E-commerce: comment le Maroc muscle sa feuille de route pour structurer et dynamiser le secteur

Un terminal de paiement électronique (TPE).. LDProd

Renforcement du cadre légal, montée en compétences des commerçants, accompagnement des startups, développement de plateformes numériques… le Maroc met le paquet pour structurer et dynamiser davantage le e-commerce. Déjà en pleine expansion, le secteur est ainsi promis à un bel avenir, porté notamment par un taux de pénétration d’Internet très élevé et l’émergence d’une génération de consommateurs digitalisés.

Le 22/06/2025 à 08h59

Le commerce électronique a le vent en poupe. Selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, le volume du e-commerce a atteint 22 milliards de dirhams en 2023, avec une croissance moyenne annuelle supérieure à 30% sur une période de cinq ans.

Cette dynamique se poursuit. D’après Statista, portail mondial de statistiques et de données de marché, le e-commerce au Maroc devrait évoluer à un rythme de 10,5% entre 2024 et 2029 pour atteindre un chiffre d’affaires de 2,6 milliards de dollars en 2029, soit près de 24 milliards de dirhams.

Électronique, mode, beauté, alimentation, ameublement…

Le nombre d’utilisateurs du e-commerce au Maroc devrait passer de 7,44 millions en 2024 à 9,94 millions en 2029. Le taux de pénétration atteindrait alors 25,41%, contre 20,91% cette année. Selon Statista, le Maroc figure parmi les leaders africains du secteur, porté par une croissance continue.

Statista souligne la forte croissance du segment de l’électronique grand public dans le e-commerce. D’autres segments sont en forte progression, selon les opérateurs du secteur. Il s’agit notamment de la mode, la beauté, l’alimentation, l’ameublement.

Une feuille de route se met en place

Cette dynamique du e-commerce s’explique par plusieurs facteurs, selon le ministère. D’abord, un taux de pénétration d’Internet estimé à 109,2% en 2024. Ensuite, l’émergence d’une génération de consommateurs connectés. Enfin, la diversification des offres logistiques a largement contribué à soutenir cette croissance.

Pour accompagner la montée en puissance du e-commerce, le ministère du Commerce déploie une série d’initiatives. Objectif: structurer un secteur devenu stratégique pour la compétitivité et l’inclusion économique.

Un cadre juridique en modernisation

Une réforme majeure est en cours. Le projet de loi modifiant la loi n°31.08 sur la protection du consommateur est actuellement au Secrétariat général du gouvernement. Il introduira une définition claire des plateformes en ligne et précisera les responsabilités des acteurs du e-commerce. L’ambition: renforcer la transparence et la confiance dans les transactions numériques.

Former pour mieux vendre

Des conventions ont été signées avec des leaders du secteur pour former les commerçants au marketing digital. À ce jour, plus de 4.500 commerçants marocains ont rejoint les principales plateformes numériques. Un partenariat avec Mediam Group, représentant de Google Ads, vise à renforcer la visibilité des TPE en ligne.

Une étude pour mieux piloter

Le ministère prépare une étude nationale sur le commerce électronique. Elle permettra d’identifier les leviers de croissance, les freins structurels et les perspectives d’industrialisation numérique.

Startups et digitalisation du commerce de proximité

Le programme Moroccan Retail Tech Builder, porté avec l’UM6P et la Fondation OCP, accompagne déjà 161 startups, au-delà des prévisions initiales. Une nouvelle phase est en préparation pour 2025-2027. Parallèlement, un partenariat signé avec Attijariwafa Bank facilite l’accès des commerçants de proximité aux services financiers numériques, notamment au paiement digital.

Cap sur la transformation numérique

Un accord signé en avril 2025 avec le ministère de la Transition numérique prévoit une série de mesures pour digitaliser les commerçants. Le projet Trade.ma, plateforme B2B d’export, est l’un des piliers de cette stratégie. Il vise à connecter les entreprises marocaines aux marchés internationaux.

Développée par l’UM6P, cette plateforme vise à simplifier la mise en relation commerciale, à promouvoir les produits nationaux à l’international, et renforcer la présence du «Made in Morocco» dans les chaînes de valeur mondiales.

Le projet est porté par une convention intergouvernementale mobilisant pas moins de cinq ministères, en partenariat avec la Fondation OCP.

Vers un saut qualitatif pour l’économie nationale

Avec l’ensemble de ces dispositifs, le Maroc affirme sa volonté de moderniser son tissu commercial, d’encourager l’innovation numérique et de garantir une croissance inclusive portée par la digitalisation.

Dans un pays où plus de 80% de la population utilise l’Internet et où le commerce électronique connaît une croissance annuelle à deux chiffres, ces initiatives pourraient permettre un saut qualitatif pour l’économie nationale.

Par Lahcen Oudoud
Le 22/06/2025 à 08h59