée de 11,9% à 6,8%, soit une baisse de près de 5 points. En chiffres absolus, cela représente une réduction de près de 4 millions à 2,5 millions de personnes concernées, selon les données issues de l’étude intitulée «Cartographie de la pauvreté multidimensionnelle: paysage territorial et dynamique».

L’intensité de la pauvreté, calculée sur la base des privations moyennes subies par les pauvres, a également légèrement reculé, passant de 38,1% à 36,7%. En combinant cette baisse à celle du taux de pauvreté, l’indice de pauvreté multidimensionnelle a presque été divisé par deux sur la décennie, passant de 4,5% à 2,5%, lit-on.

Le HCP a privilégié cette approche multidimensionnelle car elle permet une lecture plus complète de la réalité sociale que la seule mesure monétaire de la pauvreté. En effet, cette dernière se limite à l’analyse des dépenses des ménages et ignore des aspects essentiels comme l’accès à l’éducation, aux soins de santé, au logement ou aux services de base. L’approche multidimensionnelle, elle, s’appuie sur trois dimensions fondamentales – éducation, santé, et conditions de vie – toutes pondérées de manière équivalente.

L’étude révèle néanmoins que les écarts territoriaux restent préoccupants. En 2024, près de 72% des personnes pauvres résident encore en milieu rural, contre 79% en 2014. Bien que le taux de pauvreté rurale ait reculé de 23,6% à 13,1%, il demeure largement supérieur à celui des zones urbaines, resté stable autour de 3%.

Le taux de vulnérabilité – c’est-à-dire la proportion de la population exposée à des privations modérées (entre 20% et 33% des indicateurs retenus) – a lui aussi baissé, de 11,7% à 8,1%. Ce recul laisse toutefois subsister une population vulnérable de près de trois millions de personnes, dont 82% vivent en milieu rural, soulignant un risque de rechute élevé, lit-on encore.

Toutes les régions du Royaume ont enregistré une amélioration au cours de la décennie. Les plus fortes baisses ont été observées dans les zones historiquement les plus touchées: Marrakech-Safi (-7,9 points), Béni Mellal-Khénifra (-7,5), Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (-6,8) et Drâa-Tafilalet (-6,7). En revanche, les régions du Sud et les grandes métropoles comme Casablanca-Settat (-2,4) ou Rabat-Salé-Kénitra (-3,4) ont connu des progrès plus modestes, les niveaux de pauvreté y étant déjà relativement faibles en 2014.

Par Nabil Ouzzane
Le 22/05/2025 à 21h45